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Législatives : Le binôme Maria Guidicelli – Mathieu Laredo « En marche ! » dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud


le Jeudi 8 Juin 2017 à 23:17

Si la Conseillère territoriale en charge du PADDUC lors de la précédente mandature n’est plus à présenter, cette élection est une première pour Mathieu Laredo. Le jeune ajaccien de trente ans n’entend pas pour autant rester passif : entre les deux, une forte complicité s’est installée dès le lancement de la campagne. Vous l’aurez compris, il s’agit ici non pas d’une relation candidat – suppléant mais bel et bien d’un travail d’équipe. Interview croisée du binôme « En marche ! » dans la 1ère circo 2A …



Législatives : Le binôme Maria Guidicelli – Mathieu Laredo « En marche ! » dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud
Mathieu Laredo : première campagne pour vous aujourd’hui, pourquoi cet engagement pour ces législatives ?

Je pense que nous sommes à la croisée des chemins. Je considère que le clivage Gauche-Droite doit être dépassé. En m’inscrivant dans la logique d’En Marche ! avec Maria Guidicelli, j’estime que nous pouvons prendre ce qu’il y a de bon à Gauche comme à Droite et trouver un point d’équilibre. Ainsi, nous pourrons, je pense, mener une politique pour la Corse au sein des instances nationales, et favoriser le développement économique tout en respectant à la fois les travailleurs et salariés.

Et vous Maria ?

Ecoutez, notre ami Mathieu a bien résumé : je crois que la Corse a véritablement besoin aujourd’hui d’un projet fédérateur, et non pas de clivages partisans. Vous me connaissez un peu, j’ai toujours voulu travailler pour la Corse, lorsque j’ai construit le PADDUC par exemple, en mettant autour de la table toutes les parties prenantes et ce quels que-soient les sensibilités. Je me suis ainsi rendue compte que la méthode, qui est celle de l’écoute et du partage dans la réflexion comme dans la réponse, est celle que propose Emmanuel Macron. La Corse a aujourd’hui besoin que l’on porte ce projet, mais aussi un certain nombre d’ambitions fortes au regard de sa singularité et de ses problèmes quotidiens : il me semble qu’il est temps que nous puissions représenter notre île. Les ministères ne décideront pas de notre avenir, nous devrons être partie prenante des réponses à apporter, et c’est ce qui nous motive principalement pour cette campagne.
 
En Marche ! parle d’un point d’équilibre entre la Gauche et la Droite, est-ce qu’il n’y a pas, en Corse, un point d’équilibre à trouver aussi avec des idées résolument régionalistes, pour ne pas dire nationalistes ?
 
Maria : Si nous ne les avons pas évoquées, c’est parce que l’on se pose, de fait, comme des défenseurs de notre région et des régionalistes. Il n’est un secret pour personne que, Mathieu et moi, dans nos différents environnements, avons travaillé d’abord pour la Corse, avec toutes les sensibilités, à commencer par celles qui aujourd’hui veulent être la voix de la Corse. Cette voix n’est cependant confisquée par personne. Je pense que nous pouvons tous parler ensemble, afin que notre singularité soit prise en compte sur des sujets importants : la relance économique, la reconnaissance de notre identité, de notre patrimoine naturel comme outil de développement, etc… Il nous faudra obtenir des leviers, fiscaux, institutionnels, voir constitutionnels pour répondre à nos besoins. Nous sommes en phase, vous l’aurez compris, avec une sensibilité régionaliste, au sein de la République, et ce n’est pas clivant de dire « je suis pour la Corse, au sein de la République ».
 
Mathieu ?
 
Je pense qu’en nous engageant ainsi nous pourrons faire énormément pour le local. A titre d’exemple, le programme d’Emmanuel Macron propose de lutter efficacement contre la désertification des territoires : il prévoit entre autres de multiplier par deux le nombre de maisons pluridisciplinaires de santé, afin de fournir aux personnes isolées dans les villages des solutions à leur portée. Autre mesure : favoriser le travail à domicile dans le rural, notamment grâce aux nouvelles technologies, via le haut-débit. Le haut-débit, c’est aussi améliorer l’égalité des chances sur le territoire, et faciliter l’accès à l’information, la formation, la culture. Pour moi le développement ne doit pas être qu’économique, froid et rationnel : ce que nous ambitionnons, c’est que l’économie favorise le social, et par la même occasion, le culturel.
 
Mathieu, nous en avons parlé avant avec Maria : votre environnement vous a fortement influencé. Qu’en est-il de votre environnement familial ? Je pense notamment à votre père, Norbert Laredo, ancien élu nationaliste, responsable d’I verdi Corsi : est-ce une base de votre engagement aujourd’hui ?
 
J’ai très tôt appris ce qu’était la force d’un engagement. De ce fait, cette candidature n’est pas prise à la légère, mais quelque-chose de mûrement réfléchi. Automatiquement, j’ai été sensibilisé à certaines thématiques comme l’environnement ou la nécessité de prendre en considération le local. On m’a énormément transmis aussi les valeurs de tolérance, d’écoute et de respect, qui permettent l’usage de la voix politique : c’est-à-dire être proche des gens, les écouter, mais surtout les entendre. Cela étant, je suis avant tout moi-même, je fais mon chemin, et c’est pour cela que j’ai choisi de m’investir avec Maria dans ces élections.
 
Nous en avons cité quelques mesures, mais parlons plus généralement du programme : vos grands axes sont donc l’économie et le social ?
 
Pour nous l’un ne va pas sans l’autre : on veut changer de modèle de société. La Corse a toujours eu un développement dicté par l’économie de la rente, voir résidentielle. Notre programme est au service d’une économie productive : on veut s’adresser à l’entreprenariat. La Corse est faite de petites entreprises, et évidemment elles balayent tous les domaines : artisanat, agriculture, commerce, tourisme, etc... Ce que l’on veut c’est proposer un dispositif nouveau qui va les exonérer de certaines charges, et faciliter la création et le développement. Ainsi, on générera de l’activité et donc de l’emploi, ce qui me permet de faire le lien avec le volet social de notre projet. La relance de l’emploi avant tout est fondamentale dans notre région, mais nous insistons aussi, au plan national, sur l’enveloppe de quinze milliards d’euros prévue par Emmanuel Macron, et dévolue à la formation des chômeurs non qualifiés ou des jeunes décrocheurs, nombreux en Corse. Notre programme prévoit aussi l’augmentation des minimas sociaux, des retraites, des aides envers les personnes souffrant d’un handicap, etc …
 
Sur notre île, avec les problèmes de logements et de spéculation qui se posent, notre programme prévoit une exonération des taxes d’habitations pour 80% des résidences principales, mais demeure la question des résidences secondaires ! Moi (Maria Guidicelli ndlr) je l’ai mené ce combat sous la précédente mandature, et il faudra taxer les résidences secondaires !  Je considère qu’il faudra en Corse faire la différence avec la maison patrimoniale que nous avons tous au village, et qui ne pourra être taxée de la même manière les résidences secondaires luxueuses bâties sur la côte, occupées par les propriétaires quinze jours par an et louées à prix d’or le reste du temps. Ce sont des exemples de combats que nous allons mener ! Oui le programme d’Emmanuel Macron va nous aider, mais il faudra aller plus loin et défendre notre singularité, et le Président est prêt à l’entendre.

Mathieu : Emmanuel Macron considère que les régions ont toutes leurs spécificités, et c’est pour cela qu’il a proposé un pacte que l’on peut qualifier de girondin : c’est aussi reconnaître aux collectivités territoriales leur capacité à gouverner au mieux.

Parlons un peu de ce pacte girondin : un pacte porté par Emmanuel Macron, en opposition à une certaine idée jacobine de la France… Un pacte qui entraîne aussi chez les investis d’En Marche ! certaines obligations : par exemple, être toujours en accord avec les décisions nationales du parti, n’est-ce pas contradictoire, dans notre cas avec la volonté d’émancipation mise en avant ?

Certes, il y a quand même un engagement national, mais Emmanuel Macron souhaite une réelle valorisation des territoires. Il nous renvoie la balle, et va instaurer au niveau national une organisation lui permettant de rencontrer les Présidents de région et les écouter. Ce qu’il nous a clairement dit, c’est qu’à chaque fois que la Corse fera la démonstration d’un besoin de moyens spécifiques pour un développement économique et social équilibré, l’Etat sera là. Le pacte girondin c’est celui-là : l’avenir de la Corse ne se décidera pas dans les ministères parisiens, il sera ce que nous en déciderons, au cœur de la République, tout en étant respectés pour ce que nous sommes.
 
Politique-fiction, quatre élus « En Marche ! » en Corse : pourrions-nous nous attendre à une ligne commune pour l’île ?
 
C’est une évidence pour nous. Nous avons un socle commun par le biais des dix engagements nationaux qui nous ont convaincus. Il n’est un secret pour personne que nous nous connaissons tous, nous avons déjà travaillé ensemble, avec des sensibilités différentes, mais nous avons les mêmes convictions pour ce qui est de l’avenir de la Corse : un avenir de progrès qu’il faudra construire avec tous.