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La grande victoire nationaliste avec trois députés élus et une autre citadelle qui tombe !


Nicole Mari le Dimanche 18 Juin 2017 à 23:39

Ils ont gagné ! Les Nationalistes Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani ont été élus députés. Dans les deux circonscriptions de Haute-Corse et dans la deuxième circonscription de Corse du Sud, les trois candidats de Pè a Corsica ont raflé la mise avec des scores sans appel ! L’union de toutes les forces du mouvement national et la dynamique de la majorité territoriale ont permis de concrétiser l’avance notable du 1er tour à Bastia et Corte et de renverser la vapeur à Porto Vecchio. Michel Castellani totalise 60,81 % contre 39,19 % pour le député LR sortant, Sauveur Gandolfi-Scheit. Jean-Félix Acquaviva double son score avec 63,05% des suffrages contre 36,95 % pour le candidat d’En Marche, Francis Guidici. Paul-André Colombani crée la surprise en faisant tomber la citadelle rocca-serriste avec 55,22% des suffrages contre le député LR sortant, Camille de Rocca Serra.



Les leaders nationalistes fêtent la victoire à Bastia.
Les leaders nationalistes fêtent la victoire à Bastia.
C’est la dernière citadelle qui tombe ! Après la citadelle bastiaise, lors des municipales de mars 2014, la Collectivité territoriale (CTC) en décembre 2015, c’est un autre bastion, que l’on disait imprenable dans une élection par nature difficile pour eux, que les Nationalistes unis viennent d’enlever haut la main avec la victoire de Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva dans les deux circonscriptions de Haute-Corse et de Paul-André Colombani qui fait tomber la citadelle rocca-serriste de Corse du Sud. Rien ne semble arrêter la vague nationaliste qui déferle sur l’île de manière grandissante et ininterrompue depuis 2014. Rien ! Pas même le tsunami Macron qui n’atteint pas les rivages insulaires. Encore une fois, la Corse se singularise en votant totalement à contre-courant du continent. Non seulement, elle élit trois députés nationalistes sur quatre, mais aussi un député LR, Jean-Jacques Ferrara à Ajaccio, - alors que la droite connaît dans le reste du pays l’un de ses plus sévères revers -, et surtout élimine les candidats En marche, alors qu’ils ont pris d’assaut l’hexagone. C’est, aussi, une nouvelle victoire historique. Pour la première fois en près d’un demi-siècle de lutte, des députés Nationalistes siègeront au Palais Bourbon. Le message envoyé par les Corses à Paris est sans équivoque, comme celui adressé à la classe traditionnelle insulaire, celui de la fin d’un monde, du rejet de systèmes obsolètes et de la volonté de prendre en main leur destin. Pour l’Exécutif territorial en place depuis 18 mois, l’état de grâce continue...

Liesse à Bastia
Liesse à Bastia
Schelem au Nord
En Haute-Corse, c’est le grand schelem ! Les Nationalistes remportent les deux sièges avec des majorités très larges, laissant leurs adversaires loin derrière. Dans la 1ère circonscription, Michel Castellani obtient 60,81% des suffrages, soit 16 279 voix, contre 39,19% pour le député LR sortant, Sauveur Gandolfi-Scheit, qui ne recueille que 10 490 voix. Soit une confortable avance de 5 789 voix et un gain net de 2 100 voix par rapport au score du 1er tour. Et, ce malgré un taux d’abstention de 50,77%, soit un électeur sur deux qui a boudé les urnes. C’est, néanmoins, près de 2% de mieux qu’au 1er tour. Même si Sauveur Gandolfi-Scheit, qui a bénéficié du report d’une partie des voix de gauche et du Front national, a quasiment doublé ses voix par rapport à dimanche dernier, il n’a pu remonter ses neuf points de retard. Il a, en plus, perdu du terrain un peu partout jusque dans son propre fief. A Biguglia dont il est le maire, il se fait même distancer par Michel Castellani qui lui vole la vedette par 13 voix d’avance ! Partout, les Nationalistes dominent. A Bastia, ils enlèvent, cette fois-ci, la totalité des bureaux. Dans le Nebbiu, la Conca d’Oru, le Cap Corse et le Grand Bastia, ils caracolent en tête dans la plupart des communes, même celles qui avaient voté à gauche dimanche dernier, à l’exception d’une poignée d’entre elles comme Borgo, Ersa ou Pietracorbara…

La vague au Centre
La victoire est encore plus éclatante ans la 2nde circonscription où le tandem Jean-Félix Acquaviva-Petr-Anto Tomasi totalise 63,05 % des suffrages, soit 21 266 voix, contre 36,95 %, soit 12 461 voix pour le candidat d’En Marche, Francis Guidici. Une avance nationaliste conséquente de 8 805 voix et un gain de 8 481 voix par rapport au score du 1er tour ! Ceci, avec un taux d’abstention quasiment stable autour de 45 %. C’est, comme au 1er tour, la circonscription insulaire où l’on a plus voté. Francis Guidici a engrangé près de 4248 voix supplémentaires grâce au report des voix de gauche, mais ne semble guère avoir bénéficié de l’élimination des candidats de droite. L’appel en sa faveur du leader des Républicains de Corse du Sud, Marcel Francisci, n'a pas été entendu. Les électeurs de droite, qui avaient au 1er tour voté Stéphanie Grimaldi ou Jean-Martin Mondoloni, se sont massivement reportés sur Jean-Félix Acquaviva. Les Nationalistes creusent l’écart dans la majeure partie des communes, font tombula dans le Niolu avec des scores dépassant les 75%, et en Balagne où ils captent plus des deux tiers des électeurs, notamment à Calvi, Cateri et Calenzana. Idem dans le Centre Corse et la Castagniccia avec plus de 79% à Corte et à Campana, ou 86% à La Porta. Ils confortent leurs positions en Plaine orientale et en Casinca, à Aleria avec plus de 62 % des suffrages, prennent la tête à Cervione, Ventiseri, Vescovato,Taglio-Isolaccio...
 
La citadelle du Sud conquise
La surprise est totale dans la 2nde circonscription de Corse du Sud où le député LR sortant, Camille de Rocca Serra, était donné grand favori. Arrivé en tête du 1er tour avec 35,99 % des suffrages, soit 9 887 voix, ainsi que 43,25% des suffrages, soit plus de 500 voix d’avance, dans son fief de Porto-Vecchio, personne ne misait un kopeck sur sa défaite. Mais c’était sans compter sur la détermination des Nationalistes ! Dopés dans cet Extrême-Sud par le vent de la victoire qui soufflait au Nord, ils ont réalisé l’impensable : faire tomber la citadelle rocca-serriste. Partant avec seulement 29 % des suffrages et 7 991 voix au 1er tour, soit un retard de six points et de 1896 voix, le tandem nationaliste Paul-André Colombani - Pierre-José Filipputti renverse complètement la tendance et décroche le siège en plus que doublant ses voix. Il obtient 55,22% des suffrages, soit 16 637 voix, contre seulement 44,78% des suffrages et 13 491 voix pour Camille de Rocca Serra. Le député sortant LR ne récolte entre les deux tours que 3 604 voix. Il entendait convaincre les abstentionnistes, - un électeur sur deux ne s’étant pas déplacé au 1er tour -, mais la hausse de participation de 6% ne lui a apparemment pas profité. Il est même distancé chez lui, à Porto Vecchio, où il se fait damer le pion pour 215 voix ! Les Nationalistes, qui ont bénéficié du report d’une grande partie des voix de Jean-Charles Orsucci, le devancent de plus de 3000 voix, dont plus d’un millier dans le rural, et prennent la tête à Bonifacio, Bastelica, Cozzano, Pietrosella…

Jean-Jacques Ferrara élu à Ajaccio.
Jean-Jacques Ferrara élu à Ajaccio.
Le dernier bastion libéral
Dans la 1ère circonscription de Corse du Sud, c’est, en toute logique, Jean-Jacques Ferrara, président de la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien), candidat des Républicains et dauphin du député-maire sortant d’Ajaccio, qui l’emporte avec 64,99 % des suffrages et 12 278 voix contre 35 % et 6 614 voix pour la candidate d’En Marche, Maria Guidicelli. Avec 33,5% des suffrages, soit 7603 voix, et 12 % d’avance, le candidat LR avait largement dominé le 1er tour et faisait figure de favori incontestable. Malgré une abstention encore plus forte que dimanche dernier, il récolte 4 675 voix supplémentaires et laisse groggy Maria Guidicelli qui, avec une progression réduite à 1 742 voix, ne fait même pas le plein des voix de gauche ! Jean-Jacques Ferrara a, en toute vraisemblance, récupéré une partie des voix du Front national et des Nationalistes, et empoche 2 350 voix supplémentaires sur Ajaccio.

Une droite déconfite
La victoire ajaccienne sauve et conforte le dernier bastion de la droite insulaire qui perd deux députés sur trois. Le seul que les Nationalistes n’ont pas encore réussi à prendre ! Mais, cette victoire partielle est l’arbre qui cache la forêt de désarroi dans laquelle la famille libérale s’enlise, élection après élection, depuis 2010. La défaite de Camille de Rocca Serra lui fait perdre sa suprématie au Sud. Celle des deux personnalités dans les deux circonscriptions de Haute-Corse accélère sa déliquescence au Nord. Engluée dans des querelles intestines, un déni de réalité, des discours, souvent mal compris par l’opinion, et un conservatisme hors sol, la droite corse ne peut plus faire l’impasse d’une profonde remise en cause de ses hommes et de ses idées.

Une gauche en miettes
Pour le mouvement En marche et la majorité présidentielle, le désavœu est encore plus cruel ! Le moins que l’on puisse dire est que les Macronistes n’ont guère convaincu. D’abord par un choix malheureux de candidats, issus pour la plupart d’une sulfureuse Giaccobbie dont la Corse ne veut plus. Ensuite, par leur incapacité à incarner le renouveau qu’ils prétendent symboliser, un créneau largement occupé en Corse par les Nationalistes. Enfin parce que, désormais, sans leader, sans partis, sans pré-carrés, divisée, déboussolée et désorganisée, la gauche insulaire, qui est sortie laminée dans toutes ses composantes des trois derniers scrutins, municipal, départemental et territorial, ne sait plus à quel saint se vouer. Le PRG, qui a pendant un siècle dominé la vie politique corse, n’existe plus. Les Communistes, qui ne subsistent plus qu’à l’Assemblée de Corse, finissent de s'étioler sous les assauts Mélenchonistes de la France Insoumise. Le Parti socialiste est plus étique que jamais. Les Macronistes ont été balayés avant même d’exister ! Les Progressistes ne sont pas audibles.

Les leaders nationalistes autour du nouveau député de Bastia.
Les leaders nationalistes autour du nouveau député de Bastia.
Le nouvel ordre nationaliste
La dissolution de la gauche, les revers de la droite, la sclérose des vieux partis et des postures idéologiques, la mise hors jeu des leaders traditionnels, le rejet de pratiques autocratiques, clientélistes et surannées, et même le refus des vagues venues d’ailleurs ne sont que le reflet en négatif de l’inexorable montée en puissance des Nationalistes. L’union du mouvement national, baptisée en décembre 2015 à Corte et symbolisée par la majorité territoriale, continue d’accumuler les succès. Elle fait éclater tous les équilibres et redessine une donne totalement inédite sur l’échiquier politique corse qu’elle domine désormais. Les bastions tombent les uns après les autres. Plus qu’un nouvel ordre politique, c’est un basculement, à la fois, générationnel et sociétal ! Pour les Nationalistes, c’est, aussi, une preuve indéniable de la confiance grandissante des Corses à leur égard et une validation de leur action régionale. A six mois des élections territoriales, on ne voit pas trop ce qui pourrait les arrêter. Tout pousse à croire que l’avenir leur appartient…
 
N.M.