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Le conseil général de Haute-Corse critique mais valide la nouvelle carte cantonale


le Mardi 28 Janvier 2014 à 22:16

La nouvelle carte cantonale de la Haute-Corse a fait davantage grincer les dents des conseillers généraux de Haute que susciter leur enthousiasme mais ce n'est pas pour autant que l'assemblée départementale a rejeté, comme la Corse-du-Sud la veille, le projet proposé par le préfet il y a quelques jours. Bien au contraire. Par 21 voix pour, 5 contre et 3 non participation ils ont largement validé une réforme qui dans l'ensemble a été vertement critiquée. Cherchez l'erreur !



Le conseil général de Haute-Corse critique mais valide la nouvelle carte cantonale
Il est vrai qu'avant de formuler leurs observations puis de voter la réforme de la carte, Joseph Castelli, le président du conseil général, puis Alain Rousseau, le préfet de Haute-Corse, avaient, l'un et l'autre, dit tout le bien qu'ils en pensaient…
Alain Rousseau a, pour sa part, rappelé les aspects techniques du redécoupage et des critères qui avait présidé à son élaboration non sans s'attacher aux nouvelles particularités départementales avec 7 cantons où l'on n'était pas parvenu à l'équilibre démographique, 5 qui, sur ce plan, étaient au "plancher", 4 "au plafond" et 6 "dans la moyenne".
Un peu avant Joseph Castelli avait dit du découpage qu'il est "générateur de solidarité", "indispensable" et même si l'élaborer a relevé d'un "exercice difficile", il n'en "présente pas moins une certaine cohérence".
Dès lors difficile aux membres de la majorité départementale de voter contre.
De fait tous les orateurs qui se sont succédé ont, dans leur grande majorité, donné un avis favorable, quand bien même ne serait-il que consultatif.

"Una pulendada"
Jean-Baptiste Raffalli (Bastia IV)
, qui a refait l'histoire des cantons des Pieve qui les ont précédé, a pour le PRG de Bastia, accordé "un vote pour très circonspect".
Dominique Vannucci (Bustanico) qui a jugé la réforme '"nécessaire" et s'est interrogé sur la taille disproportionnée du nouveau canton de Morosaglia avec 55 communes, s'est dit "favorable mais…"
Claude Flori (Haut Nebbio), a dénoncé une "rédaction du découpage effectuée avec insouciance", un découpage " qui met en évidence le littoral contre la montagne, les villes et les gros bourgs contre les petites communes, les nantis contre les pauvres" où "il est fait peu cas des intercommunalités" tout cela ressemblant pour lui " une bouillabaisse, una pulendada en Corse"!
Pour Ange-Pierre Vivoni (Sagro di Santa Giulia), qui s'exprimait au nom de l'association des maire, il aurait mieux valu attendre les conclusions du travail de la commission Chaubon, puis de les soumettre par référendum à l'approbation des Corses. "Le futur 8e canton, il est identique à celui du 18e siècle !
Mais Ange-Pierre Vivoni n'en a pas moins décidé de voter favorablement et " à titre personnel" pour le projet.
Francis Giudici ( Ghisoni), qui s'exprime sur son vote par ailleurs, a fait état du "cri du cœur" de la population qui a jugé "blessante l'atteinte " portée au canton de Ghisoni. "Le canton ne veut pas que l'on touche à son histoire. Nous demandons la revision de la proposition et nous sommes déterminés et résolus a présenter des arguments dans ce sens jusqu'au Conseil d'Etat".
"C'est une comédie burlesque" a dénoncé pour sa part Ange Fraticelli (Moïta Verde). "C'est un document qui a été élaboré localement qui répond davantage à un charcutage électoral qu'à une logique" a t-il ajouté en précisant qu'il voterait contre le projet.
" Nous n'avons pas été associés à son élaboration mais mis devant le fait accompli. Je suis contre le découpage proposé par l'Etat" a souligné, pour sa part, Pierre Guidoni (Calenzana). "C'est un projet qui n'a pas été étudié comme il faut. Et je ne comprends pas davantage pourquoi la Corse, qui ne sera pas affectée par la réforme des régions, est touchée par celle des cantons."

"A contre cœur"
Jean-Marie Vecchioni (Alto di Casaconi)
a fait part de son "fatalisme". Et dénoncé "l'aberration" du projet qui démontre les limites de cette loi.
Jean-Baptiste Castellani (Niolu-Omessa) s'est étonné, comme Pierre-Marie Vecchioni, du nombre des communes - 55 - qui composeront le futur canton qui les concerne. "C'est énorme" en demandant une révision et avant de signifier à l'assemblée qu'il voterait contre.
Pierre Mancini (Belgodere) a relevé, lui aussi, "beaucoup d'incohérences dures à avaler" mais a dit qu'il voterait pour par principe. Jacques Costa (Castifao-Morosaglia) a fait quant à lui part de sa "profonde préoccupation" sur ce "découpage imposé avec la volonté de détruire les limites cantonales exisitantes." Mais il votera pour, "à contre cœur mais pour par solidarité avec le président."
"On n'assiste pas un déchirement historique mais un déchirement politique" a souligne Pierre-Simon de Buochberg (Prunelli-di-Fium'Orbu). "Dans 2 ou 3 ans on ne s'en souviendra plus." Et de dire qu'il était pour "la décision de découpage faite par l'Etat".
Ours-Pierre Grimaldi (Fium'Alto-Ampugnani), ne s'est pas dit "inquiet". "Cela fait 31 ans que je suis au conseil général et des réformes, j'en ai vu passer. En général, elles se retournent contre ceux qui les ont préconisées."
Pour Hyacinthe Mattei (L'Ile-Rousse) le projet "est conforme à l'esprit de la loi. J'y suis favorable et sans réserve". Pierre Jean-Toussaint Gugliemacci (Calvi) aurait préféré le statu-quo si on lui avait demandé son avis, mais pour lui à Calvi le rural ne peut pas être opposé à la montagne puisqu'il y aura un élu pour le littoral et un second pour la montagne. Dès lors il votera pour.
Pour, aussi, Paul Peraldi (Vezzani) qui a néanmoins fait remarquer que Noceta et Rospigliani avait "leur centre d'intérêt à Corte" et non pas en Plaine Orientale.
A l'heure du vote malgré tous les avis négatifs recensés au sein de l'assemblée et après les dernières explications du préfet qui a essayé de répondre aux interrogations des élus, les conseillers généraux ont été 21 à approuver le projet proposé, 5 ont voté contre, 3 n'ont pas participé à la consultation…