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San Fiurenzu : A Cunfraternità San Martinu chante le Libera Me en hommage aux Goumiers


Nicole Mari le Mercredi 15 Juillet 2015 à 23:33

Elle l’avait, déjà, magnifiquement chanté sur les lieux même de la bataille de Teghime pour rendre hommage aux Goumiers marocains lors des commémorations du 70ème anniversaire de la Libération. Mercredi matin, a Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu a, de nouveau, interprété un vibrant Libera Me pour rendre hommage à ces mêmes Goumiers, au cimetière de San Fiurenzu devant le secrétaire d’Etat aux anciens combattants venu inauguré la plaque de la nécropole. Rappelons que ce chant grégorien, issu d’une prière traditionnelle catholique, clôt, habituellement, une messe de requiem. Christian Andreani, sous-prieur de la confrérie, explique l’importance de cet hommage exceptionnel que Corse Net Infos vous offre de revivre, une nouvelle fois.



A Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu et le père Georges Nicoli, au cimetière de San Fiurenzu.
A Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu et le père Georges Nicoli, au cimetière de San Fiurenzu.
- Quel est le sens de l’hommage que vous rendez aux Goumiers ?
- Les combats, qui ont précédé la libération de Bastia, les 3 et 4 octobre, ont permis la prise de Teghime. 163 Goumiers sont morts pendant l’opération. Pour attaquer la batterie qui était positionnée au col, le 1er RTM (Régiment des tirailleurs marocains), qui était encadré par des officiers français, a traversé le village de Patrimoniu avant de fondre sur Teghime, guidé par Ernest Bonacorscia. Ce dernier était un jeune chevrier de 16 ans, qui connaissait bien la montagne et qui a obtenu la Croix de guerre à cet âge-là. Il est toujours vivant. Ces combats ont été particulièrement violents et importants pour la libération de la Corse.
 
- Ont-ils eu lieu, aussi, sur Patrimoniu ?
- Oui ! Ils ont, aussi, eu lieu sur le territoire de Patrimoniu où le 1er officier français tué l’a été au rond-point du village. Une plaque, que nous avons posée il y a quelques années, le rappelle. Pour a Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu, il est important de rendre ce devoir de mémoire.
 
- C’est la 2ème fois que vous chantez le Libera Me. Pourquoi ?
- Oui ! Nous avions chanté pour la cérémonie du 70ème anniversaire de la Libération à Teghime, sur les lieux même de la bataille. Nous sommes présents dans l’évocation de ces moments de l’histoire commune. Nous le chantons même le 11 novembre, à Patrimoniu, date où nous fêtons San Martinu, puisque l’armistice a été signée par le maréchal Foch, le jour de la Saint Martin. Notre communauté a donné de grands soldats à la Corse, à la France, à l’Europe et au monde ! Les guerres, aujourd’hui, sont derrière nous, mais il est de notre devoir d’empêcher que d’autres surviennent.
 
- Dans quelques jours, vous serez en Alsace, pour rendre un hommage aux combattants corses. De quoi s’agit-il ?
- Nous allons à la frontière allemande, près de Colmar, commémorer la bataille du Linge. Les premiers contingents de Corses ont été engagés dans ce combat de 1915, non pas le 173ème régiment d’infanterie, mais les Chasseurs alpins. La première bataille a fait 18 000 morts, dont plusieurs centaines de Corses. A la suite de cela, fut créé le 173ème régiment d’infanterie composé de Corses. La mobilisation des Corses et la part, qu’ils ont prise dans la Grande Guerre, ont été très importantes. Sur fond de mémoire européenne, nous rendons, aussi, hommage à l’engagement de nos communautés rurales et paysannes. L’implication, pour nous, A Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu, est double.
 
- C’est-à-dire ?
- D’abord, la confrérie assure, toute l’année, les cérémonies, baptême, mariage, obsèques et, aussi, les cérémonies officielles. C’est une représentativité de ce que nous sommes : une église San Martinu sur un territoire agraire et très ancien. A Cunfraternità travaille sur la mémoire, qui touche toutes les communautés, et sur tout ce qui constitue les évènements, les plus graves, comme les plus heureux. Nous ne commémorons pas la guerre, nous commémorons l’engagement des hommes, le sacrifice, les idéaux qui sont, tous, respectables. A ce titre-là, nous nous devons, dans notre engagement de confrères, de perpétuer cette mémoire qui est, un peu, celle de l’histoire de l’humanité. La rencontre avec la communauté marocaine, qui fait partie de notre histoire locale, se fait dans le respect mutuel et dans le sens du partage martinien.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.