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L'Assemblée de Corse prête à débattre avec Najat Vallaud-Belkacem


le Mercredi 8 Février 2017 à 21:20

L'objectif : obtenir un cadre normatif spécifique pour l'Education dans l'île. Lors de la dernière session de l'Assemblée de Corse, le 27 janvier, un vote en ce sens a donné mandat au président de l'Exécutif afin de négocier ce cadre avec la ministre de l'Education. Josepha Giacometti compte profiter de cette visite de Najat Vallaud-Belkacem dans l'île, ce vendredi, pour faire avancer ce dossier sur lequel elle travaille depuis décembre 2015. Explications de la conseillère exécutive en charge de l'Education...



L'Assemblée de Corse prête à débattre avec Najat Vallaud-Belkacem
Beaucoup d’attente en termes d’éducation en Corse ! Ce vote, lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, va-t-il vous permettre de les combler ?

Effectivement, puisque ce vote nous permet d’avoir mandat de l’Assemblée de Corse pour négocier réellement la mise en œuvre d’un cadre normatif spécifique. C’est une délibération qui avait été prise en 2007 mais elle n’a plus aucune commune mesure aujourd’hui, puisqu’elle s’étend sur le Second degré (collèges et lycées ndlr). On sait désormais que de par les barèmes qui nous sont affectés, notre académie n’est pas assez bien dotée. Il nous faut pouvoir négocier de manière pluriannuelle nos ressources. Par ailleurs, l’Assemblée nous a aussi donné mandat pour la mise en œuvre d’un accroissement de nos compétences dans le premier degré. Là aussi on pourra donc revendiquer davantage de moyens, notamment pour les établissements du Rural. De nombreuses discussions sont par ailleurs en cours au niveau des conventions de ruralité.

 Vous avez parlé de cadre normatif spécifique : de quoi s’agit-il, pour les non-initiés ?

Aujourd’hui les dotations de l’Académie de Corse sont négociées dans ce que l’on appelle un dialogue de gestion entre le Rectorat et le Ministère. Cette négociation se fait sur la base de barèmes dits « égalitaires » pour l’ensemble des académies. Nos spécificités n’étant pas reconnues, ce système « égalitaire » nous dessert, puisque nous n’avons pas de fait un traitement équitable.

Comment l’expliquez-vous ?

Nous sommes renvoyés au Droit commun des Régions, ce qui n’est pas acceptable avec les compétences qui sont les nôtres depuis 2002. Nous devions normalement définir la structure pédagogique des établissements du second degré, mais en pratique nous avons seulement entériné les choix du Rectorat. Aujourd’hui, de par nos compétences, ce que nous devons avoir, c’est la possibilité de négocier en direct avec le Ministère. Pour cela, il faut avoir un cadre de négociations qui nous le permette, et disposer des éléments statistiques du Rectorat. Nous restons au milieu du gué en termes de compétences : on nous demande d’arrêter une structure pédagogique mais nous n’avons pas en amont les moyens de travailler sur la statistique et de négocier avec le Ministère.

Que faudrait-il faire ?

Il faudrait donc que nous puissions véritablement nous affranchir de ces barèmes et quotas appliqués dans l’ensemble des académies, pour pouvoir faire reconnaître nos spécificités, tant géographiques et sociales que linguistiques. On sait par exemple qu’en termes de dotations à proprement parler l’Académie de Corse n’est pas suffisamment bien traitée, puisque l’on englobe les professeurs de Corse, qui sont une spécificité, dans l’attribution des postes. Cela traduit donc dans les faits un nombre de dotations inférieur en postes par rapport aux autres Académies.
Ensuite, il faut aussi que nos capétiens, formés par l’ESPE de Corse, puissent rester dans l’île et ne soient pas systématiquement mutés. C’est un objectif que nous avons d’ailleurs fait acter par l’Assemblée de Corse, et un combat que nous allons engager.

Le maintien des capétiens dans l’île, c’est une vieille revendication soutenue par Michel Barat ancien Recteur, et un point de vue que semble partager Philippe Lacombe, son successeur. En 2007, un vote de l’Assemblée de Corse prévoyait une obtention de points supplémentaire dans le cadre de la rotation inter-académique en faveur de ces capétiens formés dans l’île. On parlait également d’intérêts matériels et moraux, ainsi que de faire valoir la maîtrise de la langue corse. Ce vote était resté lettre morte en 2007… Aujourd’hui, allez-vous pouvoir négocier réellement avec le Ministère ?

Il faut que ce soit inscrit aujourd’hui de manière pérenne. Par le passé, des mobilisations ont pu permettre de maintenir quelques capétiens dans l’île, mais si on ne fait pas de ce vote une règle, nous serons toujours confrontés aux mêmes problématiques. Cette règle, il faut l’inscrire en termes de barèmes, de points, concernant les intérêts matériels et moraux, comme pour la langue Corse. Il est évident que si nous voulons la mise en œuvre d’une société bilingue, il va nous falloir tendre vers des professeurs certifiés corsophones, et dont la compétence puisse être reconnue en termes de points.
Il s’agit là donc de tout un arsenal de mesures que l’on doit pérenniser, afin que chaque année nous ne soyons plus contraints de nous mobiliser, pour maintenir nos capétiens, et aussi amorcer le retour de ceux qui sont toujours en poste sur le continent.

Aujourd’hui où en êtes-vous ?

A la suite de ce vote, nous avons demandé la mise en place de groupes de travail au ministère. Informée de la visite de la ministre en Balagne vendredi prochain, j'ai immédiatement fait une demande d'entrevue et ces points cruciaux seront ainsi développés par le Président de l’Exécutif et moi-même à cette occasion.