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Ségolène Royal et les déchets : La solution passe par Tallone 3. Centre de Giuncaggio, c’est non !


Jean-François Vinciguerra le Lundi 13 Juin 2016 à 17:43

Le traitement des déchets ménagers en Corse. Voilà le sujet d’actualité du moment, celui qui nous dirige tout droit vers la crise, laquelle tous, sans exception, veulent éviter à tout prix à quelques jours de l’ouverture de la saison estivale. La réunion qui se tenait lundi matin à la préfecture de région, en présence de Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, des présidents de l’Exécutif et de l’Assemblée de Corse ainsi que les élus de l'île, s’est avérée constructive et laisse augurer des lendemains rassurants avec la création d’une économie circulaire autour du traitement intelligent des déchets



A conditions que toutes les collectivités s’engagent fermement sur ce plan qui pourrait être mis en place avec des aides qui pourraient se situer autour de 70%. Ce qui signifie en clair que l’exportation vers le continent -  trop onéreux - ne sera plus d’actualité et la création d’autres sites d’enfouissement se mettent en place. La ministre n’a fait que suivre ce que la CTC avait d’ores et déjà écarté depuis bien longtemps. Elle s’est exprimée sur ce point tout comme Gilles Simeoni l’a également fait au sortir de la réunion. En clair, c’est aux préfets qu’échoit le devoir d’entamer une grande concentration avec les centres de Prunelli di Fiumorbu, Vico et Viggianello et cela dans des délais rapides afin d’éviter ce que l’on redoutait depuis plusieurs mois, la crise de début de saison, avec, cela de soi soit, la création rapide de centres d’enfouissement, comme celui de Tallone 3. D’ailleurs, dès lundi, des travaux vont débuter sur le site de Tallone 1 jusqu’à ce jour fermé, afin de pleinement le sécuriser pour éviter les nuisances. Autre affirmation de Ségolène Royale, la création d’un CET à Giuncaggio n’est plus d’actualité.


L’Etat prendra toutes ses responsabilités
10 h 30 13 h 10, que ce fut long, que d’attendree dans le hall de la préfecture de région, jusqu’au moment où Ségolène Royale apparut, avec un large sourire qui pouvait s’apparenter à une première déclaration du genre : « Soyez confiants, on va y arriver… » Très attendue, elle s’est aussitôt adressé aux médias de la région :
« Nous sortons d’une excellente réunion de travail avec des élus très mobilisés et très unis sur, à la fois, les problématiques d’urgence et les problématiques de fonds. Nous avons écouté l’exposé du président Gilles Simeoni sur le projet structurant du traitement des déchets et surtout de la mise en place de l’économie circulaire en l’application de la loi de transition énergétique, nous avons également entendu les autres présidents de la CAPA et de la CAB et j’en conclue les choses suivantes :
- Premièrement, c’est que le territoire de la Corse est en train de se doter d’un plan exemplaire de traitement des déchets, de réduction des déchets à la source, d’économie circulaire  - vous savez que dans le futur les déchets seront considérés comme une valeur - les déchets des uns deviennent les matières premières des autres, c’est ce qu’on appelle les territoires zéro déchet. Tout est recyclé, tout est valorisé, c’est l’idéal à atteindre comme cela est précisé dans le plan de la collectivité. Il faut donc mobiliser l’ensemble des filières économiques qui produisent des déchets ainsi que les particuliers. Ce processus va être accompagné par l’Etat dans la mesure où toutes les subventions concernant le traitement des déchets peuvent être versées jusqu’à 70% de la prise en charge du coût, ce qui signifie que ce sont les forces vives du territoire qui doivent se mobiliser. Je pense en particulier à l’urgence que constitue le traitement des déchets organiques, alimentaires, ce qui provoque des odeurs dans les centres de stockage. Ces déchets alimentaires peuvent produire du compost. C’est vraiment le projet d’économie circulaire le plus évident, le plus rapide, à condition que tout le monde s’y mette. C’est impératif, car cela permet de diminuer les coûts, les nuisances, le volume des déchets et une façon de produire de la matière première de la valeur ajoutée et en particulier du compost (culture, agriculture, jardin…)

La situation d’urgence : nous avons écouté les maires des communes concernées, nous avons trouvé sur la proposition des élus des solutions d’urgence. Ce sont les préfets, en dialogue avec les maires, qui vont prendre ces responsabilités. Les capacités étant atteintes à la fin juillet, Il s’agit soit d’exporter massivement les déchets - il y a je crois un rejet de cette éventualité -  soit la prise en compte de la situation, à savoir régler en même temps l’urgence et la structuration de fond qui va permettre la réduction du volume des déchets à la source. L’Etat prendra toutes ses responsabilités ; il va appuyer cette volonté territoriale que je salue et cela est unique sur un territoire qui se dote d’un plan structurant qui peut à la fois démarrer de suite et qui structure les années à venir autour de la valorisation de la réduction des déchets. Je tiens à saluer ce travail qui a fait l’unanimité autour de la table. C’est parce qu’il y a ce plan structurant qui va donner aux habitants qui reçoivent sur le territoire de leur communes les centres de stockage, que je peux leur apporter la garantie que l’augmentation provisoire du volume qui va être mis en place n’est que provisoire.
-Je vous annonce que suite à mon entretien téléphonique avec le maire de Tallone - qui ne pouvait être présent aujourd’hui - que les travaux commencent lundi et que c’est dans ca cadre là que le nouveau projet de Tallone 3 va faire l’objet d’une délibération du conseil municipal de Tallone avec, évidement, les compensations et les financements qui vont avec. Voilà une solution pour répondre à la crise mais cette solution trouvée s’accompagne de la mise en place du plan de la Collectivité, de la responsabilisation de l’ensemble des filières concernées. Je souhaite en particulier, parce que c’est l’application de la loi de transition énergétique, que les filières de la restauration et de mette en place le tri des déchets alimentaires, c’est cela qui crée le plus de nuisances et qui peut rapporter le plus de valeur ajoutée. Il faut que dès cet été, les fédérations de l’hôtellerie et de la restauration s’organisent pour effectuer ce tri des déchets à la source. Plus les habitants verront ces projets démarrer, plus la crédibilité s’installera et plus les solutions d’urgence seront acceptables.


Le projet de la CAPA mérite d’être souligné
Le projet de la CAPA, qu’en pensez-vous ?
« Il a le mérite d’exister, et c’est très important. Il y a à la fois un terrain et une volonté politique, un discours de responsabilisation tout à fait remarquable. Une collectivité urbaine accepte de prendre en charge le traitement de ses déchets est très important. C’est assez rare pour être souligné. Sur l’évolution technique, il y a une évolution des technologies rapide et donc il faut regarder de près les solutions qui rendent conciliable le plan conforme à la loi de diminution des déchets à la source  et en même temps la prise en charge et la liberté administrative d’une collectivité de savoir comment on peut gérer les déchets. Les choses ne sont pas totalement finalisées. L’Etat soutien la démarche de la communauté qui prend en charge la gestion de ses déchets mais ma responsabilité aussi c’est de m’assurer d’une allocation optimale des ressources publiques. Il faut que tout cela soit compatible. Je suis convaincue que nous allons trouver des solutions qui permettent de concilier la libre administration territoriale d’une collectivité urbaine et la cohérence d’un schéma global qui doit mobiliser des fonds publics importants. »


- Serez-vous présente pour le premier coup de pioche de Tallone 3 ?
Certainement. Je vais me rendre à Tallone en juillet prochain en espérant observer la mise en place définitive. Les arrêtés préfectoraux seront pris la semaine prochaine et les travaux sur Tallone commencent lundi. Au mois de juillet je viendrai voir concrètement l’application du processus de gestion de d’urgence qui a été décidé aujourd’hui.

Gilles Simeoni : un plan bien préparé

Le président du Conseil Exécutif semblait satisfait de ce qu’il appelait une réunion constructive. Il s’est exprimé à son tour au sortir de la réunion :
« Réunion constructive, c’est vrai, et cela sur plusieurs points :
Cette réunion a permis à Madame  la Ministre de réaffirmer son intérêt pour l’ensemble des questions environnementales en Corse et son implication dans la question fondamentale des déchets
Deuxième point, il y a un esprit de responsabilité partagé par tous les élus
Troisième élément, c’est que la Ministre a dit très clairement que l’Etat était aux côtés de la CTC pour permettre l’application pleine et entière du plan qui a été voté le 27 mai dernier. C’est le tri à la source et la valorisation des déchets ménagers. Ségolène Royal a dit clairement que ce plan était conforme à la tradition énergétique, mais surtout révolutionnaire et pionnier. C’est la première fois à l’échelle territoriale qu’un plan est voté. Donc, soutien de l’Etat à la collectivité et à la majorité qui a porté ce plan. Je rends hommage au travail de fond d’Agnès Simonpietri qui est en charge de ce dossier.
-Dernier point, essentiel également. On sait très bien qu’entre le moment où ce plan a été voté et le moment où il va pleinement produire ses effets, il y a une période de transition qui est difficile à gérer et qui risque de nous conduire à une crise annoncé voire inéluctable pour le mois de juillet. Nous avons réfléchi à cette problématique et il est aujourd’hui  acté d’une part que aller vers la crise était inenvisageable et que, d’autre part, le modèle d’exportation généralisé des déchets est totalement inacceptable parce qu’il serait constitutif d’une régression sur tous les plans. Il nous appartient de trouver une solution. Elle passe d’abord par la réduction des nuisances. Il faut que dès cet été, la CAPA et la CAB organisent un tri sélectif des déchets pour limiter l’apport dans les centres de tri existants et cela va passer par une mobilisation de Tallone, Prunelli, Vico et Viggianello. On sait très bien que les maires, les conseillers municipaux et les populations de ces communes ne veulent plus être les dindons de la farce et qu’aujourd’hui il y a une situation de défiance qui est légitime parce que les promesses faites au fil des années n’ont jamais été tenues. Il faut des solutions techniques innovantes, totalement sécurisées  qui fassent disparaître les nuisances. Il faut que l’Etat s’engage de façon très forte pour garantir ce processus. Ce sont les assurances données par Mme Royal. Nous avons quelques jours devant nous pour continuer à convaincre, argumenter et je crois que nous avons tous conscience qu’il ne faut pas laisser la Corse à la veille de l’été s’enfoncer dans la crise des déchets… »  
 
Propos recueillis par J.-F. V.