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Jean Zuccarelli : Haro sur le "Simeonisme"


le Lundi 3 Mars 2014 à 12:09

La tension et le ton de la campagne électorale montent à Bastia à moins de trois semaines du premier tour de l'élection municipale. Lundi matin Jean Zuccarelli et Francis Riolacci ont stigmatisé le "simeonisme" et dit et répété que "la victoire des nationalistes" ne serait possible, allusion faite à François Tatti, qu'avec "la complaisance des candidats qui encore hier, se réclamaient de la République voire s'en voulaient les plus fermes soutiens". Les explications de Jean Zuccarelli.



Jean Zuccarelli : Haro sur le "Simeonisme"
- Vous venez de prononcer, avec Francis Riolacci, des mots très durs à l'encontre de ce que vous avez appelé la dynastie Simeoni : pour quoi ce positionnement ?
- Le but est d'expliquer clairement à nos concitoyens les enjeux de cette élection. Il y a une majorité de Bastiais qui sont satisfaits  de la gestion de notre ville et qui adhèrent à la vision de Bastia que nous mettons en œuvre depuis de nombreuses années. Pourtant il ressortirait des sondages que Gilles Simeoni pourrait l'emporter avec le soutien de forces qui se réclament elles-mêmes de ce bilan et de cette majorité sortante. Ceci repose sur des combinaisons politiciennes, certes improbables, mais que les bastiais devront déjouer. C'est la raison pour laquelle nous appelons à un vaste rassemblement des Républicains  et des démocrates de progrès derrière notre liste dès le premier tour pour faire obstacle  et barrage au "simeonisme" et au nationalisme.

- Francis Riolacci a évoqué le "Simeonisme qui trouve ses sources dans l'Italie Mussolinienne" : vous êtes en pleine stratégie de diabolisation ?
- Nous rappelons simplement les faits. Le constat est simple. Nous nous appuyons sur des déclarations très récentes de Gilles et d'Edmond Simeoni pour dire que le Simeonisme est incompatible avec les valeurs républicaines et qu'il n'est absolument pas soluble dans une majorité qui intégrerait des Républicains et des représentants de cette majorité sortante. C'est une idéologie qui repose sur le rejet de la France, sur l'exclusion, sur la non condamnation de la violence - et je crois que sur ces points là on pourra difficilement contester ce constat - et qui n'est pas compatible, je le répète, avec la vision d'un avenir de Bastia et de la Corse dans un cadre national et dans la solidarité elle-même, nationale. C'est la raison pour laquelle nous sommes confiants dans la sagesse des Bastiais qui ont en face d'eux une liste compétente, en mesure de poursuivre et d'amplifier la dynamique de progrès pour Bastia, qui a un projet réaliste et ambitieux, et de l'autre côté une liste avec une aventure extrêmement dangereuse pour Bastia  - parce qu'elle n'a pas de projet et pas d'ambition pour notre ville - qu'elle ravalerait au rang de marche-pied, de tremplin pour la conquête du pouvoir régional.

- Vous agitez, aussi, le chiffon rouge du terrorisme : n'est-ce pas un peu dépassé comme argument ? Ce n'est pas ce qu'incarne Gilles Simeoni. En tout cas ce n'est pas ce que ses électeurs voient en lui ?
- Je ne sais pas ce que ses électeurs voient en lui, mais ce que nous avons voulu démontrer c'est qu'il y a une continuité dans le "Simeonisme". A moins que Gilles Simeoni explique qu'il n'a rien à voir avec son père, mais manifestement il s'exprime encore tous les deux de concert. Quand on ne condamne pas clairement la violence, quand notre ville est régulièrement mise à sac par des bandes de jeunes à la suite de manifestations et qu'il n'y a aucune condamnation de Gilles Simeoni, quand il n'y a pas davantage de condamnation quand on tire à la roquette sur une gendarmerie à Bastia peut-on affirmer que la violence dite politique a disparu ? A qui allez-vous faire croire cela? Je ne sais pas ce qu'incarne Gilles Simeoni en tout cas il y a plus que de l'ambiguïté et de la duplicité dans ce langage. Je comprends que l'on a besoin de capter tous les électeurs quels qu'ils soient, justement dans la confusion. Mais la démocratie c'est la clarté. Il faut avoir le courage de dire ce que l'on fait. Dans certaines déclarations distillées savamment par Gilles Simeoni on est fixés sur la relation à la France : c'est le rejet. L'Etat français est un état colonial et tous les malheurs de notre île lui sont dus. Une fois que l'on a dit ça si l'on pense que l'on apporte une réponse concrète à des projets à nos concitoyens, je dis que non…

- Vous faites appel au rassemblement républicain mais  il y a quelques jours François Tatti a demandé votre retrait de cette campagne : La cassure est nette entre vous ?
- Nous nous adressons à tous les électeurs républicains; y compris à ceux qui seraient tentés par le vote de François Tatti. Aujourd'hui, s'il devait poursuivre cet objectif  de prêter la main à cette combinaison contre nature visant à créer une majorité artificielle autour de Gilles Simeoni, il prendrait une lourde responsabilité au regard de l'histoire. Quant au fait de se retirer ou de se rassembler, nous nous appelons nos électeurs à se rassembler derrière notre liste.  Mais pour le second tour nous mettrons tout en œuvre pour que ce rassemblement s'élargisse aux autres listes républicaines face à la menace séparatiste, il faut la qualifier comme telle, que représente Gilles Simeoni.

- Vous dite que vos idées sont majoritaires mais les sondages ne vous donnent pas gagnants : n'est-ce pas de votre équipe que l'électorat bastiais ne veut pas ?
- Les sondages ne nous donnent pas gagnants parce qu'ils sont orientés. Tous les scénarios visent à essayer d'agréger autour de Gilles Simeoni des alliances contre nature. A aucun moment on n'a sondé une hypothèse de rapprochement des listes de gauche  et issues de cette majorité municipale ou plus largement qui se revendiquent des idéaux républicains. On a des scénarios partiels et des scénarios, j'en suis convaincu, qui ne recevront pas l'adhésion des Bastiais.

- Mais comment aboutir à ce scénario de rassemblement républicain alors que François Tatti rejette votre candidature ?
- Il répète et il le répètera peut-être encore mais il a des électeurs derrière lui. Peut-il être suivi aujourd'hui, au-delà de quelques amis et d'un groupe d'électeurs qui le suivrait où qu'il aille, dans une stratégie de rapprochement avec Gilles Simeoni que tout oppose aux positions qu'il défendait jusqu'à présent ? Comment pourra t-il justifier cette position vis à vis de ses sympathisants  et de ses électeurs potentiels ? Il est face à une lourde responsabilité. Il lui appartient de se positionner dans ce débat.