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Ligue des droits de l’Homme : Les libertés fondamentales en danger !


Jean-François Vinciguerra le Samedi 23 Janvier 2016 à 16:59

La Ligue des droits de l’Homme proteste contre la possible prorogation de l’état d’urgence en France dont le texte sera présenté le 3 février prochain lors du Conseil des Ministres. Faut-il inscrire l’état d’urgence dans la Constitution ? Faut-il instaurer la déchéance de nationalité pour les binationaux et renier le principe d’égalité ? Faut-il aggraver le dispositif juridique en vigueur au profit du pouvoir exécutif ? Faut-il accepter une gouvernance de la peur ?



Ligue des droits de l’Homme : Les libertés fondamentales en danger !
Autant de questions auxquelles André Paccou et les membres de la L.D.H. ont tenté de répondre samedi matin au cours d’une conférence de presse. Pour le porte-parole de la Ligue, il semble qu’il faille sacrifier les libertés fondamentales et mettre la démocratie en danger. C’est carrément l’état d’urgence pour les libertés !
« C’est une question grave pour la Ligue des Droits de l’Homme mais également pour tous les citoyens. C’est le rapport entre notre liberté et notre sécurité dans un contexte, et chacun en est conscient, qui est à la fois inquiétant et dangereux. » Ainsi s’est exprimé André Paccou qui a mis fortement l’accent sur la dangerosité de ces chamboulements qui portent incontestablement atteinte au citoyen. Puis il ajoute :
« Lorsque la LDH s’exprime sur les libertés, elle ne le fait pas avec naïveté ni angélisme, elle est tout à fait consciente du contexte qui est le notre et qui est marqué par une aggravation du terrorisme mais aussi par une extension de la guerre. Nous sommes conscients de ce contexte. Le défi qui est lancé est bien entendu celui des droits de l’homme et de la démocratie. Nous sommes très inquiets parce qu’il y a du côté de la réponse du président de la République et de son gouvernement des réponses qui interpellent tous les citoyens. Que nous dit-on ?
 
  • On va reconduire l’état d’urgence. Le débat aura lieu la semaine prochaine en Conseil des Ministres. Ils disent qu’il y a nécessité de le faire.
  • Il faut regarder le bilan de ce qui a été fait il y a trois mois.
 
On fait peur aux citoyens…
André Paccou rappelle que lors des premiers jours de l’état d’urgence, la LDH ne s’y est pas opposée, considérant qu’il fallait donner à la police et à la justice les moyens de retrouver ceux qui avaient commis les attentats à Paris. La LDH a considéré que c’était une nécessité.  Il rappelle notamment : « Attention que cet état d’urgence ne devienne pas une habitude. Le premier constat que l’on peut faire c’est qu’à partir du moment qu’il y a une première reconduction de cet état d’urgence, nous avions une réflexion toute simple : Cela va être très compliqué pour ceux qui prennent la responsabilité politique de reconduire l’état d’urgence, d’avoir le courage de dire à un moment donné, on arrête. Pourquoi ? Parce que parallèlement, ils entretiennent aussi un climat qui fait que les gens en appellent à plus de sécurité et sont prêts à se dire : nos libertés, c’est après. On n’arrête pas de faire peur aux citoyens ! »
André Paccou et la LDH disent leur inquiétude et estiment que le gouvernement par la peur est un gouvernement dangereux pour les libertés.
 
Un bilan calamiteux
A propos de l’état d’urgence, il estime que le bilan est calamiteux. Il explique
« Ce bilan est catastrophique dans la mesure où l’on arrête quelques personnes pour apologie au terrorisme, quelques assignations à résidence dont certaines sont aujourd’hui contestées et remises en cause par les tribunaux, des centaines de portes fracturées. En Corse, on sait ce que c’est, on l’a vécu, on a vécu ce que peut être la violence policière lorsqu’on décrète des états un peu particuliers. On se rappelle de l’affaire du préfet assassiné et les 17 mois qui ont suivis. Pour, encore une fois, un résultat calamiteux. Beaucoup de dégâts au niveau des citoyens, au niveau des libertés, pour pas beaucoup d’efficacité pour notre sécurité. Il était important de le rappeler. »
André Paccou estime également qu’il faut signaler une autre inquiétude : « Aujourd’hui, le gouvernement va demander au niveau de l’Europe des dérogations à la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Il peut le faire certes, mais il sera le seul en Europe à demander à déroger.  On croit rêver ! »
D’autres arguments ont été développés durant cette conférence, la Fiche S, dont les chiffres parlent d’eux-mêmes, à savoir 20 000 fiches recensées. 10 000 pour radicalisation religieuse, 10 000 autres pour radicalisme politique, syndical et hooliganisme. Il est également revenu sur l’affaire des jardins de l’Empereur et les manifestations qui ont suivi : « On donne de plus en plus de pouvoir à la police et on marginalise les juges… »
J.-F. V.