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Michel Stefani : "Notre candidature est celle de la clarté à gauche"


le Vendredi 26 Septembre 2014 à 17:56

Michel Stefani, conseiller territorial, secrétaire fédéral du PCF de Haute-Corse sollicite pour la troisième fois les grands électeurs du département pour l'élection sénatoriale de ce dimanche. Il explique ici le sens de sa démarche.



Michel Stefani : "Notre candidature est celle de la clarté à gauche"

- Michel Stefani, vous êtes candidats aux sénatoriales pour la troisième fois. Qu’elle est la raison de cette opiniâtreté sachant que vous ne serez pas élu?

- Si pour délivrer un message politique il fallait avoir la certitude d’être élu, la démocratie déjà mal en point le serait encore plus. Donc nous avons un message, que nous portons avec des convictions et des valeurs de gauche auxquelles pour notre part nous ne renonçons pas.


- Vous êtes très critiques à l’égard du gouvernement et du président de la République n’est ce pas justement une façon d’enterrer la gauche ?

- Le désespoir suscité chez les électeurs de François hollande par sa politique en contradiction avec ses engagements est une réalité qui ne nous est pas imputable. Nous combattons cette politique de faiblesse devant Merkel et la finance, de sollicitude pour le Medef et les barons du CAC 40, de rigueur pour les travailleurs et les familles populaires. C’est une politique de droite.

Dans ce contexte de recul de la gauche la division en Haute-Corse ne lui est elle pas préjudiciable voire fatale ?

Deux candidats de la majorité départementale se sont déclarés, un troisième s’est retiré. C’est beaucoup, vous avez raison. C’est aussi le signe de difficultés issues du contexte général, du peu de crédibilité du couple exécutif Valls-Hollande et surtout des spécificités locales.
 

- Vous pensez aux élections municipales

- C’est évident à la fois pour la liste des grands électeurs mais surtout en raison des combinaisons politiciennes et autres alliances sans principe qui amplifient le brouillage idéologique. Notre candidature avec Marie Jeanne Fedi est celle de la clarté à gauche.


- Qu’elle en est les sens ?

- S’attaquer aux inégalités en Corse et dans le pays, c’est la raison de notre candidature avec Marie Jeanne Fedi. Le chômage a augmenté de 12 % en un an. La pauvreté et la précarité côtoient ici une insolente richesse. Les bas salaires et la cherté de la vie écrasent le pouvoir d’achat des ménages alors que 1600 fortunés ont un revenu annuel moyen de 180 000 euros.


- Dans ce scrutin les seuls électeurs sont des élus comme vous est-ce plus simple ou non ?

Bien sur nous voulons convaincre le plus possible. Pour cela nous nous appuyons sur notre expérience de Conseillers à l’Assemblée de Corse, d’adjointe au Maire de Vescovato et de président des Chemins de fer de la Corse. Ces mandats au service des territoires et des populations nous permettent, me semble-t-il, de mieux appréhender les réalités locale sans les déconnecter du cadre national...


- C’est plutôt vague comme explication ?

- Pas du tout, dans notre esprit, il s’agit de prendre en compte les difficultés des élus et des populations et enfin d’écouter, de fédérer les énergies et de dépasser les confrontations inutiles. Pour ne prendre qu’un exemple, nous l’avons fait avec le Collectif de défense des services publics que nous avons impulsé, pour arracher, aux côtés des élus et des usagers, le maintien de plusieurs bureaux de postes en milieu rural.

S’agissant de la Corse vous demanderiez quoi de significatif dans l’immédiat ?

Je demanderai au gouvernement la clarté sur le détournement des réfactions de TVA et sur le vol de la Taxe de transport par les compagnies low cost.


- Sur le long terme quels seraient vos axes d’action ?

L’emploi, le pouvoir d’achat des ménages populaires, le logement social, la santé, le service public, l’éducation et l’accès à la culture avec une approche non exclusive mais sensible à l’originalité de notre identité, notamment dans la promotion de notre langue.


- Pas question de réforme institutionnelle ou constitutionnelle ?

- Le pouvoir régional fondé sur la dérogation permanente n’est pas à nos yeux la solution à l’urgence sociale. Cela dit, la réforme, quelle qu’elle soit, devra selon nous être validée par référendum. Notre approche n’est pas celle du préalable ou du refus borné. Nous avons voté la coofficialité et le transfert de la fiscalité sur le patrimoine pour mettre un terme à l’exonération totale des plus riches. Sur ces deux points nous savions qu’il fallait modifier la Constitution. Nous l’assumons.


- François hollande a décidé de changer l’architecture institutionnelle du pays vous en pensez quoi ?

- Dans une situation de crise profonde la réponse à l’urgence sociale ne peut être celle qu’il propose avec une réforme baignant dans l’ultralibéralisme. En même temps le présidentialisme et la Constitution dont il est l’avatar sont à bout de souffle. Il faut mettre un terme à cette monarchie présidentielle pour revivifier la démocratie à partir de la commune. C’est la que se pose l’indispensable émergence d’une 6ème République.


- En quoi la Corse serait concernée ?

- Avec ses 300 000 habitants et un PIB de 8 milliards d’euros, la Corse n’est en situation d’affronter une logique économique et sociale dictée par les seuls critères de compétitivité capitaliste. Des méga-régions, des métropoles, des intercommunalités renforcées, l’objectif est la concurrence débridée à l’échelle de l’Europe. Il est question de millions d’habitants, de dizaines voire de centaines de milliards en PIB pour ces régions qui percevront les dotations adaptées aux besoins de cette politique ultralibérale. Les principes de la solidarité nationale sont en cause. La commande publique, les services publics et l’emploi le sont aussi.


- Le Comité stratégique réunit en juillet a planché sur une évolution du statut particulier de la Corse ?

- Ici on s’en tiendrait à une structure hybride appelée Collectivité de Corse sous la tutelle renforcée d’un président qui cumulerait les fonctions essentielles. Il nommerait les futurs présidents des institutions départementales qui continueraient sous une autre appellation. La Commission permanente se réunirait à Corté mais son poids serait disproportionné par rapport aux organes délibérants. A l’autre bout, l’intercommunalité renforcée viderait la commune, creuset de la démocratie locale, de sa substance. Voila succinctement de quoi il s’agit.


- Il n’y a pas de seuil pour se maintenir au second tour qu’allez-vous faire ?

- D’abord le premier tour. En 2008 le candidat RDG de la majorité départementale avait été élu au premier tour avec 318 voix, le candidat UMP avait recueilli 182 voix et moi même 16 voix. Cette fois-ci il y a plus de candidats, plus d’électeurs et un rapport de force politique autre et une majorité départementale divisée. Par conséquent il est difficile de dire mais notre choix sera clairement à gauche.