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Visite de François Hollande : Les réactions de la gauche insulaire


Nicole Mari le Samedi 5 Octobre 2013 à 20:13

Les propos tenus par le président de la République, François Hollande, vendredi, lors de sa venue dans l’île, ont satisfait trois représentants majeurs de la majorité territoriale, mais pour des raisons différentes. Réactions, pour Corse Net infos, de Paul Giacobbi, président de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse (CTC), d’Emile Zuccarelli, maire de Bastia, et de Simon Renucci, maire d’Ajaccio.



Le président de la République, François Hollande, sur la Place Saint-Nicolas à Bastia.
Le président de la République, François Hollande, sur la Place Saint-Nicolas à Bastia.
Paul Giacobbi, président de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse (CTC) :
Sur la demande de dialogue ? « Nous avons demandé au Président de la République qu’il ouvre le dialogue avec le gouvernement. Il a annoncé publiquement que le dialogue était ouvert. Il y a, bien entendu, des difficultés mais, à partir du moment où le dialogue est ouvert, y compris jusqu’au niveau du 1er ministre, c’est un élément extrêmement positif ».
Sur le statut de la langue corse ? « Le Président a dit qu’il était favorable à la Charte européenne des langues minoritaires. Il a ajouté qu’il y a un problème en France, aujourd’hui, puisqu’une partie de la classe politique, représentée au Parlement, déclare qu’elle ne votera pas, même ce qu’elle approuve ! Il faudra bien que ces personnes mettent en accord leurs paroles avec leurs actes ».
Sur la réforme constitutionnelle ? « Le président Hollande a dit, orbi et urbi, que la Corse était particulière au sein de la République avec ses spécificités. Il faut surmonter l’obstacle constitutionnel pour la Corse et pour d’autres choses d’ailleurs. Il faut mettre les gens face à leurs responsabilités. En attendant, nous préparons les choses et nous montrons à tous que ce que nous demandons est tout à fait raisonnable. Je faisais remarquer au Président que ce que nous demandons, aujourd’hui, est à peu près ce que demandait, pour la Corse, Alexandre Sanguinetti, il y a 30 ans ! On ne peut pas dire que nous soyons d’une audace folle ! ».
Sur le calendrier des rencontres ? « Des dates ont été fixées. Les rencontres commenceront dès la semaine prochaine avec le gouvernement. Dès que nous aurons avancé, nous verrons certainement le 1er ministre ».
 

Nicolas Alfonsi, Paul Giacobbi, François Hollande et Emile Zuccarelli à la mairie de Bastia.
Nicolas Alfonsi, Paul Giacobbi, François Hollande et Emile Zuccarelli à la mairie de Bastia.
Emile Zuccarelli, maire de Bastia :
Sur l’éloge présidentiel à son égard ? « François Hollande a présenté un discours de Président de la République, heureux d’être à Bastia, dans une ville républicaine qui marche bien. Il a salué le maire de Bastia dans des termes qui m’ont personnellement touchés, mais qui ne m’ont pas surpris parce que nous nous connaissons de longue date. Il y a 25 ans, j’étais moi-même parlementaire quand j’ai connu le jeune parlementaire François Hollande. Je sais qu’il connaît ma stabilité dans mes valeurs et mon engagement. Je connais également sa stabilité, ses valeurs et son intelligence ».
Sur la visite elle-même ? « C’était, d’abord et avant tout, une fête du souvenir et de la reconnaissance de la France envers la Corse, 1er département métropolitain libéré, et envers ceux qui sont tombés pour cette libération, sans oublier les Marocains qui ont payé un lourd tribut et qui étaient à l’honneur, aujourd’hui ».
Sur les propos concernant les dossiers corses ? « In fine, François Hollande a évoqué quelques problèmes insulaires dans des termes qui n’étaient ni négatifs, ni surprenants. Il a dit que la Corse ne devait pas être une terre de repli sur elle-même, mais une terre d’ouverture et de développement. Il a même failli dire : une terre d’excellence. Il l’a pensé si fort que je l’ai entendu ! Cela dit, il a rencontré des élus à Ajaccio qui lui ont parlé de beaucoup de choses. S’il y a des problèmes législatifs, il faut les regarder, les déterminer, en parler, mais pas les mettre en amont des vraies questions que sont le logement, l’emploi, la défense de l’environnement et, même pourquoi pas, le développement de la langue. C’est le discours d’un François Hollande comme toujours, ouvert et pragmatique ! ».
 

Simon Renucci et François Hollande à la mairie d'Ajaccio.
Simon Renucci et François Hollande à la mairie d'Ajaccio.
Simon Renucci, maire d’Ajaccio :
Sur la réforme constitutionnelle ? « La visite de François Hollande a apporté un grand espoir pour la Corse par l’attention qu’il porte aux attentes de la CTC et à la délibération concernant une évolution constitutionnelle. C’est aussi un grand message d’espoir pour tous les hommes de progrès. En prenant acte de la décision de la CTC et en étant ouvert à ses propositions, François Hollande est le digne successeur de François Mitterrand, de son « Corse, soyez-vous mêmes ». Le débat doit avoir lieu au Parlement dans le droit fil des évolutions statutaires octroyées par la gauche ».
Sur les Arrêtés Miot ? « François Hollande tient compte de la fiscalité des successions puisqu’il propose d’étudier la possibilité de remplacer les Arrêtés Miot, qui ont été abrogés grâce au vote des élus UMP, par une solution pérenne, constitutionnelle, bien adaptée au cadre de la France ».
Sur sa visite à la mairie d’Ajaccio ? « Nous sommes heureux de cette visite. François Hollande nous a apporté, à la fois, sa convivialité, un message de fraternité et de liberté et la conviction forte que la France est près de tous les citoyens. C’est une forme d’espoir pour Ajaccio qui a reçu, du Président, une attention particulière. Un espoir porteur puisqu’il met comme priorité : le développement économique ».
Sur les cadeaux faits à la mairie d’Ajaccio ? « Il n’y a pas de cadeau ! Par sa visite, le président s’est, simplement, soucié de reconnaître qu’Ajaccio a été la 1ère ville métropolitaine libérée. Il nous donne aussi le moyen d’étudier les modalités d’une fonctionnalité de la citadelle qui nous avait normalement été octroyée et nous a été reprise à cause des élus de la CTC à l’époque où la droite était majoritaire. Nous verrons bien dans quelles conditions, mais le débat est ouvert. Le président a la volonté d’aller dans ce sens et d’apporter, aussi, une décision définitive concernant la construction de l’hôpital d’Ajaccio. Cette décision, qui est très attendue, est le fruit d’un travail. François Hollande a joué son rôle de président, un président juste, qui traite les territoires avec équité et qui aime, certainement, Ajaccio et la Corse ».
 
Propos recueillis par Nicole MARI