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Xavier Bertrand : "Le « statut de résident » ne verra jamais le jour" !


Jean-Paul-Lottier le Mardi 12 Août 2014 à 21:39

Xavier Bertrand, député-maire de Saint-Quentin, ancien ministre de la Santé et du travail est chez lui en Corse et plus particulièrement en Balagne où chaque année il y séjourne. Proche des gens, attentif à tout ce qui touche l’île de beauté, Xavier Bertrand consacre une grande partie de ses vacances à consulter. A la veille de son traditionnel rendez-vous avec les militants UMP et sympathisants, l’ancien ministre a accepté en exclusivité de répondre aux questions de Corse Net Infos. Il évoque le statut de résident, la situation économique de l'île, les élections sénatoriales et territoriales ainsi que l'actualité nationale. Non sans au passage souligner qu'il est favorable à un Septennat unique à la présidence de la République.



Xavier Bertrand : "Le « statut de résident » ne verra jamais le jour" !
- Votre première visite a été pour le Centre Hospitalier de Calvi-Balagne que vous avez inauguré en mars 2012. Pourquoi ? 
- Chacun sait mon attachement à ce Centre Hospitalier. Je suis aussi très attaché au suivi des dossiers. Et, chaque année en lien avec le Maire de Calvi et les autorités de l’ARS (voir le ministère concerné si besoin), je vois les étapes supplémentaires à franchir. Comme chacun le sait, il s’agit aujourd’hui du scanner, qui a reçu le feu vert de l’ARS. Pour cela, il est nécessaire d’agrandir en partie le CH et donc veiller à ce que celui-ci puisse disposer des moyens pour le faire. Par ailleurs, il y a bien désormais une identité du Centre Hospitalier par rapport à Bastia, et c’est aussi très important pour moi de m’assurer que ce CH est sur les bons rails. Tout cela permet de donner les moyens nécessaires au personnel qui  fait un gros travail.
Et puis, je me réjouis de l’essor des consultations avancées à Calvi, qui permettent à la population de Balagne de consulter sur place. Ces consultations représentent un intérêt pour la santé mais aussi pour l’assurance maladie qui fait des économies substantielles. 

- Votre position par rapport au « Statut de résident » 
- Je le dis depuis que Paul Giacobbi l’a évoqué, ce « statut de résident » ne verra jamais le jour et le président de l’Exécutif  le sait très bien, pour la simple raison que celui-ci n’est  pas compatible avec la Constitution. D’autre part, je lui reproche de savoir pertinemment qu’avec ce « statut de résident » il va tout droit à une impasse juridique et politique, qu’il prend lui-même le risque, pour  son seul intérêt, de créer de la frustration et de la colère quand on aura la confirmation définitive que ce statut est impossible  Il aurait été préférable d’avoir une vraie  politique du logement en Corse, pour la Corse et pour les Corses plutôt que d’agiter  des concepts qui ne verront  jamais le jour. On attendait de Giacobbi du concret  mais chacun a constaté que ce n’était pas le cas.

- A la suite du conflit de la SNCM le gouvernement avait annoncé des aides. Ou en est-on ? 
- Nombre d’acteurs économiques de la Corse me disent que quand on rentre dans les modalités pratiques, il n’y a en fait plus rien et que nombres d’entreprises qui ont souffert vont être exclues de ces aides. Je reste pour ma part, en tant que parlementaire, avec les parlementaires corses, entièrement à disposition pour rappeler au gouvernement ses engagements et dire que les paroles s’envolent mais que les corses attendent des actes. Les corses ne veulent pas tendre la main, ils veulent juste qu’on leur permette de continuer à donner du travail, à travailler et à vivre. 

- La saison touristique n’en demeure pas moins catastrophique ? 
- Le conflit de la SNCM, qui a été terrible, est un facteur aggravant de la mauvaise saison en Corse, mais il n’est pas le seul. Il y a aujourd’hui un phénomène, celui de la crise économique, qui touche très durement les français, réduit le pouvoir d’achat de nos compatriotes, tant sur le continent qu’en Corse et cela est particulièrement sensible pour les vacanciers. S’agissant de la Corse cela montre aussi combien il est impératif  qu’il y ait une réflexion de fond sur la question des transports, leur fréquence, leur prix. Faute de quoi, je crains qu’une mauvaise saison touristique ne se reproduise, et cela, je ne le veux pas. Cela montre d’autant plus l’enjeu qu’il y a en Corse à élargir la saison touristique : elle ne peut pas reposer pour les professionnels uniquement sur 45 à 60 jours. Les problèmes des transports sont directement liés à cette réflexion. Je pense que les low-cost peuvent avoir un rôle intéressant à jouer pour la Corse, à la condition bien entendu que ce soit maîtrisé. 
C’est un problème que les élus doivent prendre à bras le corps. 
On a eu l’année dernière le Tour de France cycliste  il faut que la Corse profite de cet effet de « promotion mondiale". 

- Les territoriales ? 
- Ma famille politique l’UMP a vocation à assumer le leadership en Corse.  Mais  cela passe par une réflexion globale. 
Aux  sénatoriales,si nous sommes tous unis,  nous pouvons remporter le siège en Corse-du-Sud avec Jean-Jacques  Panunzi et en Haute-Corse avec Anne-Marie Natali. Chacun sait que mon choix premier est celui Jean Baggioni qui aurait fait un grand sénateur, il est vrai que c’est mon ami mais j’assume ce choix. A  partir du moment où il n’est pas candidat et je le regrette, je souhaite que tout le monde aujourd’hui joue le jeu et que la droite libérale représentée par Anne-Marie Natali  permette d’emporter ce deuxième siège. Ce n’est pas à Monsieur Giacobbi de faire croire qu’il est l’arbitre de toutes les élections corses. Il ferait mieux de se soucier de l’intérêt général de la Corse que de s’occuper des petits calculs électoraux.  

- La situation économique de la France ? 
- Sur la situation économique, je suis très inquiet pour la rentrée, car on le voit bien, même Manuel Valls, dans un timide aveu, a admis que la rentrée sera dure. Il  n’y a pas besoin d’être Premier ministre pour se rendre compte que les carnets de commandes des entreprises sont au plus bas, que le chiffre du chômage atteint des records et que le moral des français est aussi au plus bas. A qui la faute ? Qu’on arrête de me parler de la seule conjoncture. La conjoncture est difficile parce que depuis deux ans les français se sont fait matraquer  fiscalement. On a pris aux entreprises et aux particuliers des impôts comme jamais, et, bien sûr, cela a des conséquences sur leur pouvoir d’achat et sur l’investissement des entreprises. Le seul responsable est François Hollande. Le contexte international actuel n’a rien à voir avec la crise que nous avons gérée à partir de 2008. Je suis inquiet pour les petits entrepreneurs, les artisans, les commerçants qui aujourd’hui sont confrontés à la crise économique et  à un pouvoir d’achat au plus bas. Mais qui, en plus, ont au niveau national des difficultés qui sont imposées par le RSI, et par des banques qui lorsque l’on a besoin d’un soutien pour la trésorerie ne sont pas suffisamment au rendez-vous. Ces trois phénomènes là, me font vraiment craindre une difficulté pour la rentrée et m’incitent à tirer le signal d’alarme.  
     
- La poussée du FN ?
 
- On connaît  les scores réalisés aux européennes par le FN . 
La plupart des électeurs ont voulu manifester leur colère face au monde politique, qui n’a pas su régler les problèmes auxquels ils sont confrontés depuis 30 ans. Aujourd’hui les français en grande majorité ont conscience que la mise en œuvre des propositions du FN serait une catastrophe pour la France mais  ils veulent avant tout sanctionner  le  personnel politique  qui doit impérativement comprendre ce qui est en train de se passer, sinon nous allons  directement vers un nouveau 21 avril 2002. Si  on ne réagit pas, le FN sera présent au second tour de la  présidentielle.  Notre pays ne peut pas se permettre une telle fracture. 
Il ne doit plus  y avoir de sujets tabou, il faut avoir le courage de proposer des solutions. Il faut aussi dénoncer. Le FN aujourd’hui n’est pas simplement un parti d’extrême droite, c’est un parti qui reprend les idées d’extrême gauche. C’est  quand même la seule formation politique  qui a donné raison aux grévistes de la SNCF quand ils ont voulu bloquer le pays, chose qu’ils n’ont pas réussi à faire grâce à la loi sur le service minimum. Le FN est un mouvement qui se nourrit de toutes les contestations et qui ne risque pas de proposer des solutions. Si vous avez un jour entendu Madame Le Pen critiquer l’assistanat, vous me ferez signe : elle ne l’a jamais fait. Elle veut avant tout profiter de tous les mécontentements et rien d’autre


- François Hollande doit-il dissoudre l’Assemblée ? 
- Si François Hollande décidait de dissoudre l’Assemblée Nationale, ce serait de la politique politicienne comme au temps de la IVe République. Je refuse par avance l’idée d’une cohabitation. S’il perdait les élections législatives après cette dissolution, cela voudrait dire que les français ne voudraient plus ni de lui ni de sa politique. C’est pour moi une chose essentielle au nom de la clarté.  

- Vous avez été secrétaire général de l’UMP secouée aujourd’hui par de fortes turbulences. Êtes-vous pour ou contre sa dissolution ? 
- L’UMP a failli disparaitre en novembre 2012, avec la  bataille tragique Fillon-Copé et ensuite l’affaire Bygmalion a failli tout faire basculer. Pourquoi l’UMP tient ? Ce sont ses adhérents qui sont aujourd’hui l’un des seuls ciments de l’UMP. Ensuite il y a encore des valeurs qui permettent  de tenir, tout comme il y a encore des élus qui sont connectés au terrain. Il faut un changement profond, on ne peut pas continuer comme avant, l’UMP est trop parisienne, elle est trop centralisée. Il faut aussi qu’on demande à nos adhérents de débattre et que l’on arrête avec les décisions imposées par Paris. 

- Au vu des nombreuses affaires qui alimentent l’actualité l’image des politiques a été sérieusement écornée. Que faire pour inverser la tendance 
- L’image des politiques aujourd’hui est hélas souvent méritée On n’a pas eu le courage de dire la vérité, et c’est vrai pour la gauche comme pour la droite. Les gens sont très lucides, ils attendent de nous que nous le soyons aussi. Dans cette période difficile, il faut que les politiques puissent montrer qu’ils sont aussi capables d’efforts.

-  Le mandat présidentiel ? 
- Je suis pour un septennat unique non renouvelable. Celui qui serait alors élu ne pouvant pas se représenter ne se posera pas  la question de savoir si ses mesures vont plaire ou pas, et pourra donc faire les réformes qui seront nécessaires.

-  La réforme territoriale ? 
- Sur la réforme territoriale je suis pour qu’on supprime les conseils généraux. Et je vais plus loin, il faudra baisser le nombre de parlementaires. En revanche dans la réforme il ne faut pas toucher aux communes. La ruralité est importante et les communes ont leur place. 

-  Un mot sur  réforme des retraites et ses conséquences 
- On voit bien que les inquiétudes sont toujours devant nous. Les complémentaires sont en train de s’éteindre, il faudra dès 2016 avoir le courage de proposer une réforme durable d’ensemble, qui permettra de garantir le paiement des retraites de tous les français. On s’est aperçu que les 60 ans ne sont plus un tabou, mais aujourd’hui le sujet des retraites n’est absolument pas réglé par la réforme Hollande. 

- Croyez-vous à un retour en politique de Nicolas Sarkozy  
- Le suspens touche à sa fin, on saura très bientôt. A la fin de l’été, il se sera exprimé sur le sujet. Il avait annoncé son retrait de la politique, s’il décide  de revenir sur sa décision c’est son choix. Mais que les choses soient claires : mon principal opposant est François Hollande, pas l’ancien Président.  

- Vous êtes candidat déclaré à la prochaine primaire UMP en vue des élections présidentielles de 2017. Sur quel programme souhaitez-vous fédérer ? 
- J’aurai l’occasion d’ici la primaire de rencontrer les militants et de leur présenter des propositions .Si on veut un retour à la confiance, la classe politique doit bien comprendre qu’elle doit s’imposer des efforts à elle-même. 

- Ce Mercredi à Lumio vous allez rencontrer les militants et sympathisants 
-  C’est effectivement un rendez-vous que je m’impose avec grand plaisir chaque année. Ce mercredi à 18h30 au Clos Colombu, chez mon ami Etienne Suzzoni, j’aurai l’occasion de développer les sujets évoqués et répondre aux questions sans le moindre détour.

Xavier Bertrand : "Le « statut de résident » ne verra jamais le jour" !