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Mélenchon : "Pas de mesures spécifiques pour la Corse"


Nicole Mari le Jeudi 23 Février 2012 à 10:55

Pour le premier grand meeting en Corse de la campagne présidentielle, Jean Luc Mélenchon a fait le plein à la halle des Sports Pepito Ferretti, mercredi soir, à Bastia. Dans un discours très national et jacobin, le candidat du Front de gauche a évité habilement les questions corses tout en rappelant son attachement à la « République une et indivisible et à la continuité territoriale et législative ». Un non indirect à toute évolution constitutionnelle de l’île.



Mélenchon : "Pas de mesures spécifiques pour la Corse"
On attendait Jean Luc Mélenchon sur les questions corses, mais c’est un discours très combatif de politique nationale, anti-Marine Le Pen et anti-Nicolas Sarkosy, que le candidat du Front de gauche à la présidentielle a prononcé lors de son seul meeting en Corse.
Avec les Indignés
Arrivé à l’aéroport de Bastia-Poretta vers 16 heures en compagnie de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste et président du parti de la gauche européenne, il a été accueilli, à sa descente d’avion, par de nombreux militants et les Indignés d’Air France, dont une délégation a assisté au meeting avec les représentants syndicaux de la CGT.
Le candidat à la présidentielle a discuté un court moment avec les ex-CDD d’Air France, qui campent dans le hall de l’aéroport, depuis 108 jours, a signé la pétition et dénoncé : « Une injustice. Ces gens défendent le bon droit et leur indignité. C’est le jeu du gouvernement qui fait en sorte que les gens soient humiliés et cèdent en pleurant ». Il reviendra brièvement dans son discours sur le sort des Indignés.
Des militants en nombre
Puis, escorté de Dominique Bucchini, le président de l’Assemblée de Corse, des élus territoriaux du Front de gauche, notamment Maria Guidicelli et Michel Stefani, des candidats aux législatives et de leur suppléant, d’Ange Rovere, premier adjoint à la mairie de Bastia, il rejoint la Halle des sports Pepito-Ferretti à Lupino pour son seul meeting insulaire.
C’est aux cris de « Mélenchon Président » qu’il est accueilli dans une salle bondée par des militants venus de toute l’île, de Porto-Vecchio et d’Ajaccio par cars entiers et de la plaine orientale.
Un discours national
Après une courte introduction d’Ange Rovere, un discours très axé politique locale de Dominique Bucchini et une allocution de Pierre Laurent que le candidat, excellent orateur, a électrisé un public déjà largement acquis à sa cause. S’attaquant à la politique d’austérité, aux marchés financiers, aux grands patrons, aux riches, au modèle allemand et à ses deux adversaires désignés « Marine Le Pen et Nicolas Sarkosy », Jean-Luc Mélenchon a appelé avec des accents parfois gaulliens à la « Révolution citoyenne » et à « la formation d’une assemblée constituante pour établir la VIème république ».
Un discours très national pour un candidat, crédité de 9 % des intentions de vote selon le dernier sondage publié, et qui, selon ses propres dires, n’a « aucune mesure spécifique à proposer pour la Corse », laissant à Dominique Bucchini, le soin d’aborder la problématique locale.
Le même droit partout
Pourtant, en fin de discours, de manière subtile et indirecte, le candidat du Front de gauche revient sur la question insulaire. Prenant prétexte d’évoquer son projet de « planification écologique », qui sera le sujet central d’un prochain meeting sur le continent, il lance, tout à trac, « L'insularité est un handicap, quand on ne la voit pas comme un défi à notre intelligence. La République est une et indivisible, cela signifie que nous sommes solidaires les uns des autres et que les mêmes règles sont applicables à tous dans le cadre de la continuité territoriale et législative. Il n’est pas question de faire 22 régions avec 22 droits différents. La classe ouvrière doit avoir le même droit social ici comme ailleurs ».
Une manière subtile d’opposer une fin de non-recevoir indirecte à toute velléité d’évolution institutionnelle que pourraient demander les Corses, sans avoir l’air d’aborder la question.
L’autonomie énergétique
Il emploie ensuite à dessein le mot « autonomie », mais seulement pour évoquer une possible « autonomie énergétique de l’île », estimant que les insulaires ne sont pas « condamnés au tourisme et aux emplois saisonniers ».
Puis il aborde, de manière tout aussi indirecte, la corsisation des emplois pour la dénoncer : « Vous pouvez faire de la Corse la première île autonome sur le plan énergétique en développant ici une formation qui permet d’élever le niveau de qualification professionnelle. Et vous sortirez de cette discussion que l’on vous propose d’avoir qu’il ne faut ici employer que des Corses, ou des ¾ Corses ou des ½ Corses, parce que vous manquerez de bras pour faire tout ça et que nous pouvons tout faire ensemble ». Très applaudi, il parle d’une « Corse fraternelle dans une république française une et indivisible ».
… mais pas politique
Mais il ne s’arrête pas en chemin et, d’un ton grave, très gaullien, enfonce le clou en exhortant ses « Camarades », à ne pas se « laissez aller à l’idée caressante que la France peut aller à 22 régions autonomes comme des Länders, comme l’Italie, comme l’Espagne ». Il insiste sur le danger d’avoir « 22 lois sociales, 22 droits du travail… Ne vous laissez pas abuser. Nos différences sont ce qu’elles sont ! Ce qui nous rassemble est une cause commune, une idée commune qui est notre force, à nous, Français, que la loi, étant légiférée par tous, s’applique à tous et que la justice, étant rendue au nom du peuple, s’applique à tous ». Il conclut : « Cela peut vous paraître un peu abstrait, mais je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont parfaitement bien compris le message et que je n’ai pas besoin d’en dire d’avantage ».
                                                                                                                              N. M.