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Nouvelle politique de la ville : Les quartiers pauvres de Bastia restent prioritaires !


Nicole Mari le Mardi 2 Décembre 2014 à 23:50

Bastia vient d’obtenir le renouvellement du contrat de ville, d’une durée de 5 ans, qui lui permettra de continuer à bénéficier de la politique de la ville qui sera votée en mai-juin 2015. Ce contrat d’aide à la gestion urbaine et sociale octroie des crédits spécifiques pour réhabiliter les quartiers pauvres ou sensibles et accélérer leur développement. Le Centre ancien, la Citadelle, Montesoro et Paese Novu, restent considérés comme prioritaires, c’est-à-dire de grande précarité. Pour la 1ère fois, Saint-Antoine entre dans le dispositif. Explications, pour Corse Net Infos, d’Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe à la mairie de Bastia, déléguée à la Politique de la Ville, au Renouvellement urbain et à la vie de quartiers, en charge des Affaires européennes et internationales. Elle revient également sur les deux dossiers polémiques du Puntettu et du parking Gaudin.



Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe à la mairie de Bastia, déléguée à la Politique de la Ville, au Renouvellement urbain et à la vie de quartiers, en charge des Affaires européennes et internationales.
Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe à la mairie de Bastia, déléguée à la Politique de la Ville, au Renouvellement urbain et à la vie de quartiers, en charge des Affaires européennes et internationales.
- Quel est l’état d’avancement du dossier de la politique de la ville qui sera voté en juin 2015 ?
- Aujourd’hui, le dossier est en discussion au ministère de la politique de la ville pour connaître le nombre de quartiers éligibles à ce dispositif. Auparavant, leur nombre était de 2500, il sera restreint à 1300. Bastia est maintenu dans les 1300 quartiers éligibles.
 
- Quels quartiers de Bastia sont éligibles ?
- Le Centre ancien et la Citadelle, mais dans une définition un peu différente de celle qu’ils avaient auparavant. Dans les quartiers Sud, Montesoro, Paese Novu et la partie qui était déjà éligible.
 
- Sur quels critères, ces quartiers ont-ils été choisis ?
- Le critère principal est le revenu fiscal moyen du quartier. Le revenu de référence est 11 300 € par foyer fiscal. Ce revenu très faible montre que Bastia est une ville largement paupérisée puisque plus de 10 000 habitants sont dans cette situation. Il faut mener une politique très active pour enrayer ce phénomène et entrer dans un système plus vertueux d’élévation du niveau de vie.
 
- Le précédent contrat portait sur 16000 personnes. Aujourd’hui, moins de personnes signifie-t-il plus de moyens ?
- Oui ! La réduction de moitié du nombre de quartiers éligibles n’a pas modifié l’enveloppe globale au niveau national. Le ministère a souhaité concentrer les moyens sur les quartiers les plus en difficulté plutôt que faire du saupoudrage. De manière mécanique, nous aurons plus de moyens, environ 8%, sur des quartiers encore plus ciblés avec des populations identifiées.
 
- Existe-t-il des dispositifs différents selon les quartiers ?
- Oui ! Il y a trois niveaux d’intervention : le quartier prioritaire, qui bénéficiera d’un maximum d’aides avec des animateurs, des moyens spécifiques et tout l’accompagnement des services de l’Etat. Ensuite, le quartier vécu qui contribue à la vie de ces quartiers en difficulté, mais n’est pas forcément positionné dans le périmètre prioritaire. Dans ce quartier, les établissements publics pourront bénéficier des dispositifs d’aides car ils contribuent à la vie des quartiers en difficulté. Enfin, le quartier de veille active est le 3ème volet du dispositif politique de la ville.
 
- Avez-vous obtenu tout ce que vous avez demandé ?
- Oui ! Nous avons amélioré le dispositif puisque le quartier de Saint-Antoine, qui n’était pas du tout pris en compte, a été mis en quartier de veille active. Il pourra, à ce titre, être inclus dans le contrat de ville et bénéficier d’un certain nombre de dispositifs. Nous allons, enfin, mener une politique différenciée dans ce quartier qui en a énormément besoin !
 
- Quelles actions concrètes, la politique de la ville vous permet-elle de mener ?
- La politique de la ville, c’est de la cohésion sociale, la prise en compte de l’urbain et du social que l’on ne peut dissocier tant la qualité de vie influe sur l’ensemble des comportements. Il faut, bien entendu mener une politique active avec les associations qui sont au cœur du dispositif et qui permettent de nouer du lien social. Aujourd’hui plus que jamais, il faut une action intergénérationnelle pour approcher toutes les populations.
 
- Lancerez-vous de nouveaux appels à projets ?
- Les appels à projets, qui existaient auparavant, sont, pour l’instant, maintenus avec une réorientation par rapport à la nouvelle politique municipale. Ils visent à guider les associations dans le travail à effectuer dans les quartiers pour accompagner les différentes actions, que ce soient les services sociaux de la ville, les animateurs de quartiers ou les services de supervision du bien-vivre ensemble. Les associations sont un lien indispensable à la politique de la ville.
 
- Désormais, vous exigez une complémentarité des associations. Pourquoi ?
- Même s’il y a déjà eu des initiatives de mutualisation entre associations, nous souhaitons, à l’avenir, généraliser ce phénomène afin que les associations ne travaillent plus de manière concurrentielle, mais plutôt de manière complémentaire. Aujourd’hui, on nous demande de faire plus avec moins ! Aussi faut-il essayer d’optimiser l’utilisation des fonds publics ! Nous pensons que les associations sont indispensables à la réussite de la politique de la ville. Nous souhaitons travailler gagnant-gagnant avec elles.
 
- Qu’en est-il du dossier épineux du Puntettu ? Avance-t-il ?
- Oui ! Le dossier du Puntettu avance fortement. Le maire de Bastia a énormément travaillé sur ce dossier. Il s’est impliqué personnellement dans toutes les réunions. Les services de la ville sont à féliciter car ils ont été très réactifs sur l’ensemble de nos demandes. Il y a eu, à la fois, une mise à niveau de tous les acteurs afin que, tous, nous ayons le même niveau d’information sur le dossier, et la prise en compte de la vision politique de la nouvelle majorité ainsi que des associations qui se sont mobilisées sur cette problématique.
 
- Avez-vous réussi à trouver une solution satisfaisante pour tout le monde ?
- Nous l’avons dit à plusieurs reprises : on ne construit pas une ville contre ses habitants, mais avec ses habitants ! C’est l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons. Le dossier du Puntettu est complexe parce qu’il est imbriqué avec d’autres dossiers. Quand on parle du Puntettu, on parle de Gaudin, du Guadello, de l’aménagement de la rue Letteron… Il a fallu regarder pour optimiser l’ensemble de ces problématiques. Aujourd’hui, nous sommes en situation de pouvoir rencontrer les associations et travailler avec l’ensemble des élus de la majorité et de l’opposition pour échanger sur cette question. Le maire de Bastia est aux commandes de ce dossier pour le faire aboutir.
 
- Autre dossier polémique : le parking Gaudin. Où en est-il ?
- Le maire de Bastia va rapidement communiquer sur ce dossier. Il est, aussi, en contact avec les habitants dans le cadre de la démocratie participative et de toutes les réunions de quartiers. Avec l’ensemble des protagonistes, nous souhaitons que le maximum de personnes soient associées au choix et qu’elles nous apportent leur éclairage sur leur vision du développement et du désengorgement du centre-ville. C’est, quand même, la grande question ! Le parking Gaudin, c’est, non seulement, une question d’emplacement, mais aussi tout l’enjeu de la fluidité du haut du boulevard Paoli.
 
- Avez-vous reçu le résultat de l’étude d’impact sanitaire ?
- Nous avions demandé des études complémentaires d’un point de vue de la santé publique. Le rapport sera remis ces jours-ci au maire de Bastia. Il reviendra vers les différents protagonistes pour avancer sur ces sujets. Nous mènerons l’ensemble des réunions nécessaires à la prise de décisions dans les jours qui viennent.
 
- L’opposition municipale, en la personne de Jean Zuccarelli, répète à l’envi que la nouvelle majorité ne fait rien. Que lui répondez-vous ?
- Ce qu’il dit n’engage que Jean Zuccarelli ! Je comprends qu’il cherche sa place par rapport à la nouvelle majorité et à son engagement. En ce qui nous concerne, nous travaillons tous les jours d’arrache-pied. Les services sont très mobilisés. J’ai entièrement confiance en leur travail pour apporter des solutions dans les mois qui viennent aux Bastiais. Un mandat dure 6 ans ! Il faut que Jean Zuccarelli, comme tous les Bastiais, aient un peu de patience !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.