Corse Net Infos - Pure player corse

Euthanasie et suicide médicalement assisté : les députés corses interpellés par l'ADMD


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 23 Mars 2021 à 09:57

Dans une lettre adressée aux députés corses, Christiane Muretti, déléguée régionale adjointe de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), demande à ce que ceux-ci votent pour la proposition de loi visant la légalisation de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté qui sera présentée à l'Assemblée Nationale le 8 avril prochain.



Christiane Muretti milite depuis des années pour la légalisation de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté en France. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Christiane Muretti milite depuis des années pour la légalisation de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté en France. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
« Pourrons-nous un jour avoir le choix de notre fin de vie ? Avoir le choix de mourir de manière digne et libre ? » C’est la question que se pose Christiane Muretti, déléguée régionale adjointe de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).

Cette question elle l’a d’ailleurs posé aux députés Corses en leur demandant de voter la proposition de loi du député de la Charente-Maritime Olivier Falorni qui sera examinée le 8 avril prochain par l’Assemblée Nationale dans le cadre d’une niche parlementaire du groupe Libertés et Territoires.

Cette proposition de loi vise à autoriser aussi bien l’euthanasie que le suicide médicalement assisté. Dans le cadre de l’euthanasie c’est le soignant, à la demande d’un patient atteint d'une maladie incurable qui provoque la mort pour mettre fin à ses souffrances. Pour le suicide médicalement assisté le patient prend lui-même la dose de produit prescrite pour se donner la mort.

La réponse favorable de Michel Castellani et de Jean-Félix Acquaviva

« Ces deux députés m’ont répondu favorablement quelques heures après avoir reçu mon mail, précisant d’ailleurs qu’ils étaient cosignataires de cette proposition de loi » explique Christiane Muretti. Si la cause semble acquise de côté-ci, c’est tout l’hémicycle de l’Assemblée Nationale qu’il faudra convaincre avant de voir la proposition de loi être examinée par le Sénat. Ce dernier l’avait d’ailleurs rejetée le 11 mars dernier.

La partie ne semble pas gagnée d’avance et Christiane Muretti le sait : « le Sénat refusera la loi encore une fois mais il faut continuer à mettre le sujet sur la table car il y a une réelle prise de conscience. Si le président de la République Emmanuel Macron y est opposé, d’autres élus comme Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon sont pour ».

Pour l’heure il faut continuer à communiquer et à convaincre et Christiane Muretti compte bien y associer la classe politique corse : « dans un deuxième temps nous allons demander aux sénateurs et aux partis politiques corses de donner leur position. Je pense aussi que cette question devrait être un point crucial du programme des candidats aux élections territoriales à venir ainsi que de celui des présidentielles de 2022 ».

L’Eglise et les médecins comme ultimes obstacles ?

Christiane Muretti en est convaincue, la population est en grande majorité convaincue qu’il faille autoriser l’euthanasie et le suicide médicalement assisté en France : « depuis de nombreuses années les sondages donnent un niveau d’adhésion de plus de 90 % des français. Je l’ai moi-même constaté en parcourant la Corse grâce aux évènements organisés par l’ADMD ».

Reste à convaincre l’Eglise qui voit d’un très mauvais œil le fait de se donner la mort. La Bible considère le suicide comme un meurtre contre soi-même, enlevant toute part de décision au Divin. Autre dogme réfractaire, celui de la médecine. Pour Christiane Muretti « les médecins estiment que c’est à eux de décider si un patient doit mourir ou pas, tout en essayant de tenter tout leur possible pour guérir. Mais dans le cas de maladies incurables, ce choix doit être laissé aux patients et les médecins en prennent de plus en plus conscience ».

La question fait d’ailleurs débat chez nos voisins Italiens et Allemands quand la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas, le Luxembourg et dernièrement l’Espagne ont déjà autorisé la pratique. La France suivra-t-elle ?