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DOSSIER - Enfant à haut potentiel, un jeune journaliste témoigne sur son parcours de « Funambule »


le Dimanche 26 Février 2023 à 19:15

Du fait de son intelligence différente, Sébastien Bossi-Croci a expérimenté de nombreuses difficultés dans sa scolarité. Avec la volonté d’aider les autres HPI à voir que cette spécificité peut être une vraie chance, ce jeune homme de 29 ans a sorti un livre il y a quelques années pour raconter son parcours.



Sébastien Bossi-Croci
Sébastien Bossi-Croci
Si certaines personnes à Haut Potentiel Intellectuel n’éprouveront jamais aucune difficulté du fait de leur différence, le parcours pourra s’avérer bien plus compliqué pour d’autres. Ce fût le cas de Sébastien Bossi-Croci. Ce jeune homme de 29 ans, aujourd’hui journaliste, publiait en 2015 un livre, Funambule, mon parcours d’enfant à haut potentiel, pour raconter ce qu’il a pu expérimenter lors de sa scolarité.
 
« En CE2, ma maitresse a estimé qu’il y avait un décalage entre certains moments où j’étais performant, et d’autres où je l’étais moins. En même temps, il y avait un décalage entre la maison où ma mère éprouvait des difficultés à me gérer, et l’école où ce n’était pas le cas. Quand les deux environnements se sont mis à discuter, la maitresse, qui était à mon avis en avance sur son temps, a dit qu’il faudrait me faire tester car elle pensait que je pouvais être précoce, comme on disait à l’époque », se souvient-il. Les tests ne tarderont pas à confirmer l’intuition de l’enseignante, qui s’astreindra par la suite à mettre en place des groupes de niveaux lors de cette année scolaire, permettant à Sébastien Bossi-Croci de bien gérer l’école. « En CM1, c’était plus compliqué car la classe avait changé », poursuit le jeune homme, « Je m’ennuyais énormément et cela se ressentait sur ma motivation scolaire. Il a été décidé que je passe directement au CM2 à la fin du deuxième trimestre, ce qui m’a conféré un an d’avance. Du coup, je suis rentré en 6ème à 10 ans. Là où tout s’est un peu corsé, c’est en 5ème, où assez vite j’ai eu beaucoup de crises d’angoisse qui rendaient très compliqué le fait d’aller à l’école. Avec le recul, je pense qu’elles traduisaient le fait que je ne me sentais pas à ma place ou que j’étais en décalage sur certains aspects. Elles ont été le premier gros symptôme du fait que cela n’allait pas. Ces crises d’angoisse intervenaient aussi chez moi ou quand je faisais des activités de loisir ».

Des centres d'intérêt différents des autres enfants

Face à ces crises qui se multiplient et le laissent prostré, il est décidé de l’hospitaliser dans un centre neurologique lyonnais. « Le but était de voir si cela permettait de mettre le doigt sur quelque chose qui n’allait pas », confie-t-il. Ce premier séjour ne l’aidera pas vraiment. Sébastien Bossi-Croci rentrera chez lui toujours autant angoissé. S’en suivra une seconde hospitalisation où il subira une batterie d’examens pour vérifier s’il ne souffre pas notamment d’un dérèglement hormonal. Mais là-aussi, les tests s’avéreront tout à fait normaux. Il commence alors à être suivi par un psychanalyste qui connaissait bien le sujet de la précocité intellectuelle, et doit en parallèle prendre un traitement médicamenteux au quotidien pour soulager un peu son angoisse.

« Mais on sentait bien que dans le collège où j’étais, cela n’irait pas forcément mieux. À la fin de l’année, on a donc décidé qu’on allait tenter de me mettre dans un établissement avec des personnels formés à la précocité intellectuelle pour voir si cela se passe mieux », raconte-t-il. Quelques semaines plus tard, il intègre donc un collège avec parcours spécifique en Ardèche, en internat. « Et là, c’est vrai qu’assez vite tout allait beaucoup mieux », reconnait le jeune homme. « Mais je pense que c’est tout ce qui a été mis en place, aussi bien les séances de psychanalyse, que le traitement médicamenteux, que le fait d’être dans un environnement plus serein qui a contribué à ce que j’aille mieux », précise-t-il en dévoilant encore : « Du fait de la précocité, il y a parfois des écarts de maturité, de mentalité, de centres d’intérêt avec les autres enfants. J’imagine que c’est quelque chose qui m’a été désagréable et que ma manière de réagir à cela a été de faire des crises d’angoisse. Et je pense qu’une fois dans un établissement spécialisé, j’étais entouré d’enfants qui avaient plus souvent les mêmes centres d’intérêt que moi, et des professeurs qui avaient une méthode d’enseignement qui me convenait davantage  ». 

" Une chance incroyable "

Dans cet établissement où les élèves sont poussés à développer leurs centres d’intérêt, Sébastien Bossi-Croci peut assouvir sa curiosité insatiable sans jugement, notamment vis-à-vis de l’actualité. « J’avais la passion de comprendre les choses et que l’on réponde à mes questions », livre-t-il. Dès lors, il nourrit le désir de devenir journaliste. Un rêve qu’il réalisera quelques années plus tard en créant trois entreprises dans le milieu des médias et de la communication avec des associés. De quoi lui laisser ainsi plus de latitude au quotidien. « Cela me laisse la chance de faire ce que je veux. Globalement, même si j’ai des clients, cela me laisse aussi beaucoup de liberté, la capacité d’être responsable de mes décisions », indique-t-il. 
 
Malgré ce parcours parfois compliqué, Sébastien Bossi-Croci veut retenir qu’être à haut potentiel est avant tout une chance. « J’ai beaucoup souffert quand j’étais plus jeune, mais je ne changerai cela pour rien au monde. Cela me laisse la liberté aujourd’hui de faire des choses qui me plaisent, d’avoir fait des tas de trucs que je n’aurais pas fait sinon », sourit-il. « C’est une chance incroyable et c’est aussi pour cela que j’ai écrit ce livre. C’est pour faire comprendre aux parents que l’on ne diagnostique pas une maladie quand on dit que leur enfant est à haut potentiel. On détecte chez lui une différence dans son mode de fonctionnement, mais ce n’est pas grave. Peut-être qu’il y aura des moments où cela pourra être plus compliqué, mais à la fin on voit que c’est une chance », reprend-il. Comme un clin d’œil au destin, cet ouvrage, le jeune homme a décidé de lui donner un titre très symbolique et inspirant. « Je pense que pour être heureux il faut trouver un équilibre. Ce que le livre raconte c’est comment moi je l’ai trouvé », glisse-t-il.