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Assises de la Haute-Corse : les deux gardiens de la prison de Borgo attaqués à l'arme blanche ont vu "arriver la mort"

Affaire Morad Akaouch


La rédaction avec AFP le Vendredi 19 Novembre 2021 à 07:25

"Je vois arriver la mort...", "je sens le feu, la lame": les deux gardiens de la prison de Borgo, Gino Orsatti et Antoine Orsini, agressés en 2018 par le détenu Morad Akaouch, ont fait revivre ce jeudi 17 novembre aux jurés de la cour d'assises de la Haute-Corse leur attaque à l'arme blanche.



Le palais de Justice de Bastia
Le palais de Justice de Bastia
Le 19 janvier 2018, Morad Akaouch avait gravement blessé deux gardiens de la prison de Borgo , en les frappant à de multiples reprises à la tête, au niveau des cervicales et aux clavicules.
Ce jeudi, quatrième jour du procès, à la barre, Gino Orsatti, en pleurs, la gorge nouée, a plongé les jurés dans la scène de l'agression: "je sens le feu, la lame qui me tape sur les os. Je n'en peux plus. Je suis tellement épuisé, les jambes ne tiennent plus, j'ai du sang dans la bouche, dans les yeux. J'attends que ça s'arrête. Je n'ai pas voulu voir la vidéo et je ne la verrai jamais."
L'autre surveillant, Antoine Orsini, a fait revivre l'attaque à la cour sans laisser transparaitre d'émotion jusqu'à ce qu'il se mette à crier au milieu de son témoignage : "arrête ! arrête ! arrête !" comme s'il s'adressait à Morad Akaouch le jour fatidique. "J'ai les mains ouvertes, il s'acharne, il frappe. J'entends Allah Akbar et des versets du Coran lorsque je suis au sol. Je vois arriver la mort et je me dis ça y est, c'est aujourd'hui", relate-t-il dans une colère froide.
Venu dans sa tenue d'agent pénitentiaire comme son collègue, il a assuré que l'accusé "avait un couteau dont le manche était entouré d'un morceau de tissu", contredisant la version de Morad Akaouch qui faisait état d'un "morceau de fer".
Les deux gardiens ont aussi tenu à répondre à l'accusé, qui, après leur avoir "demandé pardon" au premier jour du procès, avait expliqué son acte par le fait d'avoir été "harcelé" par les surveillants.
"Je pensais venir ici en tant que victime", a déploré Gino Orsatti. "On me dit que je suis menteur, raciste, trafiquant. Voilà où j'en suis aujourd'hui. Je suis calme et réservé d'habitude mais je suis brisé à l'intérieur. Si je n'avais pas eu la psychologue, ça serait fini", livre-t-il la voix tremblante. Les deux gardiens avaient reçu 11 et 13 plaies, chacun ayant "deux plaies profondes" même s'ils "n'avaient pas eu leur pronostic vital engagé", avait témoigné le médecin légiste qui les avait examinés après les faits.
Jeudi matin, plusieurs experts ont décrit Morad Akaouch comme susceptible de "surréagir", tout en étant "indemne de troubles mentaux majeurs". 

Les réquisitions et le verdict sont attendus vendredi. Morad Akaouch encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
 





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