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La réponse de Jean-Paul Roesch à Christophe Barbier


Nicole Mari le Mercredi 2 Janvier 2013 à 21:20

L'éditorial de Christophe Barbier, rédacteur en chef du magazine l'Express, et ses commentaires politiques sur I-Télé concernant la situation en Corse ont provoqué une onde de colère dans la population insulaire incriminée. Corse Net Infos s'est fait l'écho des nombreuses protestations, provenant tant des élus que de simples citoyens. En voici une autre. Celle de Jean Paul Roesch qui a écrit, à l'éditorialiste, une longue, érudite et implacable réponse. Cette lettre, reprend point par point, pour mieux les torpiller, toutes les accusations, insultes ou inepties dont on fustige les Corses. A lire avec délectation.



La réponse de Jean-Paul Roesch à Christophe Barbier
« Lecteur de vos éditoriaux, je vous dis ma consternation après avoir lu avec révulsion ce jour, votre affligeant et nauséeux propos titré « Corse réveille-toi ! ».
Il est aisé lorsqu’on plonge dans la léthargie sa mémoire, que l’on piétine toute intégrité intellectuelle, d’observer, de décrier et de pointer chez l’autre ce qui chez soi n’a jamais cessé de se produire et de nuire horriblement. Et qui plus est, à une échelle incomparablement plus criminogène, affairiste et broyeuse de valeurs.
Si l’on remonte hâtivement dans le temps faute de pouvoir s’y attarder, parce qu’un gros volume ne suffirait point à contenir la macabre liste des souillures sanglantes et indélébiles, qui en un demi siècle ont effaré et frappé d’effroi la France entière.
Aussi voici de courte mémoire, ce dont je me souviens à l’instant après vérification. Ne parlons pas de la période de collaboration avec la fabrique d’inhumains qu’était l’abominable nazisme. De l’approbation active de plusieurs artistes poètes et écrivains ce qui n’enlève rien à leur immense talent. Richard Strauss, Heidegger et j’en passe, n’étaient-ils pas encartés au parti nazi. Gommons également la colonisation, évitons de parler d’Action Directe, et d’évoquer les ripoux d’aujourd’hui qui ne sont pas que des lampistes (…).
Ainsi, en 1965 deux inspecteurs des RG interpellent Ben Barka, depuis il n’a jamais été retrouvé. Au cours des années suivantes sont assassinés : 1975 le juge François Renaud  (…) ; 1976 le Prince de Broglie (…) 1978 Henri Curiel (…) ; 1979 Pierre Goldman (…) ; Le Ministre Robert Boulin est retrouvé mort le 30.10.1979 (…) 1981 assassinat du juge Michel (…) ; Le SAC, composé de barbouzes, de flics et de truands dirigé par des politiques au sommet de la hiérarchie : il a fallu l’abominable tuerie d’Auriol le 18.07.1981, pour qu’enfin le gouvernement de l’époque se décide à dissoudre ce monstre terrifiant enfanté par la République Française (…). Le pasteur Joseph Doucé disparu sous la surveillance des RG en juillet 1990 (…). La députée du Var Yann Piat assassinée le 25.02.1994 (…), etc. Et toutes les autres affaires que l’on a réussi à étouffer ou à escamoter. Cela s’est-il passé en Corse ?
Maurice Papon reconnu coupable de complicité de crime contre l’humanité seulement en 1998, après avoir exercé pendant plusieurs années de très hautes fonctions (…) ; René Bousquet assassiné (pure coïncidence ?) peu avant l’ouverture de son procès (…) ; Le préfet voyou Bonnet était-il corse ? L’ex premier ministre Alain Juppé a été condamné pour abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux et prise illégale d’intérêts. Cela n’a pas empêché qu’il fut nommé quelques années plus tard, ministre des affaires étrangères. Est-ce des corses qui l’ont réélu maire de Bordeaux ?
Et l’ancien Président de la République Jacques Chirac condamné pour emplois fictifs. Quant à l’histoire de la fameuse « mallette », ce mémorable scandale s’est volatilisé dans l’épais brouillard des bas-fonds de la justice (…). Ce fut donc un justiciable qui exerçait tout de même la plus haute des fonctions. Tous ces honorables plénipotentiaires étaient-ils corses ?
Ce sont les lois de la République Française qui protègent à ce degré suprême de la « régence » d’un pays, les auteurs de conduites délictueuses. Sont-ce des lois éditées par les corses ?
Blaise Pascal a écrit : « Les lois ne sont pas justes, mais il ne faut pas le dire au peuple parce qu’il y obéit à cause qu’il les croit justes. ».
Selon d’éminents juristes, la loi du 03 juin 1958, en disposant « que la constitution sera révisée par le gouvernement » a violé la loi fondamentale en attribuant à l’exécutif un pouvoir constituant que le peuple n’avait accordé qu’au législatif. Elle a subdélégué le pouvoir constituant. La constitution de la cinquième République sur laquelle reposent nos institutions, a donc été élaborée dans l’illégalité. Encore un coup d’Etat qui a permis d’instituer un présidentialisme monarchique (…). Cela s’est-il passé en Corse ?  
Nous assistons en ce moment à un inénarrable pugilat public, autant désopilant que navrant d’anciens Hommes d’Etat - et pas des moindres – qui, tels de vulgaires chiffonniers se lacèrent les costumes en s’empoignant sous l’empire d’une inextinguible soif de pouvoir et d’irrépressibles pulsions égotistes (…). S’agit-il de corses ?
J’interromps ici ma liste noire, loin d’être exhaustive, parce qu’elle se veut raisonnablement lacunaire.
A mon humble avis, prendre sur une tonalité aux accents lyriques attendrissants, comme exemple d’étalon valorisant, le génial putschiste et tyran Napoléon, est une fausse note dans ce scherzo désarmant. Hormis si à contrario on feint d’ignorer un pan entier de l’histoire de France ; ou alors, en souffrance d’une brève déficience mnémonique. D’autant sinon, après avoir succombé à la tentation d’une grotesque délirante provocation. Un instantané sublime de frénésie fugace, quand l’épidermique subjugue le discursif et accouche d’aberrations chimériques.
L’illustre ingénieux despote Bonaparte, fut en effet proportionnellement à la démographie de son époque, le plus grand massacreur de citoyens français, qu’il sacrifiait pour assouvir d’insatiables ambitions mégalomaniaques de conquérant. Défendons-nous de taire qu’il avait rétabli l’esclavage,  qu’il s’attribuait la paternité d’œuvres essentielles, tel le code civil, que d’autres avaient conçu et rédigé sous la convention avant son règne dictatorial terrifiant. Notons qu’il a également falsifié son état civil, etc.(…). N’en déplaise à ses historiens hagiographes. C’était également un inégalable propagandiste. Ce personnage par certains côtés fascinant, n’a jamais rien fait au bénéfice de la Corse, excepté en fossoyeur (…).  Ne disait-il pas, de lucidité supérieure nanti au sujet de l’histoire : « La vérité historique est souvent une fable convenue. ».
Le recours aux « fusils » a ses causes que vous ne pouvez méconnaître, sauf à vous embastiller dans une forme d’hypocrisie pour d’énigmatiques raisons journalistiques ou autres. Un fusil c’est évidemment une arme. Une mine d’or pour  la France qui en  tire des profits exorbitants dans ses ventes à des peuples qui s’étripent dans des guerres entretenues (…). Mais évitons encore une fois de remuer le scalpel dans des plaies en putréfaction. En Corse ceux qui en  usent sont des exécutants instrumentalisés sous les directives de commanditaires que la police et les services de renseignements ne peuvent pas ne pas connaître (…). La Corse nul n’en disconviendra, est moins peuplée qu’un grand quartier de Marseille.
Il ya en Corse des élus majeurs (sans exclure les députations) qui sont des sortes de petits Machiavels qui portent le masque d’un visage d’ange. Qui apparemment bien au contraire, n’ont jamais souffert d’ostracisme de la part des gouvernants qui se sont succédé, toutes obédiences politiques confondues.
La violence qui s’exerce dans notre île entre truands et touchant un nombre infinitésimal d’élus parmi ceux qui ont des accointances avec le milieu - bien que certains jusqu’ici s’en défendent et en réchappent - n’est pas la plus dévastatrice.
A qui veut-on faire admettre que nos dirigeants ne sont pas complètement informés dans le moindre détail du fonctionnement des institutions étatiques et autres en Corse. Qui oserait prétendre ne pas savoir qu’ici comme ailleurs, des élus important peuvent devoir leur élection au grand banditisme et aux trusts de la finance. Qui nierait sans se parjurer que l’on a toujours réussi - souvent grâce à  « l’omerta » médiatique - à maintenir les populations à des distances sidérales des cryptes où sont enfouis d’inavouables immondices. Et qui, à moins d’habiter sur une autre planète, soutiendrait que les campagnes électorales ne sont pas immanquablement financées en partie par des fonds occultes (…).
Dispensez-vous à l’avenir par manque d’honnêteté intellectuelle - irremplaçable qualité qui ne se décrète pas, et qui n’appartient qu’aux esprits forts, des êtres capables de transcender leurs opinions de sensibilité, leurs affinités électives et leur ego - de culpabiliser une population en vous enlisant dans des sables mouvants d’incongruités mythiques.
La population corse est la victime et non la responsable comme pourrait le laisser sous-entendre votre prose allusive, dans ce que je considère comme une perte de sens dans votre approche du problème. Une analyse fantasque de la question, écartant toute méthodologie élémentaire : connaissance du terrain, des particularismes d’une  population, de son état d’esprit, des niveaux de développement économique, des systèmes de valeurs, des traditions culturelles, etc. Des notions rudimentaires qui semblent vous avoir échappé. La Corse subit une situation désastreuse face à laquelle elle est impuissante. Nul ne peut le contester, sauf à néantiser son entendement pour d’obscurs motifs. L’incriminer est une insulte inacceptable ! Un délit.
En vérité seule la concrétisation d’une volonté politique gouvernementale peut apporter la résolution adéquate à cette problématique pernicieuse. Et c’est bien là que réside la difficulté d’apparence insurmontable. Encore une énigme (…).
Il est impensable, à moins d’évoluer dans l’angélisme le plus abrutissant, ou d’endurer un début de sclérose cérébrale, que l’on puisse supposer que l’exécutif ne possède pas tous les éléments déterminants et les divers moyens appropriés susceptibles de mettre un terme à tous ces trafics mortifères. Aux profits frauduleux mirobolants réalisés grâce aux hold-up permanents dans les coffres de l’argent public, à des modifications partielles et juteuses de PLU, etc. L’origine du mal est bien là.
L’Etat n’a plus rien à décrypter en Corse. Et cela depuis des lustres. J’insiste, ces magouilles délictueuses et criminelles ne sont point une spécificité corse (…). N’empêche, dans aucune déclaration du couple de ministres aux mimiques circonstanciées venus jouer le rôle de leur fonction,  je n’ai entendu prononcer le vocable « marchés publics ».
Effectivement, il s’avère autant déconcertant que préoccupant que tous les ministres qui se déplacent en Corse lorsqu’une situation menace de dégénérer, s’accoutument de s’être acquittés d’un devoir par une simple tournée de convenance.
En se référant au passé, on peut présupposer que cela ne dépassera point le stade d’une villégiature, suivie certes de quelques bastonnades sur du menu fretin en épargnant les requins. Ceci afin de donner l’illusion d’une réactivité sévère, résolument inflexible et durable (…). Il suffit pour s’en convaincre et s’y instruire au besoin, de se remémorer que le rapport Jean Glavany a été frappé d’irrésolution et voué aux oubliettes. Ce qui peut laisser présumer qu’il fut élaboré pour se dédouaner d’une coupable inertie, et probablement par cette blâmable gesticulation manuscrite, se donner bonne conscience. Une sorte de prestidigitation à vocation mystificatrice, pour leurrer nos compatriotes corses et continentaux (…).
Il est vrai que de nombreux élus importants et des familles de notables influents, de raison fondée y étaient concernés (…). D’un point de vue rejetant toute considération morale, tout principe de justice et d’équité cela se comprend. L’application des condamnations encourues pouvait mettre en péril un capital électoral, éclabousser des personnalités intouchables citées comme « référence » de probité. Prévoyante préservation d’une loyauté de façade réservée à une caste,  et protection de biens dont la provenance ne pose souvent que des interrogations. J’ajoute que dans ce domaine, l’hexagone ne déroge pas à la règle.
Les hommes dans toutes les professions, ainsi que les municipalités s’achètent. Dans la nébuleuse politicienne ils deviennent une marchandise prisée par les prédateurs que sont les maquignons de la politique. « Ce qui s’achète à peu de valeur. » disait Nietzsche.
Il apparaît vraisemblable s’agissant de la Corse, que ceux qui régissent l’Etat Nation France,  rechignent de manière irréductible à pratiquer une préconisation d’Hérodote. C’est-à-dire rechercher véritablement en priorité la cause des causes. Mesure d’une cohérence d’efficacité qui permettrait d’éradiquer le mal à la racine. Mais il faut le vouloir. «  Là est la question ! » comme le déclamait Hamlet dans l’un de ses monologues traitant de grandes questions existentielles (…).
Il est plus que nécessaire, sinon prophylactique, que des élus majeurs corses immaculés (il est permis de rêver en restant éveillé) aseptisent  leurs rangs, plutôt que d’organiser des réunions alibi sur la violence en Corse. Débats circonscrits dans le cadre indépassable de la dissertation sur ce thème, sans doute dans l’espoir niais de faire accroire que la violence ce sont les autres, et ne peut émaner de ceux qui en débattent.
En ce sens, leur attitude prétentieuse, imprégnée de morgue dédaigneuse envers ceux qui les élisent, les rend aveugles et les éloignent des réalités. D’évidence ils se fourvoient en ne distinguant plus le savoir purement scolaire, de l’intelligence et de l’intuition de l’honnête homme des cités ou du rural. Connaissances solides, indissolubles et en concordance avec les réalités, parce qu’elles  procèdent de l’expérience vécue et du ressenti.
Rien n’est plus naïvement inepte de penser qu’un citoyen ordinaire gobe tout. Dans leur overdose d’autosatisfaction hypnotique, ils ont du mal à saisir qu’un individu intelligent peut valoir une infinité de fois sur plusieurs plans, celui vêtu de parchemins universitaires ne possédant comme boussole qu’un savoir théorique.
J’évoque à ce sujet, le prestigieux autodidacte André Malraux. Un modèle en plein accord en actes avec ses nobles convictions ; comme le fut Camus dans le groupe de résistants « Combat » sous la dictature Pétainiste de Vichy : antisémite, xénophobe, collaborationniste et diaboliquement meurtrière (…). 
En réalité, la violence la plus dévastatrice en Corse n’est pas celle qui sévit mortellement entre truands (ceux-ci ont fait un choix de vie dans une dimension du temps et de l’espace ne dépassant pas une heure sur l’autre). Non, la pire est celle qui ne laisse aucune trace visible, et que l’on pourrait qualifier de « violence propre », comme il en va de la « torture propre ».
De fait, c’est celle qui insidieusement s’applique à maintenir une population dans un besoin permanent d’assistance pour mieux la tenir en laisse, l’exploiter, la vampiriser. Mais aussi celle qui ayant proscrit tout souci de profil de compétences et de sens inaltérable du bien public, recrute dans les collectivités sur des critères exclusifs d’objectifs électoraux. D’autant maléfique, est celle qui construit à dessein une société de quémandeurs, qui détruit en l’homme sa dignité. Ce qui fait qu’il existe en possession de son libre arbitre. Tous ces méprisables agissements perpétrés en puisant par d’astucieux tripatouillages dans les deniers du contribuable. Il est incontestable que ces calamités captieuses n’épargnent pas le continent (…).  Cour des comptes que fais-tu ? La sieste ? Pourtant ton président n’est pas corse ! (…).
Nous avons en Corse, un président de l’exécutif qui gère notre île avec un directeur de cabinet non démissionnaire mis en examen (…). Dans l’hexagone on n’est pas en reste. Négligeons les affaires que l’on étouffe ou que l’on réussit à faire passer à la trappe, et jetons le voile sur l’effroyable et ténébreuse période Mitterrandienne: Giscard/Bokassa ; Villepin ; Sarkozy ; Balladur/Karachi ; Alliot Marie ; Lagarde /Tapie ; Eric Woerth, et j’en gomme (…).
Mystérieusement aucune sanction pénale (…). Mais qui actuellement se soucie d’éthique ou de déontologie ? De comportements haïssables qui méritent la réprobation la plus absolue ? N’est-ce pas la cime de la pyramide qui est le diapason donnant le « LA » ? Une société n’est-elle pas le reflet de ses dirigeants ?
Montesquieu constatait : « Il y a deux genres de corruption : l’un lorsque le peuple n’observe point les lois ; l’autre lorsqu’il est corrompu par les lois : mal incurable parce qu’il est dans le remède même.».
Sur la thématique du gangstérisme et de la délation, je me permets de vous suggérer de relire ‘’La France mafieuse’’ de Philippe Madelin, et ‘’La France des mouchards’’ de Sébastien Fontenelle, dont vous trouverez ci-joint une photocopie de la couverture de ces deux livres éclairants.
Je suis encore sous l’effet de la stupéfaction provoquée par votre surprenant et incompréhensible dérapage de la pensée, « un gâchis ». J’emploie un de vos qualificatifs de prédilection, extrait de votre pathétique salmigondis se voulant un plaidoyer à vocation rédemptrice. Et qui n’est hélas, et c’est vraiment dommage, qu’une virulente algarade d’une bizarrerie ahurissante souillant votre culture  livresque cotée d’un indéniable remarquable niveau.
En parcourant votre éditorial, j’avais l’impression de me trouver en présence d’un analyste commentant une œuvre à la seule satisfaction d’avoir lu sa préface.
Vous nous aviez habitués dans vos écrits et au travers des débats auxquels vous participez, à une clairvoyante vivacité d’esprit, à une virtuosité d’expression et d’élocution. L’image d’un Scriabine que vous nous donniez s’est fatidiquement métamorphosée en Clayderman. Fulgurante dégringolade dans l’abîme de l’infatuation et la faconde d’élucubrations en disharmonie avec le réel. Une poignante rhapsodie arythmique de bastringue en pleine ivresse de l’opium des mots. Une jubilation extatique dévoreuse de lucidité.
Je crois, et c’est fâcheux, que vous avez ébréché votre crédibilité, terni votre prestance aux yeux d’innombrables lecteurs.
Avant de décider de vous adresser mes gribouillis de plouc provincial, j’étais persuadé que je ne vous apprendrais rien que vous ne sachiez. Ce n’est nullement par goût du paradoxe que j’y consentis. En clair, c’est l’espoir extravagant de ranimer ne fût-ce que d’une étincelle, l’étrange extinction d’une parcelle de votre mémoire. Particulièrement celle me semble-t-il orientée dans le sillage d’idées reçues, et vouloir demeurer emmurée dans ce stérile carcan.
Je suis néanmoins averti de ma béate et sotte initiative. De même que de son inconsistance, quant à escompter qu’elle pourrait booster un atome d’efficience sur l’hermétisme d’opinions figées héritées de coutumes et non d’examen rationnel.
Plutôt que de jeter l’opprobre sur la Corse, confortablement installé dans un fauteuil de direction, ou en parade ostentatoire dans des studios audio-visuels, osez faire l’effort d’aller vous confronter aux réalités du terrain. Ainsi que de vous entretenir avec ses habitants. Vous aurez remarqué que je n’ai pas dit « autochtones ».
Dan cette perspective, approfondissez vos connaissances sur l’histoire de la Corse. Celle qui résulte des recherches de vrais historiens de préférence à celle des conteurs. Ce faisant vous découvrirez que nous sommes à des années lumière de ressembler aux fantasmagories à la Mérimée qui peuplent encore l’ingénuité de certains esprits. Qu’en vérité, ce n’était que le fruit d’un imaginaire fertile inspirant un talentueux romancier.
Agissant de la sorte vous prendrez conscience de la nature puérile et odieuse de vos insupportables puantes invectives. De vos abjectes éructations flétrissant un peuple qui en matière de courage de combativité et de fierté n’a rien à prouver. L’histoire en témoigne. Mateo Falcone est une parfaite invention romanesque. L’ignoriez-vous ? A croire que vous vous complaisez indifférent au burlesque, dans la fange de la médisance acrimonieuse.
D’autres directeurs de rédaction de magazines, pontes de « l’édito » - absolvez l’apocope - nous ont épisodiquement en fonction du contexte « îlien », servi ce repas indigeste de buffet de gare, indéfiniment réchauffé et garni d’arguments éculés.
A l’exception je tiens à le préciser de Jean Daniel, doté lui d’une riche culture, qu’il tient autant d’études sérieuses que du vécu. Un journaliste positif, sincère, responsable et crédible, qui apporte immensément à ses lecteurs et féconde leur esprit.
Nous avons eu droit dans le passé, au sujet d’Yvan Colonna, sur cette antienne « Mériméienne » surannée, à l’inanité d’une ruade verbeuse psalmodiée par un smart médiacrate connu sous l’acronyme BHL. Encore un précieux courtisan, pitre et saltimbanque de la dialectique, romanichel costumé qui s’exhibe devant les caméras à la lisière des conflits. Un faraud de plus, vacciné contre le saugrenu, comédien de la philosophie qui, selon des philosophes et des sociologues faisant autorité, se plante dans sa propre discipline. Je ne citerai comme perle que sa principale tentative thétique : ‘’Le Testament de Dieu’’  (…). Au vu de tout cela, doit-on en arriver à considérer qu’il existe un inguérissable syndrome Mérimée au sein de cénacles de médias.
Je vous rassure s’il le fallait, le piètre plumitif que je suis, s’est infailliblement manifesté à l’encontre de tous ces fades et incurables donneurs de leçons, affiliés au sérail d’une presse d’ambition élitiste. Des Maîtres de la censure, infatués au point de vouer aux gémonies objectivité et exigences déontologiques qui sont réputées constitutives du substrat de leur profession.
De prétendus Sages, qui se repaissent d’amalgames corrosifs et ignominieux fustigeant chez l’autre, la « gangrène » qui pourrit perpétuellement dans leur pays la plupart de ceux qui en détiennent les leviers de commandes. Des Docteurs du verbe dont l’admiration de soi et le crétinisme narcissique, feront qu’au fil des années leur champ de méditation deviendra un marécage infertile.
Ce qu’il y a de plus répréhensible dans la substance déliquescente qui dégouline de la liquéfaction d’une pensée, c’est l’arrogance sarcastique, la présomption froissante à l’égard de traditions culturelles régionales. Cette aliénation de la raison chez ceux dont la mission fondamentale est de comprendre et d’informer, est angoissante et profondément inquiétante (…). Des messieurs « je sais tout », « j’ai tout compris », « moi  excellent mentor, expert en pédagogie pénétré de sciences humaines, j’ai l’authentique capacité de  réussir à tout vous apprendre ; même le savoir être en société (…).
En étudiant sérieusement l’histoire des peuples et des nations après s’être débarrassé de préjugés tenaces, il est facile de comprendre pourquoi contrairement l’Amérique qui n’est pas un Etat Nation, la France s’est appliquée avec brutalité à niveler les minorités ethniques et les disparités régionales, a effacer les différences culturelles, à  museler les langues régionales et minoritaires.
Assurément, la France dans sa démence dominatrice consistant à imposer sa vision jacobine d’avenir et ses projets de société, souffrait d’une incapacité rédhibitoire à reconnaître la fécondité des diversités culturelles, à s’enrichir de leur apport. L’histoire a démontré au cours des innommables tragédies générées par sa stratégie oppressive de suprématie, que ce mode opératoire ne fonctionne pas. Le comprenez-vous Monsieur le prophète? Les maux qui « martyrisent » certaines régions sont l’œuvre fatalement inconséquente de l’Etat Nation (…).
Prêtons une oreille attentive à Kundera « La culture c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la conduite historique, le mode de pensée et de vivre. ». Programmer son annihilation n’est-ce pas un crime  contre l’humanité ?
Pourquoi le pays prétendument champion des droits de l’homme (bien que plusieurs fois condamné par la CEDH) et des lumières, ne ratifie pas la charte des langues régionales et minoritaires ? Hannnah Arendt détenait certainement la bonne réponse.
Ecoutons-là : « Dans la langue le passé a son assise indéracinable, et c’est sur la langue que viennent s’échouer toutes les tentatives de se débarrasser du passé.» (…).
En politique la rectitude la morale et la vertu sont de véritables handicaps. Des fardeaux dont il faut impérativement se délester. Concernant la démocratie, elle relève d’un mythe savamment entretenu par ceux qui s’échangent en partage le pouvoir de quinquennats en quinquennnats, aux dépends des jocrisses et des songes creux qui leur font candidement don de leurs suffrages.
En pastichant mes phrases, J’apprends qu’au cours d’une semaine on a assassiné à Marseille deux personnes dont une avocate.
Mais aussi une à Sète dans la banlieue de Bastia, et une autre à Nîmes près d’Ajaccio. Décidément je divague ! Où avais-je la tête ? Mon retour à l’école primaire s’impose afin que je puisse réapprendre mes leçons basiques de géographie (...).
Monsieur René Girard venez secourir ceux qui souffrent de la pathologie du bouc émissaire.
La triste excentricité de vos venimeuses et insultantes acrobaties phraséologiques, en Corse et ailleurs ne dupe personne. Elle dénote une déplorable décrépitude du sens de la mesure et de « l’honneur » concassé dans un choquant et aveugle entêtement discriminatoire.
Je préfère m’illusionner en consolation de mon immensurable déception, en pensant qu’elles n’avaient pour finalité que de multiplier les ventes de votre magazine (…).
Je crois possible qu’à l’époque des célébrités du « cogito » qui faisaient de la résistance avec la plume, des discours et des pièces de théâtre, leur aréopage vous aurait coopté.
Vous auriez eu droit alors à la flèche acérée que leur a décochée pertinemment Albert Camus : « …recevoir (…) leurs leçons d’efficacité de la part de censeurs qui n’ont jamais placé que leur fauteuil dans le sens de l’histoire… ».
Mon minable pastiche n’est ni une catharsis ni un défoulement. C’est une idiote et futile tentative de remise à l’heure de minuscules pendules de l’histoire. En somme l’anachronisme d’un charitable gaspillage de temps.
Au bonheur de ne plus lire vos vomissures fielleuses et toxiques. Vos surréalistes pérégrinations mentales et fariboles traitant de la Corse. 
A quand votre prochain prêche sotériologique ?
Il m’étonnerait fort que votre auguste stature trônant sur un piédestal, concède à ces pages ne fût-ce qu’un imperceptible survol, et qu’elles n’atterrissent pas illico dans une corbeille à papier.
 
« Avouer qu’on s’est trompé c’est rendre le plus éclatant hommage à la perspicacité de son esprit. »
Gaston Bachelard.
 
Réveillez-vous Monsieur Christophe Barbier !
 
Au dandy d’une rhétorique désuète et du sophisme, le piètre écrivaillon d’inculture « cancérisé » que je suis, dans la langue raffinée de Racine dit : merde et bonne santé ! »