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Pumonte : Paul André Colombani et Jean Jacques Ferrara en marche vers le Palais Bourbon


H.N le Lundi 19 Juin 2017 à 01:35

Cumè u dicia a canzone, dumenica « l'alba di a nostra verita hè ghjunta » in Corsica, sopratuttu in a siconde circuscrizzione di a Corsica suttana. Mentre ch'in Cismonte u carrughju era sicuru di a vittoria di Pè a Corsica, in Pumonte i treidicci voti, ch'hanu mancatu a Jean-Paul Carrolaggi pè esse qualificatu pè u sicondu giru, stantaranu cume un'ombria annant'a Paul-Antoine Colombani è Pierre-José Filipputi.... Eccu a fotografia di st'ellezione per a terra delà dai monti.



L'émotion pour Jean-Jacques Ferrara
L'émotion pour Jean-Jacques Ferrara
S'il y a une circonscription où il fallait être, ce 18 juin 2017, c'est assurément la seconde circonscription de Corse-du-Sud. Les impressionnantes victoires en Haute-Corse et la confiance renouvelée dans la circonscription de Laurent Marcangeli ont bien du mal à concurrencer le tremblement de terre qui a agité la Corse entre Porto-Vecchio et le quartier des Salines à Ajaccio. 


Un tremblement de terre
Avec 16 637 voix, la démarche Pè a Corsica, incarnée par Paul-André Colombani et Pierre-José Filipputti, recueille 55,22 % des voix, propulsant Camille de Rocca Serra et ses 13 491 voix très loin des bancs de l'Assemblée Nationale. Dans une circonscription qui a focalisé les accusations de clanisme et de clientélisme pendant de nombreuses années, c'est un véritable tremblement de terre qui a eu lieu ! Souvent présenté comme un espace politique taillé sur mesure par Charles Pasqua, le 24 novembre 1986, à l'avantage de Jean-Paul de Rocca Serra, ce découpage regroupe, d'Ajaccio à Sari-Solenzara et Bonifacio, des villes et des villages aux profils radicalement opposés. Et si l'on se penche sur les chiffres de quelques communes, il est clair que le divorce est consommé entre les électeurs et la famille Rocca Serra ! La démarche nationaliste double ses voix du premier tour : 16 637 contre 7 991. Dans le même temps, le député sortant passe de 9 887 à « seulement » 13 491 voix.


Une sanction sans appel
Le détail des résultats montre que la sanction pour le député sortant est sans appel ! Dans sa citadelle – jusque là imprenable – de Porto-Vecchio, Pè a Corsica sort en tête avec 52,04 % des voix (2 538 votes) et dame le pion à l'ancien maire. À Bonifacio – où le premier magistrat Jean-Charles Orsucci éliminé au premier tour, n'a pas donné de consigne de vote – la progression de Paul André Colombani est vertigineuse : 560 voix contre 169 la semaine passée. Elle ruine le peu d'espoir que pouvait avoir Camille de Rocca Serra aux portes de la Sardaigne : 447 ce dimanche contre 360 il y a sept jours. À Sartène – dont le passé politique ne se distingue pas par un soutien prononcé aux Nationalistes, mais où le candidat suppléant de Pè a Corsica, est enseignant - les Nationalistes réalisent l'un de leurs meilleurs scores dans la circonscription avec 62,72 % des suffrages, soit 821 voix contre 488 pour Camille de Rocca Serra. L'effet « majorité territoriale » opère entre l'Alta-Rocca et le Taravo, Pè à Corsica obtient 61,71 %, soit 427 voix à à Olmeto, 71,04 %, soit 367 voix à Levie... Comme dans une majorité de villages, les électeurs ont décidé de donner quitus au « gouvernement de la Corse » pour les représenter à Paris.

L'ampleur du désastre
Dans un territoire varié et hétérogène - moyenne-montagne et littoral touristique, quartiers populaires et résidences pour classe moyenne -, les surprises se sont succédées toute la soirée. Nombreux seront les élus locaux qui, demain, essayeront de s'expliquer l'ampleur du « désastre » gaulliste sur la Terre des Seigneurs. Peut-être la tentation de se rassurer passera par l'analyse des résultats de quelques communes, à l'instar de Propriano où le candidat LR a récolté 55,11% des suffrages, soit 857 voix. Ou de bureaux situés sur la rive sud du golfe d'Ajaccio, comme Grosseto-Prugna où Camille de Rocca Serra culmine à 65,05 % des suffrages, soit 951 voix. Mais sur ces terres aussi, le résultat est sans appel ! Pè a Corsica réalise, ici où là, une percée plus que symbolique, notamment à Pietrosella 53,39 % et 291 voix, ou Albitreccia avc 51,12 % et 319 voix.


Le refus d'un projet
La défaite de Camille de Rocca Serra ne marque pas uniquement la défaite d'un homme, mais assurément – pour les électeurs – le refus d'un projet. Trop peu lisible, et agrippé à une vision désormais erronée d'une Corse chevillée à la République française, la ligne politique du député sortant a été sanctionnée dans tous les bureaux de la circonscription situés... à Ajaccio. Pourtant, dans le même temps, la cité impériale porte Jean-Jacques Ferrara – candidat soutenu par Laurent Marcangeli, député sortant – vers ce que l'on peut appeler une « belle élection ». Il totalise 66,67 % des voix et devance la candidate En marche, Maria Guidicelli de presque 3 200 voix.


Une investiture insuffisante
Dans cette première circonscription de Corse-du-Sud, c'est autant le calme plat que la force tranquille ! Elu dans un fauteuil, Jean-Jacques Ferrara bénéficie du soutien de 12 278 électeurs, soit 64,99 % des voix, et distance Maria Giudicelli qui n'obtient que 6 614 voix). L'investiture En Marche n'aura pas suffit à faire oublier l'époque, pas si lointaine, où l'élue de gauche et conseillère territoriale défendait son PADDUC au sein de l'Exécutif d'un Paul Giacobbi dont la Corse n'a, au regard des résultats de ce soir sur l'ensemble de l'île, plus envie ! Les résultats de la candidate En Marche dans la circonscription ajaccienne auront de quoi faire rager les appareils nationalistes qui resteront longtemps curieux de connaître le résultat d'un Carrolaggi qui aurait été qualifié au second tour, seul face à Ferrara, tant la déconfiture de la candidate de la majorité présidentielle est importante et le triomphe des forces nationalistes dans les trois autres circonscriptions, conséquent.


Le fait politique
Tous les partis, à droite, à gauche et au sein du mouvement national, se prêteront à l'exercice obligé de l'analyse des résultats. Cependant la seule analyse qui vaille est celle du fait politique. Le fait politique, c'est que la Corse s'est exprimée en mars 2014 contre l'appareil Zuccarelli à Bastia, en décembre 2015 contre Paul Giacobbi et son entourage, malgré une ligne politique raisonnablement dévolutive -, et, ce dimanche soir, contre l'approche républicaine d'un Camille de Rocca Serra. Le fait politique, c'est que dans cette Corse, qui a plus voté que l'ensemble du territoire français, plus rien ne va s'opposer à ce que les électeurs choisissent librement leurs représentants. L'opportunité démocratique, que les Nationalistes tentent d'initier depuis plus de 40 ans, sonne comme une très lourde responsabilité posée à leurs leaders – fussent-ils autonomistes ou indépendantistes – mais aussi aux élus des partis traditionnels. Ces derniers vont désormais devoir proposer une cohérence politique loin des appareils parisiens rendus obsolètes par la combinaison du « coup » qu'Emmanuel Macron vient de réussir en France, et de l'affirmation, par le peuple corse, de sa volonté de vivre sur sa terre comme il l'entend.


La mue de la droite
Une recomposition des forces politiques traditionnelles de l'île semble inéluctable. Si, face à l'échec total des candidats d'En Marche, Orlandi, Giudici et Guidicelli, la gauche corse semble bien désarmée et orpheline, la déconfiture des candidats LR, Gandolfi-Scheit, Rocca Serra et Grimaldi, laisse un boulevard au maire d'Ajaccio pour opérer la mue philosophique et politique dont la droite corse a besoin avec l'affirmation d'une ligne autonomiste et évolutionniste. En attendant les grandes manœuvres de décembre, ce soir, le bloc nationaliste est à la fête, tout autant qu'il sera, demain, dans l'obligation de continuer à travailler afin de ne pas trahir la confiance donnée, ce soir, par les électeurs, à Pè a Corsica.


Le sourire pour Paul-André Colombani
Le sourire pour Paul-André Colombani