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Ségolène Royal à Patrimoniu : Un soutien aux viticulteurs au vignoble classé


Nicole Mari le Lundi 12 Décembre 2016 à 00:02

En visite de trois jours en Haute-Corse, la ministre de l’Environnement, de l'Energie et de la Mer, Ségolène Royal, s’est, d’abord, rendue, dimanche après-midi, à Patrimoniu pour apporter son soutien aux viticulteurs sinistrés par les intempéries de fin novembre. Elle s’est engagée à accélérer les procédures d’indemnisation et la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, y compris pour les exploitations viticoles. A la Maison des vins, elle a pris acte de l’avancement des travaux concernant le site AOC Conca d’Oru – vignoble de Patrimoniu qu’elle a permis de classer en 2014. Elle a promis d’accompagner la démarche de demande de labellisation Grand Site de France et a proposé de déposer un projet de territoire à énergie positive pour la croissance verte.



La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, reçue au clos Marfisi par Mathieu Marfisi, vigneron et président du Syndicat de l’AOC Patrimoniu, et entourée du président du Conseil Exécutif corse, Gilles Simeoni, du président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, du président du Conseil départemental, François Orlandi, du préfet Alain Thirion, et des maires du Nebbiu et de la Conca d’Oru.
La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, reçue au clos Marfisi par Mathieu Marfisi, vigneron et président du Syndicat de l’AOC Patrimoniu, et entourée du président du Conseil Exécutif corse, Gilles Simeoni, du président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, du président du Conseil départemental, François Orlandi, du préfet Alain Thirion, et des maires du Nebbiu et de la Conca d’Oru.
 
Pour sa énième visite dans l’île, la ministre de l’Environnement, de l'Energie et de la Mer, Ségolène Royal, a commencé là où elle s’était arrêtée le 14 juillet dernier, lors de son dernier voyage brutalement interrompu par l’attentat de Nice. Elle devait alors se rendre à Patrimoniu pour rencontrer les vignerons et discuter de la gestion du site AOC vignoble de Patrimoniu qui a été, grâce à ses bons soins, classé, le 1er août 2014, au titre de la loi sur les paysages. Cette rencontre, plusieurs fois ajournée, mais à laquelle elle tenait beaucoup, fut, donc, tout naturellement, la première étape de son parcours. Mais actualité dramatique oblige, la ministre s’est, en premier lieu, intéressée aux dégâts causés sur le vignoble par les violentes intempéries du 25 novembre dernier. Entourée du président du Conseil Exécutif corse, Gilles Simeoni, du président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, du président du Conseil départemental, François Orlandi, du préfet Alain Thirion, et des maires du Nebbiu et de la Conca d’Oru, elle a pu constaté, de visu, la dévastation des parcelles de vigne et s’entretenir avec les vignerons sinistrés. « Six hectares ont été détruits et une soixantaine endommagés sur les 400 que compte l’appellation. Deux domaines ont carrément perdu deux hectares de vigne chacun, c’est énorme ! Un des domaines a perdu 25% de sa surface, soit un quart de son outil de travail qu’il ne pourra pas récupéré en production avant quatre ans, s’il réussit à replanter en 2017. Ce sera très difficile ! C’est pourquoi nous sommes si mobilisés ! », a expliqué, au clos Marfisi, le propriétaire, Mathieu Marfisi, vigneron et président du Syndicat de l’AOC Patrimoniu.
 
Une urgence vitale
Interpellée sur le montant des aides de l’Etat, Ségolène Royal a botté en touche, mais s’est engagée à accélérer le processus d’indemnisation : « Il y a eu d’énormes dégâts, mais heureusement sans perte humaine à déplorer. Quand on voit la violence du phénomène d’inondation, c’est miraculeux ! Il y a beaucoup de détresse. Il va falloir évaluer les dommages et faire reconnaître l’état de catastrophe naturelle, y compris sur les questions agricoles. Les inspecteurs de mon ministère viendront rapidement faire ces évaluations. Je veillerai personnellement, en liaison avec les élus qui m’ont alertée sur ce sujet, à ce que s’accélèrent les indemnisations afin que la réparation de l’outil de travail soit la plus rapide possible ». Une attente forte des vignerons  pour qui cette question de délais est cruciale. « Nous n’avons pas discuté sur le montant, mais sur les délais. Nous lui avons demandé d’accélérer les remontées de dossiers et le processus d’indemnisation pour obtenir des moyens rapidement. Nous nous sommes organisés pour aller plus vite. Les vignerons ont fait leurs déclarations. Nous centralisons les demandes au syndicat de l’AOC. C’est vraiment urgent ! Nous avons besoin de recommencer à travailler à la cave et dans les parcelles de vigne dès février. Une commission se réunit fin janvier, il faut absolument que nos dossiers passent à cette commission. Nous attendons beaucoup de l’Etat. Surtout que le site est classé au niveau du paysage qu’il faut aussi remettre en état »
 
Un vignoble classé
La ministre a, ensuite, gagné la Maison des vins pour une réunion sur l’élaboration du plan de gestion du site qu’elle avait décidé, en avril 2015, d’accompagner financièrement en créant une mission qui fut mise en place au printemps 2016. Antoine Orsini, chef de mission du site classé Conca d’Oru – vignoble de Patrimoniu, a présenté l’état d’avancement des travaux de la première étape, le diagnostic paysager, économique et touristique et l’élaboration des orientations stratégiques du futur plan de gestion : « A compter de janvier, commencera la deuxième étape qui conduira à l’élaboration d’un programme d’actions pluriannuelles c’est-à-dire la traduction opérationnelle et concrète des orientations stratégiques. Elles seront définies d’ici au printemps, puis validées en Comité de pilotage, examinées en Conseil de sites de Corse, puis en Commission supérieure des sites à Paris. A partir de là, le ministère et les partenaires publics locaux devront se prononcer sur le financement des fiches d’action que contiendra ce plan de gestion. Les actions porteront sur la préservation et la réhabilitation des paysages, la mise en place d’aménagements pour faciliter et agrémenter la découverte du site pour les visiteurs et sur le développement, notamment de l’oenotourisme. Par exemple, l’équipement de la Maison des vins qui sera, aussi, la maison du site ».
 
Le label Grand Site
En perspective, se dessine la démarche d’obtention du Label Grand Site de France : « C’est un label difficile à obtenir. A ce jour, seuls 13 sites, au plan national, bénéficient de ce label. Nous sommes déjà membres du réseau national des Grands sites de France. Nous allons élaborer un dossier pour bénéficier de ce label qui est vraiment la dimension optimale en matière de paysage. C’est la cerise sur le gâteau ! Avant d’y arriver, il faut élaborer le plan de gestion et mettre en œuvre un certain nombre d’actions de manière à montrer que nous sommes dignes de ce label », précise Antoine Orsini. Le plan de gestion suscite encore des craintes chez les acteurs du territoire, notamment les maires et les vignerons concernant la constructibilité du périmètre classé : « Ce plan a été élaboré de manière très participative. Le site classé est inconstructible, mais avec un régime d’exception pour les agriculteurs, par exemple les vignerons qui veulent construire leur cave. Mais, cela ne peut se faire que sous certaines conditions, sous un certain nombre de contraintes notamment architecturales et paysagères. Le projet doit être très soigné. Chaque permis de construire est signé par le ministre, le préfet n’a pas délégation. La crainte des acteurs est légitime, nous sommes en train de la lever en clarifiant les procédures et les conditions d’obtention de ces permis ».
 
Un patrimoine à valoriser
Ségolène Royal s’est dit « très fière » d’avoir été l’initiatrice du premier acte de classement du vignoble AOC de Patrimoniu « un site magnifique, un patrimoine exceptionnel » et a salué la détermination des élus : « Quand un projet comme celui-là n’est pas porté sur le territoire, c’est impossible à faire ! Quand il est porté, je peux fédérer et prendre les actes administratifs qui permettent de le concrétiser. Un travail considérable a été fait sur le terrain. Ce qui m’a permis, à la fois, de prendre le décret de classement, de financer la mission avec les élus locaux et, aujourd’hui, de rentrer dans le processus du label Grand Site de France, ce qui apporterait une plus-value considérable au territoire et surtout aux productions du territoire. C’est une démarche extraordinaire qui permet de bénéficier de moyens financiers et de mettre en place des actions de développement économique, compatibles avec la fragilité et la qualité du paysage et du territoire. Je pense fortement qu’il y a toujours moyen de créer des activités et des emplois en valorisant le patrimoine, pas en le détruisant. C’est ce que l’équipe de Patrimoniu est en train de démontrer. Je suis là pour les aider. Je les ai encouragés à déposer un projet de territoire à énergie positive pour la croissance verte qui leur permettra de déployer les énergies renouvelables, le traitement des déchets, les énergies circulaires, les travaux d’isolation des bâtiments…. Cela permet de monter en puissance des activités opérationnelles sur un territoire qui le mérite ». Evoquant le processus de labellisation de Grand site de France, elle promet d’accompagner la démarche jusqu'à sa concrétisation : « Ce label Grand site répond à un cahier des charges important. Il faut, d’abord, prouver qu’il y a un patrimoine exceptionnel. C’est le cas. Et qu’il y a un projet qui permet, là où ce patrimoine a été détruit, de le réparer. Un certain nombre de problèmes ont été courageusement évoqués, il faut maintenant trouver les solutions pour réparer les dégradations de paysage et présenter un projet global intégré de valorisation avec les habitants ».
 
Lundi matin, Ségolène Royal entamera son étape bastiaise où elle présidera l’installation du 1er Conseil de gestion du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate, avant de signer un protocole pour le gaz naturel et une convention « Territoire à énergie positive pour la croissance verte » avec la ville de Bastia.
 
N.M.