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Première réussie pour le Ballà Boum !


le Jeudi 25 Août 2016 à 09:21

La première édition du festival de musique "Ballà Boum" se tenait ce week end à Patrimoniu. Un festival entièrement organisé par un groupe de jeunes corses d'une trentaine d'années. Retour sur "dui ghjorni di balli è d'amore" à Patrimonio.



A l'initiative du projet ils étaient deux: Anais Monnet et François Dagregorio.  Leur volonté: créer un festival piloté entièrement de Corse, avec une programmation intéressante et mettant en valeur les talents insulairesTrès vite, un noyau dur d'une dizaine de personnes s'est formé autour d'eux : ils ont pu compter notamment sur le soutien de Lulishop  avec Lulina Sargentini et Laura Ferrandini, Clément Rossi, Julien Santucci et Pierre-François Maestracci. Une trentaine de bénévoles les ont ensuite aidés à faire du Ballà Boum une réussite.
  
  
Tout faire eux-même  
Un festival ça coûte cher, et pas question pour les organisateurs de minimiser la programmation pour des dépenses secondaires. En conséquence, ils ont fait le choix de tout préparer eux-même : comptoirs, tables, décors pour la scène, etc ... Ils ont construit la grande majorité du mobilier pendant les deux semaines qui ont précédé le Ballà Boum, sous le regard des villageois impressionnés.
 
 
Passionnés de musique, plusieurs des organisateurs sont aussi membres des collectifs Le Disko   et Disgrace. Ils ont d'ailleurs réalisé une mixtape pour annoncer le festival, disponible ci-dessous.



Une philosophie moderne et résolument insulaire. 
Un des objectifs était de faire un festival moderne dans lequel les corses se retrouveraient. Très vite et presque naturellement selon François Dagregorio -co-organisateur du festival-, l'idée du bal de village a émergé. 
" Mes premières émotions musicales, c'était avant tout des bals de villages, et ça reste en moi. On a voulu organiser quelque-chose autour de ce thème, mais avec une musique ayant un vrai fonds culturel. On voulait une programmation qu'on aurait pu retrouver dans n'importe quel festival de renom, tout en ayant ce côté décomplexé et villageois. "

Autre priorité : pouvoir danser.
"Les boites de nuit qu'on voit aujourd'hui ont des comptoirs plus grands que les pistes de danse. Je ne suis pas vieux (29 ans) mais j'ai connu quand j'avais 17 ans des boites de nuits où l'on disait "je pose mon verre sur le comptoir et je vais sur la piste !" On a organisé le Ballà Boum  autour de cette idée."
   
Pari réussi, comme en témoigne la vidéo ci-dessous :  

Valoriser de nombreux artistes insulaires

Diana Saliceti fait partie des corses qui se sont produits au Ballà Boum. Elle dit en tirer une expérience très positive, et bénéfique selon elle pour les musiciens de l'île.





C'etait un très joli festival avec un bon esprit, et tout ce qu'il faut selon moi pour que la fête soit réussie : un lieu magnifique, une programmation éclectique et des jeunes motivés venant de plein d'univers différents.

Ballà Boum a d'après moi un bel avenir devant lui car il a su faire la synthèse entre différents visages de la Corse d'aujourd'hui. C'est bien que ce ne soit pas un festival à étiquette et type musical bien précis. J'adore par exemple le mélange de notre musique avec la musique électronique de Syracuse.  "     
   
  • A écouter, ci-dessous, des titres de Diana Saliceti et du duo Syracuse, hébergés sur leur Soundcloud respectif:
  
  

Plusieurs artistes corses étaient programmés, c'est donc un mélange positif selon vous ?

" La Corse était particulièrement présente. Ballà Boum  est pour moi un festival très Corsiste, et militant dans le sens où il veut montrer ce qui se fait chez nous et dans le même temps nous confronter à des choses très pointues produites ailleurs: c'est un festival qui a refusé de choisir entre ailleurs et ici, tout en étant très moderne. C'est un peu la Corse actuelle et surtout la Corse de demain, avec les créateurs de modes, musicaux, design, et même économiques! Je pense par exemple au Lulishop, aux créateurs culturels comme le magazine Eccu, ou encore aux créateurs de goût, comme le Libertalia.

Il faut aussi souligner que c'est un festival très courageux parce que en ces temps où les subventions diminuent de manière drastique, faire venir des gens de très loin (Red Axes, par exemple, vient de Tel Aviv), mélanger les styles, et avoir une vraie exigence en matière d'accueil du public ... Je trouve que c'est un beau pari que les organisateurs ont tenu... C'est un pari reussi. "
 


Des produits locaux et bio mis en avant

Pierre-François Maestracci est le producteur de la bière Ribella, gérant du Minotaure (bar à viandes bastiais connu pour ses produits bio, se délocalisant à Patrimonio l'été) et du Libertalia (voisin du théâtre de verdure de Patrimonio). Partenaire et partie prenante du festival, il a mis un point d'honneur à n'utiliser que des produits corses, 100 % bio et en grande partie issus de son jardin.

Pierre-François Maestracci, soutien du festival, producteur de la bière Ribella.
Pierre-François Maestracci, soutien du festival, producteur de la bière Ribella.
" On a fourni un appui logistique sur la boisson et la gastronomie, basé sur le Slowfood et l'agriculture corse. Il faut savoir qu'il y avait uniquement des produits 100% corses et bio.  On avait préparé des burgers au boeuf corse produit par des éleveurs sélectionnés, des hot-dogs de saucisse corse, des gaspachos de tomates du jardin, des migliaccioli, etc ... Donc on a une implication d'ordre qualitatif et locavore. "

Et concernant les boissons ?

" Les vignerons de Patrimonio ont fourni tout le vin. On avait aussi fait une Sangria de vin rouge de Patrimonio AOC, baptisée Cocktail de Patrimonio. Et également -bien-sûr!- la bière Ribella que l'on brasse à quelques pas du festival ! On avait délocalisé du coup la structure bar et tout le savoir faire "Libertalia -Ribella -Minotaure " sur le théâtre de verdure. Voila l'appui que l'on a pu fournir à nos amis du BALLÀ BOUM. "

Ce qui vous a particulièrement marqué ?​ 

" Flavien Berger s'est arrêté en plein milieu du spectacle et a dit au micro "j'ai mangé les meilleurs beignets du monde ! Des migliaccioli !" Parce qu'on lui a appris quelques paroles de Corse, et ça lui a plu. Du coup il a conseillé à tout le monde de venir manger mes migliaccioli, c'était excellent ! " 

Un festival électro avec un public résolument corse. 

" Il faut souligner aussi qu'il y avait 95 % de locaux, en sachant que le second soir plus de 1000 personnes étaient présentes ! Les Corses -dont beaucoup de sudistes- se sont donc déplacés, dans une très bonne ambiance, et tout le monde dansait ! C'était ce qu'on voulait, et on renouvellera l'expérience en 2017. Ces jeunes à l'origine du festival positionnent la Corse dans le 21ème siècle, même si ça fait déjà quelques années qu'on y est... 

Un festival intergénérationnel

François Dagregorio est originaire du Cap-Corse. Co-organisateur du festival, c'est en fréquentant Patrimonio qu'il a peu à peu mis en forme son rêve d'un festival moderne, corse et intergénérationnel, "à l'usu bal de village".

 

François Dagregorio, co-organisateur du festival et membre du collectif Le Disko.
François Dagregorio, co-organisateur du festival et membre du collectif Le Disko.
" Dès le départ, on voulait un festival dans lequel tout le monde pourrait se retrouver, piloté            entièrement d'ici et qui nous ressemblerait. Je crois qu'on a réussi !


Des parents sont venus avec leurs enfants, et des personnes âgés aussi ont fait le déplacement !

Une anecdote qui m'a particulièrement touché : samedi matin on a pris le café à l'hôtel voisin du festival. Sur la terrasse, il y avait plusieurs personnes âgés du village qui nous ont "macagnés" dès qu'ils ont compris qu'on était les organisateurs.  Je leur ai dit "venez ce soir au lieu de parler !" Et un Patrimunincu de près de 70 ans l'a fait : il a acheté sa place comme tout le monde sans rien dire, et nous a trouvés dans le théâtre de verdure pour nous féliciter ! On s'est investi, et ça lui a semblé une forme de correction de venir nous saluer, même si au même moment on écoutait de la musique électronique qu'on aurait pu entendre dans une boite de nuit à Berlin."

Une expérience magnifique.


"Le vendredi c'était déjà très bien, mais on avait encore peur pour le lendemain. Samedi je pense qu'il s'est passé un truc magique: on a vu des gens heureux, comblés, et ça nous a vraiment fait plaisir et permis de relâcher la pression. 

Notre objectif était de mettre en avant des groupes et artistes que l'on n'a pas l'occasion de voir, et aussi -sans aucune discrimination positive- des corses qui ont des démarches qui nous plaisent. On a vraiment fait une programmation qu'on aimait, et du coup on en était les premiers fans !

J'étais très ému de voir certains artistes -surtout après avoir passé des mois et des mois à échanger des mails avec leurs agents- arrivés ici et nous remercier de notre accueil ! Maintenant il faut finir de nettoyer le site, faire le décompte financier, et puis prendre un peu de repos ! Rares sont les festivals positifs financièrement dès la première année. On devrait je pense "être un petit peu dedans", mais gentiment ... Et ça valait le coup ! 
"