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Surélévation du lycée maritime de Bastia : " Un projet néfaste à plusieurs titres" pour les associations du quartier de la citadelle


le Mercredi 31 Mai 2017 à 12:20

Le collectif Salvemu a Citatella et l'association La Citadelle ne sont pas contents et il le font savoir. L'objet de leur courroux ? Le projet de surélévation du Lycée maritime de Bastia. Pour les deux associations outre le fait que le "bâtiment projeté est insuffisant pour une filière à développer, il achève de détruire le site historique de la Citadelle et représente même un danger pour l'environnement et la sécurité". Explications développées à dessein à l'attention des candidats aux élections législatives de la 1ère circonscription de Haute-Corse.



Surélévation du lycée maritime de Bastia : " Un projet néfaste à plusieurs titres" pour les associations du quartier de la citadelle
Aujourd'hui les adhérents du collectif Salvemu a Citatella et l'association La Citadelle  ne mâchent leurs mots pour dire leur sentiment à propos du projet.
"La situation actuelle du lycée maritime Jacques-Faggianelli est notoirement insatisfaisante et honteuse à plusieurs titres. 
Cet établissement, qui relevait jusqu'ici du Ministère de la Mer, est aujourd'hui hébergé dans un ensemble de cages à poules en amiante-ciment  édifiées sans expropriation par l’État entre 1964 et 1967 sur un site d’une beauté remarquable, à proximité des remparts pourtant inscrits à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1935, un hangar en parpaings ayant même été récemment construit  directement sur les murs. 
Ce lycée est devenu exigu et inadapté pour les enseignements qui y sont aujourd’hui dispensés et pour l’accueil de lycéens toujours plus nombreux, freinant ainsi le développement de la filière maritime pourtant cruciale pour la Corse. Quant à l'aquaculture, disparue, elle ne figure plus que dans l'intitulé du Lycée.
En 2008, à l’occasion d’un transfert de compétences, l’État a cédé cette verrue à la CTC, se déchargeant ainsi sur cette dernière d’une responsabilité qu’il n’avait jamais assumée."


"Après de longues années d’inertie, la CTC a enfin voté un projet de réhabilitation" se félicitent .Collectif Salvemu a Citatella et l'Association La Citadelle
"Malheureusement, au motif que les financements obtenus, notamment de la part de l’État, sont réduits, ce projet est inadapté pour un établissement d'enseignement, et ruinera définitivement le plus beau site de Bastia. 
La naturelle vocation portuaire de la ville, si proche des côtes italiennes et du Sud-Est de la France, ainsi que la volonté de la Corse d’affirmer sa place dans le trafic méditerranéen nécessitent la construction d’un lycée maritime digne de ce nom, pas un rafistolage d’une mauvaise bâtisse dans un lieu exceptionnel chargé d'Histoire, balcon de Bastia sur l'archipel toscan et vitrine de la ville depuis la Mer et le Vieux Port
."

Le saccage irrémédiable d'un site historique

Pour le collectif Salvemu a Citatella et l'association La Citadelle" la construction de cet établissement constitue une aberration urbanistique, paysagère, architecturale et environnementale très grave".
Cela a été une erreur d'édifier "L'Ecole de Marine" à cet endroit, il y a cinquante ans, outrage visuel à l'harmonie de la Citadelle que cette verrue sur des remparts du XVIe siècle. 

Le saccage se poursuit encore car un hangar à moteur de bateaux vient d'être surélevé tout récemment pour être converti en bâtiment d'exercices de lutte contre les incendies à bord des navires. Construit en parpaings, il continue la dégradation du site. 

Rien n'aura donc été épargné à cette malheureuse Citadelle dont les remparts avaient pourtant fait l'objet d'une inscription à l'inventaire des Monuments Historiques en 1935. 

À notre grand étonnement, toutes nos démarches auprès de l'architecte des bâtiments de France sont restées lettre morte, malgré la création d'un Collectif de défense et la collecte de près de 700 signatures. Mieux, il nous a fait croire que notre action avait fait rétablir le Chemin de ronde disparu, alors que ce simulacre de déambulation n'est que la voie d'évacuation et de secours en cas d'accident dans le bâtiment de lutte contre l'incendie.


La vocation de la Citadelle est de devenir piétonne dans son ensemble, seul le haut du quartier bénéficie actuellement de ce statut. Or, le fait d'augmenter emprise immobilière et circulation de véhicules à quatre et deux roues va empêcher cette piétonnisation attendue depuis longtemps, donc la requalification du quartier. Projet d'ailleurs d'autant plus nuisible qu'il condamne la réouverture promise depuis longtemps du Chemin de ronde, annexé par le Lycée, et qu'il dissimule aux yeux de tous le phare du XIXe siècle, dit "Feu du Dragon", désaffecté aujourd'hui, témoin patrimonial de valeur lui aussi.

Ainsi est stérilisé un lieu de promenade exceptionnel, tant pour les promeneurs locaux que pour les touristes qui, à la recherche d'un débouché sur la mer, viennent à longueur de journée buter sur les murs aveugles du Lycée."


L'inadaptation dun établissement scolaire

"Ce projet manque d'ambition et ne convient pas à un lycée du XXIe siècle. Notre jeunesse a le droit d'avoir un outil à la hauteur de ses espérances" expliquent les responsables des associations..  
Douze lycées maritimes existent en France, la région méditerranéenne n'en possède que deux, le lycée Paul-Bousquet de Sète et le lycée Jacques-Faggianelli de Bastia. C'est peu pour une filière aussi porteuse. Aussi, l’avenir, pour Bastia, c’est un bâtiment neuf et performant à tous les points de vue. Or ce qui nous est proposé est une pauvre réfection d'un existant bien insuffisant. La direction du Lycée maritime, qui nous avait affirmé il y a un an et demi souhaiter mieux pour les élèves et le personnel, se dit aujourd'hui satisfaite de cette solution ! 

Il ne semble pas que toutes les autres pistes aient été véritablement explorées. La ville, nous le savons, est à même de proposer des terrains proches de la mer où construire un lycée maritime et son internat. La CTC nous oppose un manque de financements :  cette absence de combativité ou d'intérêt à propos d'une île et de jeunes en déshérence est affligeante de la part de l'Etat comme de la Région.

Dans Corse-Matin du 15 octobre 2015, deux enseignants du Lycée exposaient clairement que "toutes les perspectives d'avenir sont bloquées" et qu' "il n'y a pas d'avenir à la Citadelle" où des options d’apprentissage doivent être abandonnées. 

Or la création du Parc marin devrait ouvrir de nombreuses perspectives de formation qui risquent ici de ne pouvoir être offertes, faute de place pour accueillir salles et matériel. Ces enseignants en appelaient à la création d'un vrai pôle maritime.

Cette filière d'avenir, où 80 % des élèves trouvent un débouché professionnel, ne peut certes se contenter d'un local aussi modeste, devenu obsolète plus d'un demi-siècle après. Mais la création de dix salles de cours ne fera pas de cet établissement un véritable lycée, comparé à ceux de l'Hexagone.


L'amiante

"Un autre souci majeur est la découverte de la présence d'amiante-ciment dans les locaux du Lycée maritime" ajoutent le collectif . 
Un rapport de la société d'expertise Corsimmex, établi en 2008, lors de la cession du Lycée maritime par l'Etat à la Région, conclut à la présence d’amiante, et notamment d’amiante-ciment dégradé par endroit. Le rapport Corsimmex est même lacunaire, l'opérateur consignant que de nombreux locaux n'ont pu être visités. Il n'a pas été possible à notre association de savoir si l'ancien  hangar, qui a fait l’objet d’une surélévation l'été dernier pour être transformé en bâtiment de lutte contre les incendies à bord des navires, a été expertisé ou pas. Nous avons même été condamnés par le Tribunal Administratif pour avoir déposé un recours prétendument incongru!
Le projet de surélévation ne mentionne ni le danger d'intervenir sur cet amiante dégradé, ni un inévitable projet de désamiantage."

 

Quelle sécurité dans un cul-de-sac ?
Enfin, pour collectif Salvemu a Citatella et l'association La Citadelle, les plus vives inquiétudes existent quant à la sécurité du site. 
"Déjà, aujourd'hui, les élèves arrivent en deux-roues sans respecter aucune règle de  prudence, pour eux comme pour les riverains qui sortent de chez eux, sur des passages étroits, ceux de la rue du Chjostru, où n'existent pas de trottoirs. Cette même rue n'offre de circulation que sur une seule voie, deux voitures ne peuvent donc s'y croiser, est-ce ainsi que l'on parvient à un établissement d'enseignement ?
D'autre part, ces voies d'accès au Lycée, trop exiguës, ne sont pas réglementaires pour les véhicules de secours, de même que les possibilités d'évacuation en cas de sinistre sont difficiles ou impossibles, l'endroit étant enclavé.
Faudra-t-il vivre sous la menace d'une nouvelle catastrophe de Furiani où la commission de sécurité avait, par trois fois, émis en vain un avis négatif ?
"Bastia et la Corse attendent des réalisations ambitieuses non des replâtrages de fortune"
estiment, enfin,  le collectif Salvemu a Citatella et l'association La Citadelle. Basta quella di u baccalà per Corsica !"