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Conflit social à Air Corsica : "Je ne céderai pas au chantage" affirme Luc Bereni


Livia Santana le Lundi 19 Septembre 2022 à 17:12

Ce dimanche 18 septembre, 20 pilotes de la compagnie insulaire Air Corsica ne se sont pas présentés à leur poste en utilisant de manière coordonnée un "jour jocker", ce qui aurait pu bloquer au sol les 8300 voyageurs qui devaient transiter. Ce mouvement de protestation fait suite au refus de leur employeur, de revaloriser leurs salaires. Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne, revient pour CNI sur les raisons de ce blocage, mais aussi l'organisation et la coordination avec les autres transporteurs aériens pour mener à bon port, non sans encombre, tous les passagers.



Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne Air Corsica. Photo d'archives CNI
Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne Air Corsica. Photo d'archives CNI
- Que s'est-il passé dimanche ?
- Vingt-deux pilotes sur les 110 qui travaillent pour la compagnie Air Corsica ont utilisé, dimanche, leur jour dit « Jocker » pour déstabiliser l’exploitation. Ce jour est normalement prévu dans l’accord d’entreprise pour faire face à un évènement imprévu de leur vie privée, mais, posé de manière coordonnée et totalement inopinée, il a finalement été destiné à perturber les opérations aériennes de la compagnie.

- Pourquoi ? Quelle est la nature du conflit social qui vous oppose aux pilotes ?
- Le conflit porte sur la revalorisation des salaires, un sujet dont nous discutons depuis cet été. Nous étions d’ailleurs jusqu’à 13h30 samedi en discussion avec eux, cela montre que le dialogue social est permanent. Le problème, c’est que ces personnes sont en position de rupture, car nous ne pouvons pas répondre à leurs demandes en prenant des décisions financières que la compagnie aérienne ne pourrait pas assumer. Nous avons accordé, à l’ensemble des employés de la compagnie, la prime Macron ponctuelle de 3000 euros, mais les pilotes veulent une augmentation permanente. Nous ne jugeons pas opportune de l’apporter dès à présent puisque les conventions de service public arrivent à échéance dans un an. Augmenter les salaires sur la DSP (Délégation de service public) actuelle correspondrait à faire un chèque sans provision. Je n’ai jamais fait un chèque en blanc, cela ne commencera pas maintenant ! Si les clients d’Air Corsica, notamment les insulaires qui sont les véritables garants du service public, considèrent qu’il faut faire autrement pourquoi pas ! Mais, je ne céderai pas au chantage !
 
-Quelles ont été les répercussions sur le trafic de la compagnie ?
- Ce dimanche, nous devions transporter 8300 voyageurs. Le préavis des pilotes a été déposé vendredi soir, au dernier moment. Les équipes d’Air Corsica ont travaillé toute la nuit de vendredi à samedi et la journée entière de samedi pour trouver des solutions. Nous avons convoqué tous nos partenaires, Air France, la CCI de Corse et les acteurs aéroportuaires, pour limiter finalement l’impact à quelques centaines de clients. Finalement, nous avons réussi à affréter des gros porteurs de 300 à 400 sièges des compagnies « Air Caraïbes », « Hifly », « Euroatlantic » et « Airfrance » afin d’assurer 7 rotations. En quelques heures, nous avons réussi à reconstituer la capacité de notre compagnie, même s’il y a eu des aléas.

- Lesquels ?
- Des passagers, qui devaient arriver ou partir de l’aéroport d’Ajaccio, ont été transférés vers Bastia. Je tiens à exprimer tous nos regrets et nos sincères excuses aux clients qui ont subi ces aléas. Notre priorité, avant de traiter les causes sociales, était de nous occuper de nos clients. Finalement, hier soir, tout était réglé puisque le dernier avion depuis Bastia en direction de Paris est reparti avec de nombreux sièges vides. Nous n’avons laissé personne en souffrance dans les aéroports. Sur le plan humain et commercial, c’est une chose à laquelle nous sommes attachés.