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Nouvelles liaisons maritimes Corso-Sardes : La Continuité Territoriale Transfrontalière est en marche


Jean-François Vinciguerra le Mardi 24 Janvier 2017 à 17:59

De nouvelles liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne verront bientôt le jour. Et cela a été officialisé avant-hier à Cagliari. A l’occasion d’un déplacement dans la capitale sarde, Jean-Felix Acquaviva, président de l’OTC et son homologue aux transports, Massimo Deiana, ont organisé une conférence de presse et posé la première pierre de la continuité territoriale transfrontalière



Vécue et envisagée comme un « aggiornamento » dans le domaine des transports de la Corse, la continuité territoriale transfrontalière sera mise en place cet été. Et ce par le truchement de deux DSP. Ces dernières permettront de fixer un cadre juridique enfin sécurisé pour les liaisons maritimes entre les îles de la Méditerranée, mais aussi lever les obstacles inhérents au sempiternel « handicap de l’insularité ». Pour favoriser les échanges, encourager des partenariats avec, à la clé, des retombées économiques certaines pour la Corse et au-delà pour l’ensemble du  bassin méditerranéen.
 

Les îles sœurs…
Corse, Sardaigne, deux territoires du bassin Méditerranéen. On les appelle les « îles sœurs ».  Deux entités spécifiques également. Pourtant, les problématiques de liaisons demeurent. En cause, des liaisons maritimes peu sécurisées. Il faut savoir que chaque année pourtant,  près de 305. 000 passagers et plus de 80.000 tonnes de Fret, transitent entre la Corse et la Sardaigne. Ces seuls chiffres, stables dans le temps, témoignent à eux seuls de l’historicité  des échanges entre les deux « îles sœurs ».  Les liaisons « Bonifacio-Santa Teresa di Gallura » et « Propriano-PortoTorres » rythment ainsi depuis des années déjà les liaisons maritimes entre les  deux territoires.
 

Bonifacio- Santa-Teresa-Gallura
Le premier pont jeté entre la Corse et la Sardaigne s’est fait avec cette liaison maritime, considérée comme étant la principale au regard du trafic des passagers : 300 000 chaque année.
 Bien connue des résidents comme des touristes, la liaison Bonifacio - Santa-Teresa n’allait pourtant pas de soi. Un peu d’histoire. En effet, sur le plan du droit, rien de permettait sa création. Aussi, doit-elle son existence à la seule bienveillance des autorités Italiennes comme Européennes. Rappelons que cette ligne fut d’abord inscrite au registre de la Délégation de Service public de la Région Autonome de Sardaigne, délégation accordée pour les liaisons entre la Sardaigne et ses îles mineures : La Maddalena et Carloforte. La Corse n’en faisait donc pas partie.
Notre territoire a pu être toutefois rattaché in extremis et être considéré à son tour comme une « île mineure » de la Sardaigne, grâce à  la tolérance exercée conjointement par l’Italie et l’Europe.
S’agissant des compagnies délégataires assurant le trafic maritime, là aussi, l’histoire fut mouvementée. C’est d’abord la compagnie régionale Sarde Saremar qui a assuré cette rotation, douze mois sur douze. Par la suite, à la demande de la commission Européenne, la compagnie Saremar a dû interrompre les liaisons maritimes avec  Bonifacio. La Blu-Navy a donc  pris la suite et assuré la prestation. Mais, ne percevant plus les aides sardes pour sa liaison internationale, la Blu-Navy , à son tour, a cessé son activité en 2016.
Toute autre fut la situation de  la Moby-Lines qui assurait cette même liaison mais uniquement en saison estivaleRécemment, elle a décidé de la pérenniser à l’année sur la période  2017. Quant à la question de la rentabilité de la ligne, les  observateurs la considèrent rentable uniquement sur la saison estivale… Et déficitaire le reste de l’année !
Enfin, la taille de navires a son importance. En raison de la géographie des deux goulets portuaires et des aléas météorologiques dans le détroit de Bonifacio, il faut savoir que cette rotation ne peut être assurée uniquement que par des navires adaptés, c’est-à-dire de petite taille. De plus l’accès du port de Bonifacio, très dangereux par sa pente et la taille réduite des deux plateformes portuaires ne permet pas la manutention du fret.


Propriano-Porto-Torres
Chaque année, cette liaison draine environ 5 000 passagers. Très insatisfaisante pour les professionnels, par ses horaires, sa fréquence et son irrégularité ne bénéficient d’aucune aide et l’opérateur. Il avait d’ailleurs prévu l’abandon de cette rotation dès la fin 2016, en raison de son manque de rentabilité structurelle. Il a toutefois  annoncé la continuité de cette liaison…
La compagnie Méridionale de Navigation (La Méridionale) a assuré, ces dernières années, la liaison Propriano - Porto-Torres les mardis et jeudis, mais de façon irrégulière, dans la journée, par le cargo mixte reliant Marseille à Propriano et repartant vers Marseille après son retour de Sardaigne. Aussi, cela  permet la pérennité des échanges commerciaux entre les deux îles.


Et pourquoi pas l’aérien ?
Etape incontournable, mais étape de plus dans la longue marche entreprise par la nouvelle majorité territoriale pour accéder à la maîtrise totale de ses transports, la mise en place de la continuité
territoriale transfrontalière obéit à une volonté politique. Chacun sait bien que jeter des ponts entre les deux îles de la Méditerranée est une vieille revendication portée par le mouvement nationaliste depuis au moins quarante ans. Mais créer les conditions du rapprochement ne se décrète pas. La nouvelle majorité y a œuvré sans relâche. Pour proposer, un an après l’accès au pouvoir, un dispositif novateur.
« C’est inédit, car c’est carrément réglementairement une innovation » explique Jean-Felix Acquaviva, qui ajoute : « Cela nous permet de sécuriser les liaisons maritimes Corso-Sardes tout au long de l’année. Mais d’aller aussi sur le terrain de l’aérien, avec là aussi de nouvelles lignes. Je veux parler de l’axe ligurie-Toscane-Corse-Sardaigne. Nous y travaillons déjà »
 Sur le plan juridique, en effet,  la coopération transfrontalière  s’inscrit dans le cadre du programme de coopération territoriale transfrontalière et Européenne baptisé « Interreg Italie-France maritime. » C’est ce programme qui a désigné l’Office des Transports de la Corse comme “chef de file” envers ses partenaires, afin d’élaborer un projet de création d’un instrument de gestion conjointe des services transfrontaliers de transports maritimes et aériens entre les îles. Objectif: l’amélioration de la connexion aux réseaux transeuropéens.


Groupement Européen de coopération Territoriale: (GECT)
L’amélioration de la connexion aux réseaux Européens prévoit ainsi la création d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) en partenariat avec la Région Sardaigne, la Région Ligurie, les autorités portuaires de Toscane et Sardaigne,  les Chambres de Commerce du Var, de la Corse du Sud et de la Haute Corse.Le projet vient d’être approuvé par l’autorité de gestion du programme et bénéficiera d’un financement d’environ 2 millions d’euros pour une durée de deux ans au terme duquel le GECT mettra en place la continuité territoriale transfrontalière sur l’arc tyrrhénien. Ce projet démarrera officiellement le 1er février 2017.


La procédure de liaison maritimes par mise en concurrence, à titre transitoire
En attendant et pour pallier le retard de financement des projets 2014-2020, ainsi que l’impossibilité de mettre en œuvre des obligations de service public (OSP) dans des délais courts, et en considération de l’insuffisance du secteur privé pour les liaisons maritimes hivernales entre les deux îles, l’Office des Transports de la Corse et l’Assessorat des Transports de Sardaigne ont entamé une procédure de mise en place de liaisons maritimes par mise en concurrence, à titre transitoire, en attente de création du GECT. Cette procédure s’appuie sur l’Accord de Rome du 26 juillet 1993 signé par la France et l’Italie et relatif à la coopération transfrontalière des collectivités territoriales dans leur domaine de compétence.
La Région Autonome de Sardaigne se chargera de la liaison Bonifacio - Santa-Teresa et la Collectivité Territoriale de Corse de celle entre Propriano et Porto-Torres, conformément aux délibérations votées par les assemblées des deux îles en 2016. Cela, sous le contrôle d’un comité transfrontalier élargi, composé des institutions et des principaux acteurs du secteur des transports et des secteurs intéressés.
Ce dispositif sera paraphé en Février prochain à l’occasion de la venue de Massimo Deiana. Il se rendra à Ajaccio. Dans sa besace les deux DSP prévues pour durer 6 ans. En attendant la suite …
J.-F. V.