Covid-19 en Corse : "le tsunami annoncé, on le constate aujourd'hui"

La crainte de Marie-Hélène Lecenne semble en passe de devenir réalité. Il y a une dizaine de jours, la directrice de l’Agence Régionale de Santé de Corse avait prédit une aggravation significative de la situation sanitaire pendant les fêtes de fin d’année. Aujourd’hui, force est de constater que les chiffres sont inquiétants.
 
Sur les sept derniers jours, le taux d’incidence pour la Corse, arrêté au 24 décembre, est de 932 pour 100 000 habitants. Avec un écart entre la Corse-du-Sud (1003), et la Haute-Corse (868). Le 14 décembre dernier, jour de l’alerte lancée par la directrice de l’ARS, l’île comptait 630 cas pour 100 000 habitants (580 en Corse-du-Sud, 675 en Haute-Corse). Marie-Hélène Lecenne parlait alors déjà d’ « explosion virale ». Celle-ci se confirme. « Le tsunami annoncé, hélas, on le constate aujourd’hui », commente Philippe Mortel.

Le directeur de cabinet de l’ARS relève dans les récents chiffres, deux éléments « particulièrement significatifs ». En premier lieu, les données concernant les catégories d’âges les plus touchées par l’épidémie. « Les 15-19 ans et les 20-39 ans sont les plus concernées », indique-t-il. Pour la première tranche d’âge, le taux d’incidence est de 1363 en Corse-du-Sud, 1468 en Haute-Corse. Pour la seconde, respectivement 2209 et 1611. « On n'a jamais connu un taux d’incidence aussi élevé dans une classe d’âge », s’alarme Philippe Mortel.

Concernant les personnes de plus de 65 ans, la situation reste « stable », avec un taux d’incidence « aux alentours de 300 » et un taux de positivité de 4,8%. Le directeur de cabinet n’en est pourtant pas moins préoccupé : « La dynamique de l’épidémie est telle que nous aurons une incidence très forte dans les 15 à 20 jours à venir ».

D’autant que la tension hospitalière, déjà importante, tend à s’accroitre. En Haute-Corse, la saturation est « totale ». Au point que l’ARS envisage d’éventuelles évacuations sanitaires, « intra-régionales ou alors vers le continent ». Les établissements des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Île-de-France étant eux-mêmes en tension, les évacuations pourraient se faire vers des endroits où la tension hospitalière est moins importante.

Si la situation au centre hospitalier d’Ajaccio est « moins tendue », une unité virale a été ouverte ce week-end à Porto-Vecchio, avec une dizaine de lits. Huit sont actuellement occupés. C’est d’ailleurs dans l’Extrême-Sud, avec les régions d’Ajaccio et de Bastia, que le taux d’incidence est le plus élevé de l’île. En revanche, l’Ouest Corse, avec le Centre et la Plaine restent pour l’heure, stables.

« Nous sommes incapables de dire si nous avons atteint le pic ou pas », reconnait Philippe Mortel. « Pour l’instant, les personnes accueillies dans les hôpitaux sont contaminées au variant Delta. Omicron, le séquençage se fait au jour le jour, il faut attendre ». Mais une chose est sûre, « une dynamique épidémique ne s’arrête pas comme cela ». La situation corse est donc, à l’heure actuelle, « aussi préoccupante qu’ailleurs ». Dans ce contexte, doit-on s’attendre à de nouvelles mesures de restriction ? Du côté de la préfecture, on se refuse à tout commentaire avant le conseil de défense sanitaire et le Conseil des ministres, prévus ce lundi 27 décembre, en fin d’après-midi.