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Sylvie Iozza-Giorgi : Parcours d’une femme hors du commun qui combat sa maladie grâce à la musique et au chant


Caravone le Vendredi 8 Janvier 2016 à 23:19

Souvent la vie décide pour vous, même si vous pensez avoir tout maitrisé… et en ce sens, le parcours de Sylvie Iozza-Giorgi n’est pas banal, loin s’en faut.



Sylvie Iozza-Giorgi : Parcours d’une femme hors du commun qui combat sa maladie grâce à la musique et au chant
Cette préparatrice en pharmacie pensait sans doute comme tout un chacun que la vie est un long fleuve pas toujours tranquille certes, mais qui suit son cours imperturbablement. Elle est aussi une sportive convaincue et résolue. En effet alors qu’elle ne se lance dans cette discipline qu’à l’âge de 23 ans, elle obtient rapidement des résultats remarquables en compétition. Elle  sera plusieurs fois sacrée championne de corse dans sa catégorie  et  obtiendra même le titre d'arbitre régional FSGT.
Tout baigne. Et puis patatras elle tombe malade… plus rien ne va.  Elle attendra  5 années pour qu’enfin le diagnostic tombe comme un couperet : Elle est atteinte d’un cancer des glandes salivaires annexes. Elle va subir une très lourde opération dont elle se remettra lentement. Mais cet épisode dramatique n’entamera en rien sa volonté d’aller de l’avant de se dépasser de se surpasser
Pour ne pas rester sans rien faire. 

Sa chorale, sa bataille

Sylvie et Carlotta Rini
Sylvie et Carlotta Rini
La fonceuse Sylvie Iozza-Giorgi ne renonce jamais. Il faut qu’elle bouge. Elle occupe sa tête, surtout penser à autre chose qu’à sa maladie, s’occuper, lire, chanter…  D’ailleurs, elle chante tout le temps, et elle chante juste, elle aime chanter…  A cette époque un film bat tous les records d’audience : « Les choristes ». Bingo ! Ça lui donne une idée, et si dans son village de Brando, elle créait  une chorale ? Certes, elle n’a aucune expérience en la matière, mais les défis c’est son expédient. Elle vient de subir une opération mutilante, mais heureusement ses cordes vocales ne sont pas touchées. Parallèlement Elle obtient même sa ceinture noire de judo, pour se prouver qu’elle est encore là, bien vivante.
Elle se lance dans cette nouvelle aventure. Elle s’adresse alors à des enfants de 7 à 13 ans… elle y puise des forces et des satisfactions qui la comblent. Elle a choisi sa bataille. Dans cette chorale elle puise sa force.  Le résultat est si brillant, que les petits choristes de Brando « E Farfalle » sortent un premier CD en 2007 sous les conseils d’un ami qu’elle  a connu au cours d’un concert au festival des Deux Sorru, Bertrand Cervera premier violoniste à l’orchestre de France. Le CD connaît un beau succès et 2 euros sont reversés à la ligue contre le cancer, tout comme le second CD  « Aqua Linda » qui paraitra en 2010 avec une chorale d’enfants de 11 à 18 ans.
Et c’est d’ailleurs dans cette chorale qu’elle va découvrir une  vraie pépite : Carlotta Rini, cette jeune fille douée joue de la guitare et compose des textes, et qui plus est possède  un très beau timbre de voix. Depuis Carlotta poursuit une carrière en solo.
« Aqua Linda »   d’ailleurs est composé de reprises et de créations de Carlotta Rini. Un concert pour la sortie de cd au théâtre de Furiani  est un succès retentissant, et à cette occasion, ses élèves lui rendent un hommage émouvant.

Remarquée elle intègre le conservatoire de Corse

En concert à Tallone
En concert à Tallone
« Au début de la création de la chorale des enfants, explique-t-elle,  je faisais partie du groupe des Macchjaghjoli, j’y ai apprécié notamment les partages avec des chorales d’autres régions. »  C’est ainsi qu’au cours d’un concert, une personne remarque sa voix de soprano, c’est Anne-Marie Grisoni professeur de chant au  conservatoire de Corse. Impressionnée, elle  demande à Sylvie si elle ne veut pas intégrer le conservatoire. Elle accepte et quitte les  Macchjaghjoli. A son  audition Sylvie qui chante sans avoir véritablement appris crée la surprise. Trois mois après elle fait déjà des solos. Puis elle passe les cycles et les examens obligatoires et finalement elle obtient son UV de chant lyrique et UV de musique de chambre.
Là où elle diffère c’est qu’elle est passionnée d’anatomie et du corps humain et l’appareil phonatoire la passionne. La première des choses qu’elle enseigne à ses élèves,  concerne un minimum d’informations sur l’appareil phonatoire : comment l’air passe comment exploiter cela etc…


Mais Sylvie cherche d’autres défis. Elle s’essaye au violoncelle,  c’est un art difficile,  mais les challenges, elle court après et là encore elle gagne. On la verra  au Festival de Moïta  avec le chœur d’enfants.  Concerts lyriques d’airs d’opéra et de mélodie : elle est multiple. Elle crée des stages réguliers pour enfants et adultes qui affichent complet et notamment à Tallone. Au cours d’un concert d’airs sacrés à Tallone justement, elle enflamme le public.
 

Et puis la maladie la rattrape…

Au violoncelle
Au violoncelle
Cette autodidacte, dictée par la passion, est partout. On la voit dans de nombreuses associations culturelles notamment à Brando, elle fait partie du staff du festival d’Erbalunga, ou encore aux musicales de Bastia.
Omniprésente, elle veut encore une fois gagner sa nouvelle bataille, plus complexe cette fois, car aujourd’hui, elle est atteinte d’une maladie incurable qui détruit les os de son crâne.  Elle ne se projette pas dans l’avenir, elle savoure chaque jour avec délectation, malgré sa maladie, elle  vit à fond et avec optimisme. La musique, le chant, la scène, sont ses thérapies.
Elle a fait sienne ce précepte d’un grand général : « Quelles que soient les difficultés, tout vaut mieux que d'être mis hors de combat sans combattre ».  
Une belle leçon de courage !