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La République En Marche va sonder l'avis des Corses sur l'Europe


Sylvain Amiotte le Mardi 20 Mars 2018 à 18:18

En vue des élections européennes de mai 2019, La République en Marche lancera le 24 mars une « grande marche pour l’Europe » visant à recueillir l’avis des citoyens sur l’Union européenne. En Corse, cette opération prendra la forme d’un porte-à-porte auprès des habitants, avec un questionnaire à remplir. Entretien avec Kevin Rocchetti, correspondant Europe du parti présidentiel en Corse.



"Quelle Europe voulez-vous ?" C'est la question que pose aux citoyens Kevin Rocchetti, correspondant Europe pour LREM en Corse.
"Quelle Europe voulez-vous ?" C'est la question que pose aux citoyens Kevin Rocchetti, correspondant Europe pour LREM en Corse.
- Corse Net Infos : En quoi consiste cette « grande marche pour l’Europe » que vous lancerez le 24 mars ?
-  Kevin Rocchetti : Cette opération sera lancée partout en France. Elle durera six semaines et servira à établir un diagnostic qui nous aidera à construire notre programme pour les élections européennes de mai 2019. Notre équipe composée d’une dizaine de personnes réparties sur toute l’île fera du porte-à-porte auprès des citoyens, avec un questionnaire à remplir en direct via une application mobile. L’objectif est de savoir ce qu’ils pensent vraiment de l’Europe, ce qu’ils en attendent, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas à leurs yeux. Il s’agit du même principe que la « grande marche » menée en 2016 pour bâtir le projet des présidentielles.
 
- S'agit-il d'une opération de com’ ou les avis seront-ils vraiment pris en compte ?
 - Ils seront pris en compte, évidemment. Si des idées remontent du terrain, on est preneurs. L’ADN d’En Marche, c’est la société civile. Il ne s’agira pas d’un QCM, les gens pourront exprimer de vraies réponses. Nous effectuerons ensuite un gros travail de synthèse des attentes des Corses vis-à-vis de l’Europe. J’ai déjà rencontré des personnalités de tous types pour connaître leur regard. L’idée est vraiment de faire remonter les besoins de l’île.
 

- Pensez-vous que les Corses sont intéressés par le sujet européen ?
- Oui, il y a ici un attrait pour l’Europe. Ne serait-ce qu’en matière d’agriculture, tout le monde est conscient qu’on a besoin de l’Europe. Beaucoup d’investissements européens concernent la Corse, que ce soit pour les chemins de fer, les incubateurs de projets ou les 530 entreprises qui ont été financées en deux ans par le plan Juncker.

Il y a en Corse une défiance à l’égard de l’Etat central, et les gens ont justement tendance à se projeter plus loin, à l’échelon européen. Etat et Europe ne doivent pas être opposés, mais s’accompagner l’un l’autre. Ce besoin d’Europe est d’autant plus fort dans un monde mondialisé composé de superpuissances, dans lequel il faut être pragmatique.
 

- Avec seulement 35% de votants en Corse en 2014, contre 42% au niveau national, les dernières élections européennes n’avaient pourtant pas vraiment passionné les foules…
 - Il faut donner aux gens l’envie d’aller voter. Tout le monde a conscience de la nécessité de l’Union européenne, mais peu de gens se déplacent aux urnes. Nous devons expliquer l’Europe, faire preuve de pédagogie et rapprocher le citoyen des décisions.
 

- Faire preuve de pédagogie, c’est un refrain que l’on entend depuis 2005 et la victoire du « non » au référendum sur le traité européen. L’euroscepticisme n’a pourtant cessé de croître…
- L’objectif de La République en Marche et d’Emmanuel Macron, c’est la refondation de l’Europe. L’Europe n’a pas tenu toutes ses promesses au cours des dernières années, c’est vrai. C’est pourquoi il ne faut justement pas laisser l’apanage des critiques aux eurosceptiques. Nous disons aux citoyens : « Quelle Europe voulez-vous ? Aidez-nous à la changer, car l’Europe c’est vous, ce n’est pas une notion abstraite. »

Les sondages montrent qu’il y a une demande de plus d’Europe et surtout de « mieux d’Europe ». Si une majorité qui ne vous plaît pas prend le pouvoir en Corse, est-ce que vous voudrez pour autant sortir de la Corse ? C’est pareil pour l’Europe. Et s’il ne faut pas occulter ses aspects négatifs, il ne faut pas non plus occulter ses aspects positifs. L’euro a sauvé l’économie après la crise de 2008. L’Europe c’est aussi la paix, même si on ne peut plus se contenter de ce seul argument.
 
- En quoi consiste cette refondation européenne souhaitée par Emmanuel Macron?
- C’est le projet d’une Europe plus forte, dont la feuille de route a été définie dans son discours à la Sorbonne : convergence sociale et fiscale, création d’une Europe de la défense, création d’un budget de la zone euro pour donner à la monnaie un cap politique, création d’une task force européenne face au terrorisme, extension du  programme Erasmus aux apprentis…

De façon générale, Emmanuel Macron veut repolitiser l’Europe, qui n’a plus d’ambition depuis plusieurs années. Il a proposé des conventions pour l’Europe à partir du 17 avril avec les dirigeants européens, dont 23 sur 27 ont accepté. Cette relance du projet européen ne se fait pas en un an. Elle passe par la relance du couple franco-allemand, et pour cela il fallait attendre que le gouvernement Merkel soit constitué, ce qui a pris du temps.

Emmanuel Macron a été élu sur l’Europe face à la montée des populismes. Il veut remettre en place la realpolitik et convaincre ses partenaires. Face aux extrêmes, on ne peut pas rester les bras croisés. C’est justement parce qu’Emmanuel Macron critique l’Europe qu’il a toute légitimité à la changer.





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