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Michel Castellani : « Il faut sortir du problème corse par la démocratie »


Nicole Mari le Samedi 10 Août 2013 à 21:44

Elu territorial du groupe Femu a Corsica, membre de la Commission Chaubon et conseiller municipal d’Inseme per Bastia, Michel Castellani a été mandaté, pour la 2ème fois, par les nationalistes modérés pour les représenter au 2nd débat des Ghjurnate di Corti sur l’évolution institutionnelle. Il revient, pour Corse Net Infos, sur le statut de résident et sur les convergences nécessaires pour faire avancer les dossiers majeurs. Il appelle les Corses à s’emparer de ces questions et Paris à être un partenaire loyal.



Michel Castellani, élu territorial du groupe Femu a Corsica, membre de la Commission Chaubon et conseiller municipal d’Inseme per Bastia.
Michel Castellani, élu territorial du groupe Femu a Corsica, membre de la Commission Chaubon et conseiller municipal d’Inseme per Bastia.
- Vous étiez déjà présent lors du 1er débat, l’an dernier. Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir participer à un 2nd  débat ?
- Il y a, à l’heure actuelle, en Corse, des débats majeurs qui engagent l’avenir de notre société. A Femu a Corsica, nous avons conscience qu’il y a, vraiment, des rendez-vous à ne pas rater. La configuration politique de l’Assemblée de Corse (CTC) nous semble extrêmement favorable pour faire évoluer les choses, même si on note l’opposition de Paris. L’idée, et, je crois, le bon sens politique, est d’essayer d’unir tous ceux qui, dans leur diversité, veulent réellement une issue politique à la question corse face au bloc des conservateurs. C’est pour cela que nous avons participé au débat des Ghjurnate. Je suppose que c’est pour la même raison que les conseillers exécutifs sont venus.
 
- Après la langue, le prochain grand et dur débat portera sur le statut de résident. Quelle en est la teneur ?
- La société corse est, de toute évidence, traversée par des tensions considérables. Les problèmes, qu’ils soient d’ordre culturel, économique ou social, sont énormes. Quand on regarde les chiffres du chômage ou l’évolution du foncier, on se rend compte qu’il s’agit de problèmes vitaux qui engagent notre devenir. Cette situation nous oblige, aujourd’hui, à prendre des mesures radicales, à mettre enfin le curseur à la bonne hauteur. Le statut de résident provoque des batailles féroces à la Commission Chaubon, comme il y en a dans la société corse.
 
- On reproche à ce statut de résident d’induire une inégalité au niveau des citoyens. Qu’en pensez-vous ?
- C’est un peu vrai dans une certaine mesure, mais cette inégalité ne signifie pas injustice. Le statut de résident n’est pas du tout ségrégationniste, d’abord parce qu’il s’adresse à tout le monde. Il n’est, d’ailleurs, qu’un filtre partiel par rapport à l’évolution du foncier. Une évolution catastrophique vis-à-vis de laquelle il est exclu, pour nous Nationalistes, de rester inerte. Il s’agit d’avancer sur cette question comme sur d’autres. Nous avons bien avancé sur le statut de coofficialité. Nous allons avoir une réunion commune entre la Commission Finance et la Commission Chaubon concernant la dévolution à la CTC du potentiel fiscal. In fine, nous aborderons le problème majeur de l’inscription de la Corse dans la Constitution, le fait de donner une force de loi à la CTC.
 
- Corsica Libera lance un nouvel appel à la cohésion du mouvement national. Que répondez-vous ?
- Nous cherchons la convergence avec Corsica Libera sur des bases très claires, comme nous cherchons la convergence avec toutes les forces politiques qui peuvent engager la Corse dans une voie de progrès. Il est évident qu’il serait, à l’heure actuelle, criminel de fermer la porte, d’abord, aux diverses composantes du mouvement national. Nous n’en n’avons pas du tout l’intention. Et, au-delà, ce serait criminel de ne pas chercher des convergences avec des gens qui, jusqu’à présent, étaient, objectivement, des opposants féroces à toute évolution corse et que l’on voit, aujourd’hui, avancer. C’est bon signe quand les gens évoluent, cela veut dire que nos idées progressent et se répandent dans la société. Donc, il faut tout faire, sauf fermer les portes.
 
- Au niveau des prochains scrutins électoraux, notamment municipal, chercherez-vous, aussi, des convergences ?
- Nous sommes pour une convergence municipale claire dans la diversité des communes sur la base d’une charte qui, comme vous le verrez, est très large et est une charte de progrès. Idem sur la question de l’évolution institutionnelle corse. Nous en débattons énormément en interne, dans les mouvements, dans la Commission Chaubon… Nous espérons qu’il y aura un débat public en Corse puisqu’au bout du compte, qu’on le veuille ou non, le processus ira jusqu’à un référendum. Il faudra que la société corse s’empare de cette question qui est celle de son propre avenir parce qu’il faut sortir du problème corse par la démocratie.
 
- Mais, comment, ensuite, convaincre Paris, fermé à toute évolution institutionnelle ?
- Nous ne faisons pas de l’escalade institutionnelle, nous essayons de donner de vraies réponses à de vraies questions. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Nous devons nous asseoir, dans notre diversité, autour d’une table et discuter avec Paris pour arriver, enfin, au bout du processus. Paris doit le comprendre ! Il enregistre les contradictions de la société corse, mais il faut qu’il comprenne qu’il doit être un partenaire loyal et responsable. S’il ne le comprend pas et ferme les portes politiques, ce serait une catastrophe !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Jean Biancucci et Michel Castellani, représentant le groupe Femu a Corsica aux Ghjurnate di Corti.
Jean Biancucci et Michel Castellani, représentant le groupe Femu a Corsica aux Ghjurnate di Corti.