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Jean-Jacques Panunzi : Les mots pour le dire


José Fanchi le Jeudi 2 Avril 2015 à 22:12

A l’issue des deux mi-temps qui se sont achevées sur des scores nuls, des tensions sont apparues à l’occasion de l’élection du président du conseil général. Les vainqueurs des derniers scrutins où la droite s’est taillé la part du lion ont sorti les griffes. Si le mot divorce n’a pas été prononcé, on n’en était pas loin. Le règlement national des collectivités s’impose-t-il au règlement intérieur propre au département sudiste ? C’était la question du jour. Finalement, le Tribunal administratif sera à même de juger. Le nouveau président, ce n’est pas Jean-Jacques Panunzi, ni Marcel Francisci. C’est Pierre-Jean Luciani mais la tendre ambiance matinale s’est peu après envenimée. Le camp Francisci a réussi un passage en force, alors que Jean-Jacques Panunzi n’a absolument pas apprécié



Jean-Jacques Panunzi :  Les mots pour le dire
- Jean-Jacques Panunzi, la vie démocratique n’est pas un long fleuve tranquille. Aujourd’hui c’était bien complexe ?
- Déjà, il faut revenir dans le contexte. Je pense que vous avez remarqué que j’ai un membre de ma famille politique, qui n’était autre que mon premier vice-président, qui, sans m’informer et informer qui que ce soit, a décidé d’être candidat à la présidence du Conseil Départemental. Cela semble pour le moins bizarre car nous avons appris sa candidature une semaine avant l’élection à la présidence du Conseil. Vous savez comment ça se passe lorsque nous sommes dans ce genre de situation ; il y a des négociations qui sont menées, j’ai fais des propositions et jusqu’à ce matin j’ai espéré que l’on puisse discuter de mes propositions. Je n’ai eu aucune réponse Cela voulait clairement dire qu’on refusait d’observer mes propositions. Aujourd’hui nous sommes dans une situation à deux candidats mais deux candidats sans aucune majorité qui se dégage. Vous avez observé que j’ai tout fais pour faire respecter le règlement intérieur pour le vote sur le vote de la délibération qui doit fixer le nombre des membres devant siéger à la commission intérieure. J’ai demandé un vote secret mais comme ils n’ont pas pu obtenir la majorité par le vote demandé, ils ont modifié et passé outre le règlement intérieur du Conseil Départemental appliquant leurs propres règles. On est passé au vote public simplement parce que la voix du président est prépondérante. Je pense que nous sommes mal partis pour gérer cette institution et je le regrette car moi-même je l’ai géré pendant dix ans où j’ai toujours essayé de trouver un consensus. J’avais des oppositions féroces et j’ai toujours privilégié le dialogue pour trouver une issue et surtout ne pas bloquer notre institution. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, ils préfèrent aller au blocage plutôt que d’aller chercher une autre solution. J’ai dit au président que le fait de ne pas vouloir débloquer la situation tout de suite, signifiait qu’il s’engageait dans une voie qui allait le mener de façon logique au blocage total de l’institution dans la mesure où il se fait élire président sans aucun exécutif.  Comment d’ailleurs peut-il fonctionner ? Comme nous somme onze de chaque côté, dès la première délibération ou le vote du budget, l’issue sera la même. On n’arrivera pas à dégager une majorité et notre institution restera bloquée.
 
- Cette opposition règlement national et local, quel est votre point de vue ?
- Le code des collectivités territoriales précise de façon très claire que le président du conseil départemental ne fait adopter son règlement intérieur que dans le cadre d’une élection. C’est le règlement intérieur qui prime. Si on va appliquer le code des collectivités territoriales point n’est besoin de faire voter un règlement intérieur. Tant que ce dernier n’est pas modifié, c’est le règlement intérieur qui prime. Seul le président du tribunal administratif peut modifier les règles. Je ne me suis jamais rendu compte que de telles choses pouvaient de produire, que certains comportements pouvaient exister. Je le déplore. Je suis désolé et voudrais m’en excuser auprès des personnes  qui ont suivi cette élection en direct. C’était quelque chose de nouveaux avec une assemblée féminisée mais cela aurait du être quelque chose de plus agréable.
 
- La droite qui accumule les succès depuis quelques années va-t-elle en prendre un sacré coup ?
- Je ne le pense pas. La droite n’est pas responsable de ce qui vient de se passer. C’est uniquement le comportement de quelques personnes qui privilégient leur ambition, leur image, mais qui n’ont jamais privilégié l’intérêt général et de la famille politique qui est la notre, la droite, et la Corse.
 
C'est à dire ?
 - Je vous disais tout à l’heure que nous étions en pleine Semaine Sainte, mais vous savez aussi que le Christ a été trahi par les siens et est ressuscité trois jours après. J’ai toujours bon espoir … »
 
Qu’allez-vous faire après ?
- Il va de soi que je ne vais pas laisser de côté ce genre de manœuvre aux yeux de tous. Les gens ne comprendraient pas. Il est clair qu’avec mes colistiers, nous allons tenter un recours au tribunal administratif pour que la justice triomphe et la démocratie en sorte grandie. Je n’ai pas encore pris la décision pour savoir quel genre de référé nous allons faire, notre réunion nous permettra de le faire. Quoi qu’il en soit, l’institution sera bloquée quand même. J’ai demandé un vote à bulletin secret pour bien mettre en évidence que nous étions à égalité et que lors des prochains débats qui vont avoir lieu dans cette institution, s’il n’y a pas de majorité, il ne peut y avoir de fonctionnement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai insisté pour qu’il y ait vote à bulletin secret. Le président aurait du prendre ses responsabilités. Avec un peu de bonne volonté, on aurait pu trouver un compromis, une issue pour éviter de bloquer l’institution. Vous avez bien vu qu’à travers leur comportement, ce n’est pas le fonctionnement d’une institution qui les intéresse, c’est tout autre chose. 
 
- Regrettez-vous aujourd’hui de ne pas être plus âgé ?
-Très sincèrement, je n’ai jamais fait de la politique simplement pour pouvoir exister. J’ai toujours fait de la politique avec pour but de me mettre au service des autres, de rassembler ma famille politique. Voir ce genre de spectacle aujourd’hui me désole à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Ce n’est pas mon tempérament, je connais mon caractère et j’ai été élevé avec certaines valeurs. Mon grand-père me disait toujours : « celui qui se sert du cerveau des autres, le sien il peut le frire. » Aujourd’hui, dans une situation où j’aurais été le plus âgé, je ne me serai pas présenté. Je vous le dit de façon la plus naturelle possible. Je n’aurai pas insisté. »
 
Propos recueillis par J.F.