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"I was" : 600 personnes manifestent à Ajaccio contre les violences sexistes et sexuelles


Julia Sereni le Dimanche 5 Juillet 2020 à 20:07

À l'appel du collectif "I Was", rejoint par "Donne Surelle" et le groupe "Collages Féminicides Corse", ce sont entre 500 et 600 personnes qui ont marché du tribunal à la préfecture pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Une délégation a été reçue par le Préfet de Corse Franck Robine. Elle demande plus d'actions de prévention, une meilleure prise en compte des plaintes et la création d'une brigade spécialisée dans les commissariats.



Images Michel Luccioni
Images Michel Luccioni
« On s’est trouvées sur les réseaux sociaux » raconte Lina, une des 8 organisatrices de la manifestation, et porte-parole du collectif « I was ». Alors que d’autres mouvements de dénonciation des violences sexistes et sexuelles tels que « me too » n’avaient pas trouvé un fort écho en Corse, le hashtag « I was » a pris une ampleur considérable sur l’île. « Nous avons reçu des centaines de messages » poursuit la jeune femme.

Comment explique t-elle que cette fois-ci, la parole ait enfin réussi à se libérer ? « I WAS, c’est un mouvement né d’une nouvelle génération, peut être plus prête à s’exprimer que ses aînées » analyse Lina. « Ici la loi du silence a prévalu sans doute plus qu’ailleurs » estime une des porte-paroles de Collages Féminicides Corse. Mais ce temps est révolu, et très vite le collectif a souhaité aller au-delà du simple témoignage : « On a voulu sortir des réseaux sociaux et faire des actions concrètes » explique Lina.
 
Après Bastia, Ajaccio
Et après la manifestation de Bastia, ce sont entre 500 et 600 personnes que le collectif « I was », rejoint par « Donne Surelle » et le groupe « Collages Fémicides Corse » ont réussi à rassembler ce dimanche 5 juillet à Ajaccio. Parmi la foule, des personnalités de la ligue des droits de l’homme, de la municipalité (le maire lui-même avait fait le déplacement) ou encore de l’assemblée de Corse.

L’objectif du rassemblement ? Enfin se faire entendre : « On ne se taira plus ». Et ce n’est pas un hasard si la marche débute devant le tribunal : « Prenez nos plaintes » peut-on lire sur les pancartes. « Police, justice, classement sans suite, vous êtes complices » scande la foule. À ce jour, le collectif a aidé les victimes et a constitué un dossier de 12 plaintes. Les accusations de diffamation reçues après la divulgation de noms sur les réseaux sociaux ? « Ça montre qu’on appuie au bon endroit » assure Lina.
 
« Elle avait 16 ans », « Elle avait 8 ans », « C’était mon copain », sur le chemin qui les mènent vers la préfecture, les voix s’élèvent du cortège comme autant de cris déchirants qui témoignent de l’innommable violence subie par ces jeunes femmes. « Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère ». L’extrême jeunesse des visages contraste avec la détermination sans faille que l’on peut y lire.
 
Devant les grilles de la préfecture, une des porte-paroles proclame : « Nous réclamons la justice pour les victimes, la sanction pour les coupables ». Quel message la délégation va t-elle porter au Préfet de Corse Franck Robine ? « Nous demandons plus de prévention, et que plus aucune plainte ne soit placée sans suite » annonce Lina. Le collectif demande également la création d’une brigade spécialisée dans les violences sexistes et sexuelles, avec au moins un représentant dans chaque commissariat.

À l’issue de la rencontre avec le Préfet, la délégation par la voix d’Anais Mattei exprime sa satisfaction : « Il a été très à l’écoute, très compréhensif, il a proposé plusieurs solutions, notamment la mise en place d’un séminaire en septembre pour former les gens au consentement ». Le représentant de l’État a fait des propositions concrètes : «  Il a proposé de mettre en place par exemple des formations dans les écoles et dans le système judiciaire pour éduquer aux violences sexuelles comme nous l’avons demandé. Il nous a donné son mail et son téléphone personnel pour qu’on puisse lui renvoyer les plaintes qui ont été classées sans suite pour qu’il les fasse avancer »

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