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Le Festival de Guitare du Nebbiu sur le bon rythme


Laurent Hérin le Dimanche 23 Juillet 2017 à 12:05

5 jours déjà que les guitares résonnent dans le théâtre de verdure de Patrimonio. Tour d’horizon du Festival à mi-parcours.



Noa et Asaf Avidan
C'était la soirée d'ouverture mardi dernier. Découvert en première partie des Simple Minds il y a 7 ans, Asaf Avidan a fait son grand retour sur la scène des Nuits de la Guitare. Et le moins que l’on puisse dire c'est que le personnage, malgré son succès, est resté simple et abordable. Une simplicité et une sincérité qui, ajouté à son talent, lui ont permis d'enivrer et de faire à nouveau chavirer le public de Patrimonio. Abordable également le lendemain lors d’un passage à Bastia quand il est venu voir le film Dunkerque au cinéma Le Régent. Avant lui, en première partie, Noah a prouvé qu’elle n'avait rien perdu de ses qualités dont ce timbre de voix si particulier. Une fort belle affiche pour ouvrir ces 28e Nuits de la Guitare.

Mariama Trio & Lamomali
Le lendemain, Mariama a littéralement envouté et surtout bercé (sans l’endormir !) le public par ses superbes mélodies. Cette jeune découverte, qui a su mélanger dans sa musique des influences jazz, groove et reggae, a préparé, comme il se doit, le public pour M et son aventure malienne. Et LAMOMALI a alors tout emporté sur son passage, même les plus récalcitrants. Interrogé à la sortie du concert, un spectateur confie : « Je n’apprécie pas M, je suis venu, en trainant les pieds, pour ma copine. Au final, c’est un des meilleurs concerts que j’ai vu ces 5 dernières années. Quelle énergie ! Quelle ambiance.» Un tour de force réussi alors même que la chanteuse du projet était absente. Mais des invités prestigieux bien présents comme Oxmo Puccino ou Thomas Dutronc.
 
Nuit Tziganes
Des virtuoses ! C’est le mot qui ressort le plus souvent quand on interroge le public de cette soirée toujours à part dans la semaine de Festival connaissant l’attachement que porte Jean-Bernard Gilormini à ce style musical. Et c’est de Matthieu Chedid que vient le meilleur des compliments alors qu’il assiste au concert : « En les voyant jouer, j’ai l’impression de débuter à la guitare. » Tout est dit. Les aficionados se sont régalés et les novices ne se sont pas ennuyés !
 
Joanne Shaw Taylor & Rival Sons
Le gros son était de sortie vendredi soir aux Nuits de la Guitare et les amateurs au rendez-vous. Joanne Shaw Taylor, tout juste 30 ans, déjà respectée par ses pairs, a fait le show sur la scène de Patrimonio. Pas de chichis, du bon vieux blues rock des familles. L’idéal pour accueillir ensuite un des plus grands groupes de la scène rock mondial, Rival Sons. Et s’ils font leur retour deux ans à peine avant leur premier passage au Festival c’est parce que le public qui les a découvert ce soir là, n’a eu de cesse de les réclamer depuis.

Baisse de fréquentation

La qualité est au rendez-vous, à n’en pas douter. Et ces quatre premières soirées l’ont largement démontré. Le temps est clément puisque quelques gouttes de pluies sur le col Teghime et une large brume ne sont même pas descendues jusqu’au Théâtre de Verdure vendredi soir. L’organisation se met toujours en quatre pour satisfaire public, professionnels et surtout les artistes. Pourtant, en parlant avec Sylvie Durand, attachée de presse du Festival, on sent poindre une légère déception. « Forcément, on pensait faire plus d’entrées. Pas pour la Nuit Tzigane, qui, on le sait, ne fait jamais le plein, mais pour Asaf ou M, on attendait dans les deux cas un peu plus de monde. Et, alors que les premiers tickets pour Renaud se sont arrachés quelques heures après l’annonce de sa venue, on sent un ralentissement à 3 jours du concert. » Autre exemple, Rival Sons qui remplit des stades aux Etats-Unis et à travers le monde a joué devant une foule beaucoup plus clairsemée que lors de leur venue précédente.
 
Arrive alors le temps des interrogations. Le Festival dure-t-il trop longtemps ? Pas d’après Jean-Bernard Gilormini, son directeur. Avec moins de soirées moins de pluralité et une offre réduite en sachant que les couts fixes (scène, installation mais aussi toute la communication) restent pratiquement identiques.
Les raisons économiques ? « Sûrement » nous répond Sylvie. Même si le Festival met tout en œuvre pour offrir ses soirées à des prix attractifs, ça reste une sortie au budget important, pour une famille par exemple, de venir à Patrimonio.
Le contexte général ? Sûrement un peu aussi. Que ce soit à Bastia ou à Saint Florent, on sent, cette année, une baisse d’activité dans la région. Il sera temps de tirer un bilan en fin de saison mais d’après quelques restaurateurs contactés « on a l’impression qu’il y avait plus de monde en juin ! Le mois de juillet est assez faible pour le moment. »
La multiplication des événements ? « C’est, nous explique Sylvie, la raison principale. A mon avis. Il y a encore quelques années, à cette période de l’été, l’offre n’était pas aussi importante. » Aujourd’hui, les Nuits de la Guitare doivent faire face à de nouveaux événements comme Mi! qui se déroule sur 2 jours à Ajaccio et où sont passés près de 10000 personnes. Des Djs phares (Martin Solveig), une enceinte XXL (le stade de Timizzolu), foodtrucks et autres stands et beaucoup de soleil, tout est réuni pour le succès. Avec, dans le public, des gens qui auraient peut-être choisi de rejoindre le Nebbiu le temps d’une soirée ou deux et qui, du coup, restent dans le sud.
En tous cas, ce n’est pas la programmation qui est remise en cause. Après ces cinq soirées dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles étaient magiques (hier, se produisaient Laurence Jones et Keziah Jones, aucun lien de parenté), s’annonce une Nuit du Brésil qui va être, à n’en pas douter un moment fort du Festival, Trust et The NoFace qui risquent bien de retourner la scène de Patrimonio.
Et, the last but not the least, mister Renaud himself, un concert qui, à n’en pas douter, restera gravé dans l’histoire des Nuits de la Guitare.