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Bunifazziu renoue avec la Sant’ Isidoru, a festa Pialinca


La rédaction le Vendredi 13 Mai 2022 à 14:57

"Jusqu'à près de soixante ans en arrière, les anciens Pialinchi (les paysans bonifaciens) se rendaient au petit matin du 15 Mai, dans la magnifique église paroissiale Sainte Marie Majeure de Bonifacio. Devant l'autel-tombeau secondaire du Saint Sauveur dit de Saint Isidore, où se trouvait, comme encore aujourd'hui, le tableau de l'apparition du Christ à Sant’ Isidoru, ils assistaient à la messe en mémoire de leur protecteur et faisait bénir leurs ânes. C'est ce moment de grâce que nous avons voulu faire revivre en le magnifiant pour remettre la terre et la nature à la place qu’elles n’auraient jamais dû quitter : le centre de nos vies" explique Marc Porcu, président et massaru de la Cunfraternita di Santa Maria Maddalena di Bunifazziu qui renoue ces 14 et 15 mai 2022 avec ses belles traditions d'hier.



Procession de rogation après la messe du 15 mai 2021. Bénédiction du Piali par le Père Olivier du haut du Bastion de l’Étendard. Avec les confrères.
Procession de rogation après la messe du 15 mai 2021. Bénédiction du Piali par le Père Olivier du haut du Bastion de l’Étendard. Avec les confrères.
"Ainsi, ajoute le Massaru de la Cunfraternita di Santa Maria Maddalena di Bunifazziu, sous la protection de notre seigneur, nous honorons les anciens Pialinchi, qui aujourd'hui ne vivent plus hélas que dans la mémoire des Bonifaciens qui les ont connus. Mais nous voulons suivre aussi un des conseils de notre curé, le père Olivier : "honorez également les vivants". Ceux qui aujourd'hui, grâce à Dieu, en prenant la suite de leurs ancêtres, relèvent le défi quotidien de vivre des fruits de la terre bonifacienne et de leur travail et de nous en faire profiter.
Anciens, nouveaux et futurs « Pialinchi », ces cérémonies de la mi-mai, au cœur du printemps bonifacien sont pour eux."


Et de rappeler, pour ceux qui l'ignoreraient, les origines de la belle fête de Sant’Isidoru, que la Cité des Falaises célèbre aujourd’hui.

Le Piali pilier de la vie Bonifacienne

Bunifazziu renoue avec la Sant’ Isidoru, a festa Pialinca
Depuis que la Superba Républica di Genova a fait de Bonifacio une de ses colonies, notre cité a toujours exploité les terres qui l’entourent. Du plateau calcaire bonifacien aux contreforts des premiers monts qui bordent l’Avretu.
En deçà d’une ligne allant de « Scupettu » ( tout près de Figari) au « Pontu Bunifazzinchu » (situé aux portes de Porto Vecchio), englobant au passage Chera et Sotta,(anciennes terres communales), les Bonifaciens ont dessouché, démaquisé, cultivé, des hectares et des hectares de terres et les ont rendus arables. Huiles d’olives, blés, orges, fruits, légumes, vignes, ovins, bovins, caprins, les produits de cet extrême sud si prodigue ont permis
aux descendants des premiers colons génois de vivre en pleine autonomie durant près de 1 000 ans.


La redécouverte du Sant’Isidoru
La redécouverte par notre confrérie du culte de Sant’Isidoru intervient au moment où notre territoire renaît à une certaine forme d’exploitation agricole. En circuits courts et vertueux, sur les ailes d’une exploitation très souvent bio, le Piali et ses terres voisines sont de nouveau un pilier de la vie bonifacienne.
Notre confrérie a toujours été la confrérie des gens de la terre, dès lors quoi de plus normal que les familles qui y étaient affidées, se soient occupées par le passé, d’entretenir et de veiller l’autel dédié au Saint Patron des laboureurs et des agriculteurs puis d’en transmettre la coutume à leurs descendants. En proposant et en organisant de nouveau une fête de la Sant’Isidoru à Bonifacio, les confrères actuels, honorent leurs anciens et permettent de mettre en lumière le combat journalier des nouveaux Pialinchi comme Christian Zuria, Vincent Buzzo, Vincent Andrielli ou Stéphane Roghi et Jacques Viti ou encore Bélanger, Sylvie Adani ou Marc Césélia, pour n’en citer que quelques-uns et la liste est encore longue. Ils me pardonneront de ne pas tous les nommer. Mais elle permet aussi de nous recentrer sur un lien que notre seigneur n’a jamais cessé de nous montrer et qui, aujourd’hui avec les événements dramatiques que nous vivons, prend tout son sens.


"Ce lien qui nous relie à notre terre"
Un lien qui s’était distendu, mais qui n’a jamais disparu. Ce lien, justement, qui nous relie à notre terre. Dans le respect écologique de son intégrité pour pouvoir aller vers plus d’autonomie alimentaire.
« Pater meus agricola est » est-il écrit en toutes lettres sur le tableau de Sant’Isidoru dans l’église Sainte-Marie Majeure, en plein centre de Bunifazziu. Soit le début des paroles du Christ quand il nous dit : « Mon père est le vigneron, je suis la vigne et vous êtes les sarments ».
"Bona et Santa Sant’isidoru in Bunifazziu."