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L'opposition change de visage mais… la mairie d’Ajaccio reste solidement ancrée à droite


José Fanchi le Lundi 2 Février 2015 à 19:58

Plus de 4 000 voix d'avance ! Un triomphe, une élection comme il en rêvait. Laurent Marcangeli voulait effacer les 281 voix qui le séparaient de Simon Renucci au soir du second tour en mars dernier. 11 mois plus tard, il gagne son pari et celui de ses colistiers. Il a réussi à atteindre l’objectif fixé : 60/40 à quelques menus détails près. D’autant que la participation a été pratiquement la même. La aussi au détail près. Au total, 12 969 voix pour le vainqueur, 8 917 pour le finaliste, les deux candidats sont en nette augmentation. Mais le député d’Ajaccio a beaucoup plus mobilisé que l’ancien maire. Reste une question (presque) sans réponse : que sont devenues les voix de François Casasoprana et celles du Front national ?



L'opposition change de visage mais… la mairie d’Ajaccio reste solidement ancrée à droite
Si la liste Renucci a été logiquement battue les membres élus au prochain conseil municipal demeurent plus que jamais déterminés. Le moins que l’on puisse dire est que chacun commence déjà à se projeter dans un avenir proche. José Filippi, non réélu sera remplacé par deux, voire trois nationalistes dans l’hémicycle municipal, à savoir Josepha Giacometti et Paul Leonetti, d’Aiacciu Cità Corsa. Ils se sont engagés pour œuvrer en faveur d’un changement pour Ajaccio en particulier et l’île de manière plus générale. Ils se disent être intégrés dans une opposition constructive décidée à ne rien laisser passer !
S’il est vrai que la majorité municipale change peu de visage (exception faite de l’entrée au conseil de Jacques Billard et François Filoni qui connaissent bien la maison), c’est du côté de l’opposition qu’il y a changement. 
 
Une famille politique retrouvée
La belle image de cette élection est celle de Laurent Marcangeli qui a rassemblé toute sa famille politique et retrouvé d’autres soutiens. Le voilà en place pour exercer son mandat dans les meilleures conditions. N’a-t-il pas déclaré dimanche soir place Foch : « Je suis fier d’être Ajaccien, fier d’avoir été élu maire d’Ajaccio et maire de 67 000 Ajacciens. »
Il a réussi a former une forte majorité, un soutien inconditionnel du Conseil Général de la Corse du Sud, c’est ce qui s’appelle une situation favorable. En clair, Laurent Marcangeli est devenu un leader incontestable.
Le voilà aujourd’hui confronté à la gestion politique de son propre camp. Ce qui signifie qu’il aura son mot à dire lorsqu’il va s’impliquer dans les choix territoriaux, les alliances à venir et les combats politiques menés par son camp. Il devient bien plus que le maire d’Ajaccio ! A commencer par le rendez-vous des cantonales du mois prochain.
 
La cible !
Un Bonapartiste convaincu ayant penché pour le Front national sans pour autant en faire partie, me disait hier matin avec sa logique « à l’Ajaccienne » : « La victoire ne souffre pas la moindre contestation. Sa victoire éclatante, il l’a remportée avec ses tripes, avec sa foi et avec l’aide de voix extérieures qui lui ont assuré cette confortable avance. Laurent s’est imposé en rassembleur, en leader incontesté de la droite. Il sait maintenant ce qui lui reste à faire. Les adversaires d’hier ne seront pas ceux de demain, à quelques détails près…Et cela, il le sait. »
Reste à cibler le prochain adversaire dans un scrutin proche de nous : les cantonales. Le nouvel adversaire de Laurent, ce n’est un secret pour personne, c’est bel et bien c’est François Casasoprana, l’homme fort de la gauche nouvelle de la ville, qui a fait cavalier seul et a rassemblé de manière exponentielle. Le score réalisé le soir du premier tour n’a laissé personne indifférent.
Or, il se trouve que le dernier mandat de François Casasoprana est celui de conseiller général du troisième canton. Avec les nouvelles dispositions de la prochaine élection, l’adversaire désigné pour ce scrutin est tout désigné : il s’agit de Stéphane Vannucci, ancien (et sans doute futur) adjoint au maire délégué aux affaires sportives. Une élection qui ne va certainement couper la ville en deux mais qui pourrait donner un aperçu de ce que serait la mainmise de la droite ajaccienne sur les différents cantons…
La donne ne serait plus la même pour les prochaines confrontations de quelque niveau que ce soit et l’actuel conseiller général se trouverait dépourvu de tout mandat pour un avenir que bon nombre d’observateurs lui trouvaient prometteur. Il se trouve effectivement être la cible d’un très bel enjeu. Qu’en sera-t-il le moment venu ?
 
Une gauche dispersée
Alors ? Il semble bien que plus que la victoire de Laurent Marcangeli, c’est la défaite de Simon Renucci qui marque les esprits. Une défaite qui soit dit en passant a commencé à s’initier lors de la dernière mandature. Personne n’a oublié que ses plus proches collaborateurs de l’époque sont simplement devenus de farouches adversaires, y compris ceux qui travaillaient dans l’ombre…L’ancien maire, ce n’est un secret pour personne, a-t-il trop compté sur les voix d’une gauche particulièrement désunie lors du premier tour ? Force a été de le constater. La chance est sans doute passée le 25 janvier dernier. La dynamique insufflée n’a pas fonctionné et les résultats ont été sans appel.
« Il faut croire que les jours du docteur étaient comptés lors des deux dernières confrontations » m’a confié un observateur averti qui m’a rappelé qu’en 2001, Marc Marcangeli avait abordé le deuxième tour de l’élection avec plus de 40% des voix !
J. F.