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Serge Linale : « Nous avons, à Bastia, décidé de lancer une action forte pour lutter contre la précarité »


Nicole Mari le Samedi 30 Septembre 2017 à 19:02

Amplifier l’action sociale, anticiper l’avenir avec l’avènement de la collectivité unique et le changement de braquet politique, et mettre en place une stratégie de lutte contre la précarité. C’est l’objet du Schéma directeur de l'action sociale présenté par la municipalité de Bastia lors du conseil municipal de mardi dernier. Ce schéma, le premier du genre pour la Ville, a été piloté par Serge Linale, conseiller municipal, adjoint délégué à la cohésion sociale, aux liens intergénérationnels et au logement social, qui en détaille, pour Corse Net Infos, les grands axes et les priorités.



Serge Linale, conseiller municipal, adjoint au maire de Bastia, délégué à la cohésion sociale, aux liens intergénérationnels et au logement social.
Serge Linale, conseiller municipal, adjoint au maire de Bastia, délégué à la cohésion sociale, aux liens intergénérationnels et au logement social.
- Quelle est la place donnée à l’action sociale à Bastia ?
- L’action sociale est importante dans le contexte d’une ville qui concentre 95% des logements sociaux de l’agglomération, où le revenu médian de la population est faible, et où les séniors sont en grand nombre et en progression. Le service social de la ville accomplit déjà une mission remarquable. En 2016, il a accueilli 7400 personnes pour des demandes d’aides, des questions de surendettement, d’accès au logement, d’insertion sociale et autres difficultés. Le Centre communal d’Action sociale (CCAS) a accordé, toujours en 2016, 160 000 € d’aides financières d’urgence et consacré 104 000 € à l’aide au paiement des frais de cantine. Il a œuvré dans le lien social en organisant et finançant des actions souvent à destination des anciens comme des lotos, des sorties, le réveillon, des animations avec orchestre, la distribution de colis de Noël… La ville soutient également les associations œuvrant dans ce domaine en leur allouant une enveloppe annuelle de 53 000 €.
 
- Dans ce cas, pourquoi avez-vous élaboré un Schéma directeur de l’action sociale ?
- Pour plusieurs raisons. Nous avons, à Bastia, décidé de lancer une action forte pour lutter contre la précarité. Les actions doivent être amplifiées. Il faut, aussi, anticiper l’avenir. Dès notre arrivée aux responsabilités municipales, nous avons souhaité clarifier le circuit d’attribution des aides. Aujourd’hui, les demandes passent systématiquement par un travailleur social et la décision est arrêtée par une commission constituée de membres du conseil d’administration du CCAS, alors que, sous les mandats précédents, l’adjoint concerné pouvait attribuer directement des aides. D’autres points d’amélioration ont été identifiés, ils nécessitent une action forte et d’être inscrits dans un programme d’actions structurées.
 
- Quels ont été les principes d’élaboration de ce programme ?
- Les principes de travail sont, notamment, de favoriser l’éducation et l’accompagnement dans l’aide, pas seulement de distribuer des fonds. Il s’agit, aussi, de décloisonner tous les volets de l’action sociale qui se retrouvent dans différentes actions municipales : politique de la ville, éducation, santé, etc. Mais surtout, il faut mettre en synergie tous les acteurs, associations, institutions, et s’inscrire en cohérence avec l’évolution institutionnelle majeure que constitue la mise en place de la collectivité unique.
 
- Concrètement, que contient ce Schéma ?
- Nous avons mis des moyens pour effectuer un diagnostic en collaboration étroite avec les agents du service et les acteurs extérieurs. Nous déclinons ce schéma autour de quatre axes majeurs : les personnes âgées et les personnes en situation de handicap, le logement social, le soutien aux personnes et familles en difficulté, enfin la concertation avec les professionnels, la coordination des acteurs, l’analyse des besoins et l’évaluation systématique des actions. Les actions sont formalisées sous forme de fiches action chiffrées et planifiées. Par exemple : la mise en place d’aides à la mobilité, l’accès à un service de portage de repas à domicile pour les plus démunis, la mise en place d’une épicerie éducative, l’accès à une mutuelle santé...
 
- Le logement social est un des axes forts de ce projet. La question des critères d’attribution a été soulevée en conseil municipal. Quel est le rôle de la Ville ?
- Le service du logement accueille et accompagne dans leurs démarches près de 900 personnes par an en recherche d’un logement. La Ville participe aux commissions d’attribution et joue un rôle actif dans toutes les commissions, auprès des bailleurs et de l’Etat. Notre objectif est d’aboutir à une définition claire des critères d’attribution, à leur cotation dans les processus d’attribution, ainsi qu’à l’examen exhaustif des demandes par la mise en place d’outils communs adaptés. L’équité, la transparence et l’information sont, pour nous, des droits fondamentaux. Une connexion forte entre le service du logement et le service social est un levier essentiel dans la connaissance des personnes en difficulté et le traitement de la mixité.
 
- Ces démarches ne nécessitent-elles pas beaucoup de moyens ?
- En effet, mais ces moyens doivent être optimisés par la coordination de tous les opérateurs. Nous souhaitons procéder par appels à projets dans la mise en place des actions. De plus, la ville assure historiquement, sans compensation financière, un accompagnement de certains publics pour la mise en œuvre de l’aide légale, alors que cette fonction relève du département. Nous comptons sur un travail étroit avec la nouvelle Collectivité de Corse pour traiter cette problématique et, plus largement, anticiper l’organisation de l’aide sociale sur le territoire entre les futures collectivités.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.