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Calenzana : Un projet de parc éolien contesté


Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 11 Août 2022 à 17:38

Le permis de construire du projet de parc éolien a été validé par le préfet de Haute-Corse le 27 juillet dernier. La décision n’est pas du goût de la majorité territoriale, Fà populu inseme, qui fustige le choix du préfet, pris malgré les avis défavorables de l’Assemblée de Corse et du Conseil des sites.



Les 11 éoliennes ne dépasseraient pas les 50 mètres de hauteur. Image d'illustration : Pixabay
Les 11 éoliennes ne dépasseraient pas les 50 mètres de hauteur. Image d'illustration : Pixabay
Plusieurs nouvelles éoliennes pourraient faire leur apparition sur les crêtes de la commune de Calenzana en Balagne. Juste au-dessus de la ferme éolienne existante de Capu d’Aghja, ce nouveau projet se situerait sur les lieux-dits du Marzulinu et de Bocca d’Azzone et est porté par une entreprise implantée en Balagne : Marseole.

Le projet consisterait à implanter onze éoliennes de taille inférieure à 50 mètres de hauteur capables de délivrer une puissance crête de 9 900 kW. De quoi produire l’équivalent de la production électrique annuelle de 4 000 foyers.

« Si le projet se fait il disposera d’un bail de trente ans et une somme d’argent sera versée chaque année sur un compte bancaire bloqué pour financer le démontage et le recyclage des éoliennes à la fin du bail », explique le maire de Calenzana, Pierre Guidoni. Avec son conseil municipal, il a bien validé le projet. Reste maintenant à passer les autres étapes administratives et ses différents échelons. C’est chose faite pour l’État.

L’Assemblée de Corse dit non, le préfet valide

Le permis de construire du projet a été validé par le préfet de Haute-Corse, via un arrêté préfectoral, le 27 juillet 2022. Si l’arrêté n’est pas encore public, le maire de Calenzana le confirme : « Le préfet m’en a bien informé ». Décision qui n’est pas du goût de la majorité territoriale Fà populu inseme. Elle a tenu, dans un communiqué en date du 4 août, à exprimer sa surprise : « Elle intervient, en dépit de l’avis défavorable du Conseil des sites réuni dans sa formation de la nature, des paysages et des sites le 7 avril 2022, lequel avait notamment motivé son avis par l'impact paysager du projet ainsi que son impact sur la faune et la flore, par sa sur-dimension et par un manque de concertation de élus du Pays de Balagna. Avis défavorable également rendu par l'Assemblea di Corsica lors de son examen en commission permanente délibérante ».

Après avoir été déposé auprès de la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), le dossier a été soumis au Conseil des sites qui avait effectivement rendu un avis défavorable le 7 avril 2022. Motifs ? Le parc éolien aurait des impacts néfastes sur les paysages de la Balagne, comporterait des risques pour les espèces d’oiseaux présentes sur le site, n’aurait pas fait l’objet de concertations avec les communes impactées et souffrirait d’absence de recherche d’autres sites d’implantation. Arguments repris par le président du conseil exécutif Gilles Simeoni dans le rapport qu’il a remis aux élus avant le vote.

Pour le maire de Calenzana, la surprise vient surtout de la position de la majorité territoriale : « Il faut remettre les choses à leur place. On ne parle pas d’un projet de centrale au fioul mais d’un parc éolien parallèle à celui de Capu d’aghja qui ne dérange personne. J’ai été étonné qu’un projet d’énergie propre aussi loin du village fasse réagir la majorité territoriale. Si on s’oppose à ça, il faut vraiment savoir ce qu’on veut comme modèle pour produire de l’énergie ».
L'emplacement choisi pour implanter le projet. Capture d'écran du rapport du président du conseil exécutif présenté à l'Assemblée de Corse
L'emplacement choisi pour implanter le projet. Capture d'écran du rapport du président du conseil exécutif présenté à l'Assemblée de Corse

En attendant les discussions avec Paris

Mais au-delà de l’aspect purement technique et environnemental, l’emballement autour de ce projet qui, pour l’instant reste bien à l’étape de projet, relève plutôt du combat politique. Chose totalement assumée par la majorité territoriale. Dans son communiqué, elle parle d’une décision du préfet qui survient « à l’aube d’un processus de discussions avec l’État, incluant notamment le volet énergétique […] Ces échanges traiteront également de la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), véritable colonne vertébrale de notre politique énergétique ».

La préfecture de Haute-Corse n’a pas souhaité faire de commentaires.