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U Levante dénonce : Scandula en état d’urgence. L'Exécutif et l’État doivent établir un quota


Michela Vanti le Samedi 9 Février 2019 à 08:55

Dans une lettre ouverte adressée au président de l’Exécutif et aux conseillers de l’assemblée de Corse, U Levante revient sur la Convention-Cadre entre l’État et la Collectivité de Corse fixant les modalités de gestion du site inscrit sur la liste des biens naturels du Patrimoine Mondial de l’UNESCO « Golfu di Portu, Calanche di a Piana, Golfu di Ghjirulata e Riserva di Scandula ».



Photo site U Levante
Photo site U Levante

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Conseillers,
 

Vous allez examiner et délibérer en faveur de la Convention-Cadre entre l’État et la Collectivité de Corse fixant les modalités de gestion du site inscrit sur la liste des biens naturels du Patrimoine Mondial de l’UNESCO « Golfu di Portu, Calanche di a Piana, Golfu di Ghjirulata e Riserva di Scandula ».

La situation du site du Patrimoine Mondial  qui fait l’objet de cette Convention-Cadre et plus particulièrement de la Réserve naturelle de Scandula étant particulièrement grave et alarmante, nous attirons votre attention sur les documents que nous joignons à ce courrier.

Le dernier en date est le rapport de l’Expert mandaté par le Conseil de l’Europe, venu en Corse en juillet 2018. L’Expert écrit (extraits qui démontrent l’impact désastreux et comportemental de la surfréquentation nautique) :

    •    On observe une dégradation et une érosion par les activités en période estivale depuis 2006.

    •    À noter aussi le délabrement de l’état de santé de l’herbier de Posidonie de la baie d’Elbo.

    •    Faune : le balbuzard se porte mal : des 7 nids de la Réserve, un seul poussin s’est envolé, en raison des dérangements permanents des visiteurs par bateaux.

    •    Menaces : visiteurs par bateau et particulièrement le mouillage durant la saison estivale mettent en péril l’herbier de Posidonie Posidonia oceanica et par là même les espèces qui en dépendent pour la fraie : Pinna nobilis, Pinna rudis et d’autres.

    •    Méfaits des activités du tourisme non contrôlées :

    •    . surfréquentation: 790 000 visiteurs par mer du mois de mai au 15 octobre 2011 :

    •    . danger pour le balbuzard, le cormoran huppé, le dauphin commun et les espèces halieutiques évoluant en eau peu profonde,

    •    . problématique prioritaire : définir un numerus clausus pour la fréquentation et définir la capacité de charge de l’environnement de la réserve naturelle.

    •    Situation problématique du balbuzard.

    •    Trottoirs à Lithophyllum bissoïdes d’une part impactés par les hydrocarbures et d’autre part abimés par les bateaux.

    •    Trottoirs de Lithophyllum bissoïdes : régression due à (1) la dégradation générale de la qualité de l’eau, (2) aux nuisances engendrées par la navigation (vagues, pollution due aux gaz d’échappement, impact mécanique) et (3) remontée des eaux dans le contexte du changement climatique global).

    •    La fréquentation incontrôlée de la Réserve par les visiteurs de tous bords et la forte pression sur le milieu sont inadmissibles et incompatibles (a) avec les objectifs de la création de la Réserve naturelle de Scandola et (b) avec les termes de référence du Diplôme européen. Les effets dommageables sur la nature du site, ses écosystèmes, les espèces de flore et de faune qui lui sont propres ont été mis en évidence dans plusieurs études ; certains des effets de la fréquentation par les embarcations ne sont pas encore connus ou mal connus (par exemple, l’effet du bruit des moteurs sur la faune marine).

    •    Il est indispensable de mettre en application au plus vite un règlement qui limite l’accès au site et qui permette de conserver les espèces de flore et de faune et les écosystèmes liés au site. A mon avis, c’est la seule et unique condition à poser pour le renouvellement du Diplôme.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ce rapport est plus qu’une énième sonnette d’alarme : le tocsin résonne dans la réserve. L’heure n’est plus aux comptages, aux études, aux discussions. L’heure est aux décisions. En fixant des quotas, un numérus clausus, vous pouvez arrêter le processus de destruction en marche. De la mise en œuvre rapide de vos décisions dépend la survie du balbuzard pêcheur, le retour des poissons dans la réserve, la conservation de ce site exceptionnel et surtout une économie solidaire et durable.

Dans l’attente de vos réponses et vous en remerciant, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Conseillers, l’assurance de notre respectueuse considération.
 

La Direction collégiale de U Levante

 







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