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Législatives : Francis Nadizi entend créer la surprise dans la première circonscription de Corse-du-Sud


le Vendredi 9 Juin 2017 à 11:07

Ancien instituteur auprès d’enfants souffrant de handicap, Francis Nadizi travaille ensuite en détachement au sein de l’Assemblée de Corse pendant sept ans. Après avoir occupé un temps le poste de chargé de mission pour les affaires européennes, il réintègre l’Education nationale en tant qu’inspecteur, puis devient Directeur de cabinet de l’ancien Recteur de l’Académie de Corse jusqu’à il y a quatre ans. C’est deux ans après avoir quitté ce poste qu’il s’affirme comme le leader du Front National dans l’île. Fort des derniers résultats de Marine Le Pen en Corse, Francis Nadizi compte bien peser durant ses élections législatives. Interview du candidat bleu marine de la première circonscription e Corse-du-Sud.



Pourquoi cette candidature aujourd’hui ?
 
Cette candidature est dans le droit fil d’un engagement politique auprès de Marine, mais surtout d’un engagement politique pour la Corse. Je crois qu’il y a un réel besoin aujourd’hui d’une voix forte concernant notre île qui puisse s’exprimer au sein de l’Assemblée nationale : une voix très éloignée cet espèce de melting-pot que l’on voit maintenant avec Emmanuel Macron, la Droite ou la Gauche. Ces gens disent une chose un jour puis son contraire, mais je crois surtout qu’ils font semblant de se poser pour mieux se retrouver après les législatives. Ce sera une nouvelle fois la Nation qui aura été trompée, comme elle a été trompée avec Macron, se positionnant comme le candidat plus blanc que blanc et qui a, force est de constater, un certain nombre de casseroles lui aussi.
 
Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
 
Je pense qu’il faut faire vivre le programme que Marine avait mis en place. On parle toujours d’un jacobinisme/centralisme au sein du parti mariniste, ce qui est absolument faux. Il y avait trois pour cette présidentielles trois programmes spécifiques : un national, un pour l’outre-mer, et un pour la Corse, axé sur sept mesures.
 
 
Je compte bien porter ces sept mesures à l’Assemblée nationale, parce qu’elles sont vitales pour notre île et Marine les aurait mises en place si elle avait été élue.
 
Plus spécifiquement qu’en est-il de ce programme pour la Corse ?
 
Il y avait des mesures phares et emblématiques. D’abord la création d’une zone de relance économique : l’économie de l’île aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, n’est pas florissante. Si 92% de notre tissu industriel est composé de T.P.E., pour lesquels j’ai un profond respect, ces dernières sont accablées d’impôts et de taxes. Ce qu’il convient de faire est d’abord de donner un souffle de trésorerie à ces entreprises, tout simplement par des allègements fiscaux. Je ne suis absolument pas contre des statuts dérogatoires temporaires pour relancer des activités, et je crois que c’est ici tout l’enjeu, avec des mesures très concrètes. Il faut jouer sur le levier de la fiscalité, sur cinq années, avec la création d’une zone de relance économique étendue à la Corse. Il en existe attention : comme les Z.F.U. ou les Z.R.R., mais c’est à l’ensemble de l’île qu’il faut donner cette respiration.
 
Ensuite, il y a le foncier : plutôt que de partir sur des choses complexes, qui se heurteront au barrage institutionnel, faisons avec ce que l’on a : une réglementation existe et permet à des communes de mettre en place des zones d’aménagement concerté à vocation immobilière. C’est ce qu’a fait – contrairement à ce qu’a dit un élu nationaliste – la commune de Courchevel, où il n’y a pas de statut de résident mais bel et bien ce type de dispositif. Il faut que les municipalités corses s’emparent de ces dispositifs, mais comment les financer ? C’est l’autre volet de notre proposition : abonder par le biais de l’office foncier, en lui donnant un vrai corps et une vraie âme, via un financement qui lui permette d’acheter des terrains et du foncier, qu’il pourra lui-même vendre ou rétrocéder à des communes.

Dans la situation actuelle, il est quasi impossible pour des jeunes d’acquérir un bien immobilier. Pour la petite histoire, j’étais il y a quelques jours dans le quartier de la Grotte (Grotte Napoléon au Casone à Ajaccio, ndlr), où le mètre carré est à près de 6000 €. Qui peut payer ça aujourd’hui ?! C’est de la folie.
 
Qui dit foncier dit logement, la Corse-du-Sud est l’un des moins bien loti en termes de logements sociaux, et Ajaccio paye régulièrement des amandes à ce sujet, est-ce que cela fait aujourd’hui parti des préoccupations du Front National ?
 
Tout-à-fait, la loi existe, nous sommes des républicains, il faut l’appliquer. Maintenant, la loi est peut-être imparfaite, et ne tient peut-être pas compte de l’ensemble des facteurs qui s’imposent aux maires. Ce n’est pas toujours pour eux une sinécure, avec les contraintes qui sont de plus en plus nombreuses. Cela étant, pour moi, le logement social, c’est une étape, et ce quel que soit la qualité du logement, car aujourd’hui on en fait de très bien. Il faut permettre aux gens d’acquérir véritablement un bien, sur la terre où ils sont nés, ou où ils souhaitent vivre. On ne peut pas leur dire « toute votre vie, vous serez locataires ». Donc favoriser les programmes sociaux, oui, dans la mesure où cela aura un caractère temporaire, tout en fournissant aux locataires tout le volant d’aides nécessaires, afin de leur permettre d’accéder à la propriété.
 
Autre mesure que vous préconisiez : un réel travail concernant les actes notariés ?
 
En effet, et il y a en Corse un travail fantastique réalisé par le GIRTEC. Cependant, ce dernier, malgré le nombre énorme de cas qu’il peut résoudre en un an, ne résorbera pas le problème de l’indivision dans l’île en quelques années. Selon nous, il faudrait pérenniser son action pendant un minimum de vingt ans, quand on voit le nombre de titres de propriétés à remettre en ordres en Corse. J’y crois encore cela dit, et ce sera un axe de travail, car il faut réussir à régler ce souci, et rendre les gens propriétaires des biens qui leur appartiennent.
 
Aujourd’hui, quels sont vos objectifs pour ces législatives ? Etre le premier Outsider vis-à-vis de Jean-Jacques Ferrara, candidat du député sortant ?
 
Je pense qu’il y a quand même eu une confirmation au second tour de la Présidentielle. Je pense que je ne serai pas l’outsider mais « l’insider » ! Vous savez, je suis entouré de militants. Ce sont des gens engagés. A côté de ça nous n’avons pas du tout les mêmes moyens : mon concurrent part avec derrière lui une mairie, une communauté d’agglomérations et un département. Je rappelle néanmoins que quand David s’est retrouvé face au géant philistin Goliath, il l’a quand même terrassé. J’ai donc sincèrement très bon espoir pour ces élections.
 
Un mot concernant Christophe Canioni, qui a quitté le FN, et présente aujourd’hui un candidat de son parti, Avvene Corsu, dans la première circonscription de Corse-du-Sud ?
 
Ecoutez, M. Canioni est un candidat qui lui-même se dit régionaliste, anti-centralisme, etc… Ce que je constate c’est qu’il a parrainé M. Dupont-Aignan, donc déjà il y a là quelque chose que je ne comprends pas. Ensuite, la démocratie c’est la concurrence, et le candidat d’Avvene Corsu est un compétiteur comme un autre. Ce que je remarque aussi, c’est que le 24 décembre 2016, M. Canioni chantait les louanges de Marine Le Pen dans les colonnes de Corse-matin, disant qu’elle avait tout compris à la Corse, et que trois semaines après il disait exactement le contraire… Donc c’est un parcours sinusoïdal, hasardeux, et moi je fais confiance à l’intelligence des électrices et électeurs. Je pense qu’ils savent très bien faire la part des choses, entre des gens qui zigzaguent et d’autres qui poursuivent leur chemin.

Je pense pour ma part que je suis, avec ceux qui m’entourent, porteur de valeurs qui sont éternelles à la Corse, transmises par nos ancêtres et que j’ai moi-même transmises avec mon épouse à mes enfants. Eux-mêmes les transmettent à mes petits-enfants, j’en suis très fier et je crois que c’est le combat de la Corse qui prime avant tout. J’espère porter ce combat au sein de l’hémicycle, à l’Assemblée nationale.