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Pierre-Jean Luciani ne mâche pas ses mots : " Oui à la Collectivité Unique, mais pas sans nous !"


Jean-Françosi Vinciguerra le Lundi 25 Juillet 2016 à 17:29

Il n’a pas pour habitude de hausser le ton mais lorsque l’occasion se présente, Pierre-Jean Luciani, président du Conseil départemental de la Corse-du-Sud, pousse son « coup de gueule » afin de bien mettre en valeur sa position et celle de ses collègues du Département, cela à propos de la Collectivité Unique. Réunis à huit clos lundi matin, le président et les 22 conseillers ont adopté une position commune afin que soit organisée une réunion tripartite en présence d’un représentant de l’Etat ou du préfet



Pierre-Jean Luciani n’a pas apprécié la dernière réunion devant débattre sur la Collectivité Unique. Ou plutôt il n’a pas du tout aimé la méthode et il ne se prive pas de le dire :
 « Je viens de m’exprimer devant les 22 personnes qui représentent le Conseil départemental de la Corse -du-Sud  et j’ai dit haut et fort que je n’étais pas content de la façon dont se sont déroulées les choses. S’il est vrai que je me plains assez souvent, aujourd’hui je l’ai fais devant l’ensemble des médias simplement parce que la méthode ne peut pas convenir. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas être convoqué ou du moins invité par une collectivité qui va se fondre dans les trois. Comment une collectivité telle que la région aurait le pouvoir de nous convoquer ou de nous inviter pour nous dire ce que l’on va faire de cette nouvelle région ? C’est à trois que l’on doit se réunir, à savoir le président de l’Exécutif et les présidents des Conseils Départementaux. Nous demandons instamment qu’un membre du gouvernement soit présent ou alors qu’il donne mandat au préfet afin qu’il rencontre les trois dirigeants pour définir ce que sera la prochaine collectivité. Nous sommes tous pour une nouvelle région, cela a été voté et on ne revient pas là-dessus, mais au moins que l’on nous donne la parole comme les autres autour d’une même table avec les autres collectivités afin que chacun donne son point de vue. Dans le cas contraire, il faudra rediscuter de la façon dont on veut faire cette région et les fondamentaux qui existent aujourd’hui à travers la loi NOTRe et les ordonnances. »
 
- Ce n’est donc pas à la CTC d’anime le débat ?
Certainement pas puisqu’elle va disparaître elle aussi. Pourquoi les dirigeants d’aujourd’hui feraient-ils la nouvelle région avec le gouvernement de demain ? Non, c’est à nous tous de débattre. Qui vous dit que nous n’allons pas être candidats à cette nouvelle région ? Donc on voudrait savoir ce qu’on va en faire, cela à trois et j’insiste bien à trois, devant un émissaire ou devant le préfet. Peut être que nous ne communiquons pas assez, c’est possible, mais eux communiquent trop ! Ou alors ils communiquent mal envers nous et de fait, la population ne sait pas ce qu’on pense.
A partir d’aujourd’hui, on voudrait savoir aussi bien la population que tous les maires des communes du département, je le précise, toutes tendances confondues, que les deux départements parlent de la même voix, même si elle est discordante, je le reconnais, mais au moins que l’on soit entendu par quelqu’un de neutre.
Je sais que la région va de nouveau inviter les représentants des personnels et des élus à la fin du mois d’août. Préparons cela de façon plus intelligente. Je ne suis pas d’accord pour que les présidents du Conseil Exécutif et de l’Assemblée s’érigent en maîtres de cérémonie pour ce genre de réunion. Je ne suis pas d’accord et les Conseillers Départementaux ne le sont pas non plus… »
 
Le budget supplémentaire adopté
Avec un retard d’un peu plus d’une heure, la session a repris ses droits. Dernière séance d’été donc avec à l’ordre du jour le budget supplémentaire. Dossiers prévus  dans le cadre de ce budget, les crédits d’études et de travaux du Château de la Punta et la route d’accès, les abondements pour les chemins de randonnée, la voirie départementale, les aides aux communes.
Avec ces crédits supplémentaires, le budget total du Département s’élève dons à 313,313 millions d’euros dont 95 en investissement et 218,373 millions d’euros en fonctionnement. L’épargne prévisionnelle dégagée en section de fonctionnement s’élève à 42,894 millions d’euros.
Les budgets supplémentaires du laboratoire départemental, la crèche départementale Laetitia et le parc départemental de voirie ont également fait l’objet d’un examen approfondi.
Afin de renforcer le soutien en faveur des familles en difficulté et de promouvoir l’accès à l’enseignement supérieur, il a été proposé aux conseillers de modifier le dispositif des aides aux étudiants en réévaluant les tranches du revenu fiscal de référence de 15% pour les tranches les plus faibles et de 5% pour les tranches supérieures en majorant le montant des bourses. Afin d’encourager l’excellence, il a été proposé d’allouer comme tous les ans, une bourse de 1000 euros aux 111 bacheliers de Corse du Sud ayant obtenu la mention « très bien. »
Le Conseil Départemental a examiné les programmes de travaux des agents du dispositif Gardes du Littoral et des agents de protection de l’Environnement. Egalement proposé, la mise en place de deux opérations de mise en valeur, en concertation avec le Conservatoire du Littoral :
- La première tranche de la restauration du fortin de Girolata sur la commune d’Osani (855 000 euros)
- Les travaux de restauration écologique et paysagère du site de Capo Laurosu, sur la commune de Propriano (600 000 euros).
La séance a été levée à 13 heures.
J.-F. V.

Réaction de Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de Corse : « Une mauvaise querelle et un mauvais prétexte »
« Nous ne voulons pas rentrer dans une polémique avec Pierre-Jean Luciani qui utilise de mauvais prétextes. Quand nous avons proposé une charte, elle a été écartée. Quand nous avons invité les présidents des Conseils départementaux, celui de Haute-Corse est venu travailler avec nous, sans esprit de préséance de qui que ce soit. Celui de Corse-du-Sud n'a pas souhaité venir. Lorsque nous sommes allés à la rencontre des syndicats, le président du Conseil départemental de Haute-Corse était là avec nous. Le président du Conseil départemental de Corse-du-Sud est parti au début de la réunion. Je pense que c'est une mauvaise querelle. Tout le monde a compris qu'en fait, ce n'est pas un problème de susceptibilité, c'est un problème politique de fond ! Pierre-Jean Luciani est opposé à la collectivité unique et au processus en cours. Il est en train d'essayer de le faire échouer au détriment de l'intérêt des personnels, des collectivités existantes et des intérêts de la Corse. Nous ne le suivrons pas sur ce chemin. Nous continuons à travailler de façon sereine et constructive avec toutes celles et tous ceux qui le veulent ».