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Programme d'investissements d'avenir : Les Corses doivent travailler ensemble !


le Mercredi 5 Octobre 2016 à 22:40

Une réunion du comité régional de suivi des investissements d’avenir s'est déroulée mercredi matin à la préfecture de Corse, à Ajaccio. C'était l'occasion aussi de dresser un bilan des investissements d'avenir réalisés dans l'île, tout en présentant les grandes lignes de la dernière phase du programme.



Le Programme d'investissements d’avenir  (PIA) est un plan d’investissement de l’État français initié en 2010 et toujours en cours. L'ensemble des opérations mobilise près de 50 milliards d'euros. Une petite partie de cette somme est directement versée sous forme de subventions, le reste étant des prêts ou des placements. L'ensemble du PIA est réparti en trois tranches de financement :
- la première de 35 milliards d'euros a été initiée en 2010
- la deuxième de 12 milliards d'euros, débutée en 2013, est toujours en cours- enfin la dernière phase de 10 milliards d'euros sera lancée en 2017 et les opérationde concours et d'appels à projet devraient s'étaler sur trois ans.


L'objectif est d'apporter un soutien à l'économie française, en favorisant l'innovation autour de six thématiques.
  • La Recherche et l'enseignement supérieur.
  • La transition énergétique.
  • L'accompagnement de la Révolution numérique.
  • L'Industrie.
  • L'Urbanisme et la cohésion sociale.
  • La formation professionnelle en alternance.
 
 
  • Pour consulter la documentation de l'appel à projets : Cliquer ici.
 
Le PIA en Corse 
 
Pour le moment, , les deux premières tranches du PIA auraient permis de financer 53 millions d'euros de crédits bénéficiant directement à la Corse. Selon les services de l'Etat, ces crédits auraient généré au total, par effet de levier:
 
"Plus de 150 millions d'euros d'investissements très innovants, porteurs de croissance à long terme pour l'île."

Quatre projets partenariaux de Haute technologie ont été subventionnés grâce au PIA. Une société d'accélération des transferts de technologie soutient quant à elle un projet regroupant entre autres quatre entreprises insulaires.

Le Centre de formation de la Chambre des métiers de Corse-du-Sud a reçu un financement de 3.7 millions d'euros pour les apprentissages dans le domaine de la Transition énergétique.

Enfin, près de 18 millions ont été attribués pour participer au financement du Projet de très Haut-débit porté par la C.T.C.

  
  • Interview de Thierry Francq, commissaire général adjoint à l’investissement


"Quels sont les projets susceptibles d'être aidés par ce PIA ?

Il y a de nombreux projets. Je vais en citer quelques uns seulement: le premier, c'est le développement massif de la fibre optique dans l'île pour que le territoire bénéficie en totalité du Très-haut-débit. C'est indispensable selon moi, car à terme il sera nécessaire pour de nombreuses innovations. C'est aussi la possibilité pour toute entreprise d'être connectée au monde, qu'elle soit en ville ou en Haute montagne.

Ce Programme investissements d'avenir (PIA) est cependant très axé sur la compétitivité concernant les projets qu'il soutient ?

C'est une compétition : nous ne faisons pas d'aménagement du territoire, nous sélectionnons les meilleurs, et il y en a aussi en Corse ! Par exemple, nous avons un dispositif qui vise à détecter les inventions dans les laboratoires universitaires ou les écoles d'ingénieurs. Ce dispositif permet ensuite d'aider la transformation de ces inventions en activités économiques. Figurez-vous que nous avons déjà ciblé grâce à cela quatre projets corses, sortis notamment de l'Université Pasquale Paoli et en passe de créer une réelle valeur économique. L'invention se trouve partout, y compris en Corse. De plus, le second volet du PIA est encore en cours, des demandes sont toujours à l'étude.

Il y a donc selon vous des domaines dans lesquels la Corse a un coup à jouer ?

Oui, et dans la troisième tranche du PIA, nous allons mettre l'accent sur des secteurs que nous avons peu soutenus jusqu'à présent, comme le tourisme. Il y a dans ce domaine qui change un réel besoin d'innovation. Clairement c'est une opportunité pour la Corse. Un autre exemple serait l'énergie qui, dans une économie îlienne, ne pose pas les mêmes questions. Il y a la possibilité d'utiliser des énergies alternatives mais qui sont intermittentes, ce qui pose des problématiques spécifiques de stockage de l'énergie, de réseau intelligent, etc... Ces contraintes spécifiques sont donc un atout pour développer des solutions pour la Corse, mais on pourrait aussi exporter ces technologies par la suite.

Que représente en terme financier la troisième tranche du PIA, et quelles sont ses échéances ?

La troisième tranche du PIA va être votée dans la Loi de Finance avant la fin de l'année. Elle représente dix milliards d'euros de crédit, et nous allons lancer les opérations de concours et d'Appels à projets dès 2017. Ces derniers devraient se dérouler sur deux ou trois ans. "
  
 
  • Interview de Bernard Schmeltz, Préfet de Corse
  



" Aujourd'hui cette dotation attribuée à la Corse vous parait-elle bonne ?


Oui, les résultats sont bons, et conformes à la part de la Corse dans l'économie nationale, mais je suis convaincu que l'on peut faire mieux. 


Les capacités sont là ?

Oui, et il ne faut pas qu'il y ait d'auto-censure. Il ne faut pas penser que, par un effet d'échelle, parce que la Corse représente 320 000 habitants dans un ensemble national, elle n'aurait pas sa part dans l'élaboration de projets innovants. Il faut surtout qu'il y ait une vraie capacité des acteurs à travailler ensemble. C'est capital parce que les petits projets auront peut-être moins de chances de capter l'attention du jury, mais l'on peut compenser cela en faisant travailler ensemble différents porteurs de projets : en les structurant et en faisant apparaître des stratégies et projets plus importants qui seront plus facilement éligibles au PIA.

La notion de compétitivité est donc très importante ?

Oui, le PIA a cette originalité de ne pas être au sens classique du terme une politique d'aménagement du territoire. Ce n'est pas un saupoudrage ou une dispersion des crédits : ce qui prime c'est la qualité des projets, car ces PIA doivent avoir un réel impact sur la compétitivité de l'Economie, le rayonnement de la Recherche et l'Innovation en France. C'est la raison pour laquelle la logique retenue est bien une logique de mise en compétition des projets, le tout étant analysé de façon indépendante par des experts, ce qui donne une garantie d'impartialité dans la gestion du dispositif.

Concernant ces 50 millions attribués à la Corse sur les deux premières tranches, qui correspondent à un budget total de 35 milliards d'euros, vous nous avez parlé d'une certaine proportionnalité en fonction du P.I.B. ? 

Oui, mais attention: les première et seconde tranches du PIA ne sont pas clôturées et des projets, encore en cours d'examen, pourront être éligibles. Ces 53 millions d'euros correspondent à peu près au poids de la Corse dans le P.I.B. français, donc on est dans quelque chose qui semble compatible avec le poids économique. Il faut être conscient aussi que parmi les projets éligibles en France, il y a de très gros projets qui correspondent à une importante masse de crédits. Effectivement, il n'y a pas en Corse, de par la démographie de l'île, d'équivalent à des universités comme celle de Paris-Saclay qui représente à elle seule 60.000 étudiants et chercheurs. Si on sort ces projets un peu hors-normes de l'ensemble, on s'aperçoit que la Corse a pu tout à fait tirer son épingle du jeu dans la compétition du PIA, et j'invite les  porteurs de projet à se rapprocher des Services de l'Etat pour optimiser les chances concernant le PIA en cours.

Quand on sait qu'il s'agit d'un Plan d'investissements d'avenir à l'échelle nationale, est-ce que cette stratégie de compétitivité vous parait être la bonne ? Ne faudrait-il pas encourager au contraire des régions à faible PIB ?

C'est ce qui se fait aussi naturellement, parce que globalement, vous le voyez, nous - les Services de l'Etat - sommes très soucieux de susciter des initiatives si celles-ci ne venaient pas. Je ne crois pas qu'il y ait une espèce de loi des grands nombres qui s'applique : globalement, les structures de recherches et le tissu économique sont répartis de façon à peu près harmonieuse sur le territoire français, et assez naturellement on retrouve un résultat compatible avec le poids de l'économie locale à l'échelle nationale.

Cela reste dommage qu'un Plan d'investissements d'avenir n'ait pas pour rôle de faire émerger une certaine normalité sur le territoire ...

Oui, mais attendez ! Il y a effectivement plusieurs moyens d'aider un territoire et le PIA n'est pas le seul : il y a les dotations de l'Etat aux Collectivités locales, un certain nombre de mesures de compensation pour prendre en considération les handicaps, comme par exemple pour la Corse la Dotation de continuité territoriale de près de 200 millions par an, etc ... Toute la politique de rééquilibrage et d'aménagement du territoire s'exprime par d'autres canaux que le PIA, qui lui remplit un autre objectif : mettre l'accent sur des initiatives susceptibles d'accroître notre capacité de recherche et développement et contribuer ainsi à terme à une plus-value se traduisant pas la création d'emplois. "

 
  • A noter que, sans être économiste, si l'on s'en tient à une simple comparaison du P.I.B. de la Corse en comparaison avec le PIB de la France (≈ 8 milliards contre ≈2.000 milliards en 2012 selon l'INSEE), les financements du PIA dans l'île devraient avoisiner les 140 millions d'euros pour correspondre "à peu près au poids de la Corse dans le P.I.B. français", comme l'a annoncé le Préfet de Corse dans l'interview ci-dessus : une somme éloignée des 53 millions dont bénéficie directement la Corse.

    Cependant, selon les Services de l'Etat, ces crédits auraient généré au total, par effet de levier, "plus de 150 millions d'euros d'investissements très innovants, porteurs de croissance à long terme pour l'île."