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Josette Risterucci : Portrait d'une femme au service de l'humain


Caravone le Lundi 4 Janvier 2016 à 19:20

Elue sur la liste de Paul Giacobbi, Josette Risterucci, présidente de la conférence régionale de santé et de l’autonomie de Corse, vient d’être promue chevalier de la Légion d’Honneur. A l’hôpital de Bastia, c’est une militante engagée au service de l’humain



Josette Risterucci : Portrait d'une femme au service de l'humain
Toute jeune adolescente, Josette Risterucci a compris que sa voie était d’aller vers les autres pour défendre leurs droits. Fille d’un actif syndicaliste, elle a mis ses pas dans ceux de son père qui était pour elle un exemple. Dès sa plus tendre enfance elle est ainsi « tombée dans la marmite » et aujourd’hui à quelques temps de prendre sa retraite son combat est toujours aussi résolu.
Originaire du Fiumorbu par sa grand-mère (famille Paoli), elle est la fille d’Hélène Boraschi qui est entrée dans la vie active dès l’âge de 17 ans après s’être fait émancipée.  Partie travailler à Dakar à la poste  elle y rencontre celui qui deviendra son mari, postier lui aussi.  Josette est du coup né à Dakar. Puis la famille va vivre un temps au Tchad, le temps pout Josette de se fabriquer des souvenirs, avant de gagner le nord de l’hexagone où elle y a connu la fin des corons - elle avait 6 ans. Enfin, c’est à Bastia que ses parents poseront définitivement leur sac.
Attirée par le Droit la jeune Josette Risterucci va cependant abandonner ses études pour occuper  la fonction de secrétaire médicale auprès d’un chirurgien renommé de l’époque. Entrée à l’hôpital en 1978, elle va, presque aussitôt, endosser l’habit de la militante syndicaliste au sein de la CGT.
Aujourd’hui, à l’hôpital de Bastia, secrétaire du syndicat,  Jo, comme on l’appelle est une militante incontournable, et  pour elle aucun combat n’est perdu ni gagné d’avance. Il faut donner de sa personne et pour cela, elle s’engage résolument.
Malgré une vie de famille qu’elle construira peu à peu, elle ne lâchera jamais de vue sa passion militante,  et pourtant la tâche ne sera pas facile surtout  quand on devient maman. Elle saura concilier les deux, la pugnacité fait partie de son tempérament et le mot impossible, elle ne connait pas. Toute son existence a tourné autour du bien être des salariés de l’établissement et même si elle est appréciée de ses collègues, elle est aussi connue pour ne pas manier la langue de bois… et cela ne plaît pas à tout le monde. 

Rien ne se fait sans une équipe soudée et motivée

Chaque période de sa vie a été marquée par des combats : vicissitudes familiales,  lutte contre des accidents graves qui ont failli la paralyser, combat pour faire aboutir des objectifs complexes...
« Tout ce qu’on a fait se plait-elle à dire, (elle dit toujours ON, car elle affirme qu’il n’a a pas de combat sans équipe),  tout ce qui a permis de faire avancer les choses, d’obtenir des titularisations, des améliorations ou encore des enveloppes pour faire progresser cet établissement, sont un ensemble de choses qui ne s’apparentent pas à des « victoires » mais à des objectifs obtenus par un groupe soudé et motivé.  On peut avoir les meilleures idées du monde, si on n’est pas entouré d’une équipe déterminée partageant les mêmes idéaux, on ne peut rien espérer. »
Mais militer n’est pas si facile. C’est un véritable défi, un travail à plein temps qui ne s’arrête jamais et qui suppose une mobilisation toute l’année et 7 jours sur 7.  Il faut donc s’entourer de personnes convaincues, décortiquer les nouvelles lois, suivre les lignes politiques nationales et régionales.  « Quand on défend du personnel à l’hôpital on ne défend pas que le personnel mais un outil de service public, un accès aux soins. » Se cantonner dans un rôle de défense simplement du personnel n’est pas concevable.  « On ne peut aider le personnel si derrière il n’y a pas d’enveloppes budgétaires et donc il faut aussi toujours se battre pour que celles-ci puissent progresser vers les objectifs espérés. »
 Il faut donc connaître les textes, suivre leur évolution au fil des années et des changements de politique. On ne peut se battre qu’avec des armes affutées. Il faut donc savoir dialoguer, éviter les pièges et se munir d’arguments irrécusables... Et vivre au quotidien avec la pression.
On parle toujours des actes nationaux qui peuvent être rejetés et sur lesquels on a prouvé qu’on n’avait pas toujours tort, mais localement sur le terrain les militants sont obligés de négocier de travailler pour faire avancer les choses et des accords d’entreprises sont souvent signés. « Le travail le plus payant c’est celui qui est réalisé sur le terrain.  Comme ailleurs, dans tout espace politique, tout part de la base, car malheureusement quand on est au sommet on voit les choses par le petit bout de la lorgnette ».

L’engagement politique sur tous les fronts

Quand on s’occupe du citoyen c’est avant tout  un acte politique, et la politique, Jo s’y est également engagée depuis longtemps. Elle est en effet «également une élue de  front de gauche qui se sent « parfaitement à l’aise dans ces deux rôles, car quand on se veut au service des autres, il ne peut y avoir meilleure union. »  Autre particularité et non des moindres, il y a 4 ans, Josette Risterucci  a été élue Présidente de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), une instance stratégique de l’ARS. Elle concourt à la mise en œuvre de la politique régionale de santé en donnant des avis sur ses modalités d’élaboration, de suivi et d’évaluation. Un cas unique en France, une première, car, une cégétiste élue front de gauche à ce poste, ça ne s’est jamais vu. Plus fort, elle a été de nouveau réélue au mois d’octobre dernier. Si Jo est connue, comme on le constate, elle est, aussi, pleinement reconnue. L’une de ses règles est  d’accepter le débat d’idées : « On réunit les gens autour d‘une table et c’est ainsi qu’on réussit à avancer ; les positions figées ne débouchent que sur des blocages ainsi que les dialogues stériles avec certaines personnes.  Que ce soit au niveau syndical, politique ou même associatif il est essentiel  d’agir avec les gens qui sont sur le terrain. Certes, il y a de enjeux nationaux mais aussi ceux qui concernent les luttes locales,  et c’est là que notre rôle est prépondérant. Etre au plus près de la base est une force. »  Sa conception d’une société plus juste, plus humaine, plus attentive mais aussi plus tolérante n’est pas pour elle une vue de l’esprit encore moins une utopie.
Sa  morale c’est d’avoir fait sienne la maxime de Terence, un ancien esclave devenu auteur: « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger. »
Une femme d’exception.