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José Rossi, Laurent Marcangeli et Sauveur Gandolfi-Scheit entrent en campagne !


Nicole Mari le Jeudi 6 Août 2015 à 23:00

Prenant acte de l’annonce de la candidature de Camille de Rocca Serra aux élections territoriales de décembre prochain et de son refus d’une liste unique de droite, José Rossi, accompagné de Laurent Marcangeli et Sauveur Gandolfi Scheit, a, officiellement, lancé sa campagne, jeudi matin, en mairie de Biguglia. Le député-maire d’Ajaccio sera son directeur de campagne et celui de Biguglia, son coordinateur pour la Haute-Corse. L’ancien ministre et président de l’Assemblée de Corse fait le choix du renouvellement au 1er tour et table sur l’union des forces libérales au 2nd tour pour emporter la région. Il explique, à Corse Net Infos, que la mandature Giacobbi n’a débouché sur rien et entend faire campagne sur la croissance et l’emploi.



Sauveur Gandolfi-Scheit, Laurent Marcangeli et José Rossi.
Sauveur Gandolfi-Scheit, Laurent Marcangeli et José Rossi.
- Vous avez pris acte de la candidature de Camille de Rocca Serra. La droite part en ordre dispersé. Etes-vous déçu ?
- Nous avons proposé, depuis plus de deux mois, à Camille de Rocca Serra de conduire une liste d’union en partenariat avec le député-maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, le député de Bastia, Sauveur Gandolfi-Scheit, et moi-même. La réponse tardait à se faire entendre. Nous n’entrions pas en campagne et nous perdions du temps. Je commençais à être un peu irrité. Mais, comme Camille de Rocca Serra a clarifié les choses et fait cavalier seul, nous nous organisons en conséquence. Nous prenons acte du pluralisme à droite au 1er tour du scrutin, comme il existe à gauche avec trois, quatre ou cinq listes différentes. La liste, qui arrivera en tête à l’issue du 1er tour, à droite comme à gauche, sera, sans doute, celle qui essaiera de fédérer le mieux possible au 2nd tour les listes de sa famille politique.
 
- Pensez-vous réussir à fédérer les deux listes de droite au 2nd tour ?
- L’objectif est de faire en sorte que l’union, qui n’a pas pu se réaliser au 1er tour, et ce n’est pas dramatique, se réalise au 2nd tour. A ce moment-là, nous n’aurons pas de difficultés majeures parce que, tout simplement, au niveau de la vision du développement économique et social de la Corse, nous sommes en claire opposition avec ce que fait la gauche, aujourd’hui. Sans résultat, d’ailleurs ! La différence essentielle, qui nous sépare avec Camille de Rocca Serra, est, peut-être, le mode de gouvernance, l’organisation de la région et la disponibilité à temps plein.
 
- Quelle est votre différence ?
- D’abord, je dispose d’une expérience. J’ai été ministre, président de l’Assemblée de Corse et du Conseil général de Corse-du-Sud. J’ai l’expérience de l’administration des collectivités publiques, aussi bien au niveau de l’Etat qu’en local. Ensuite, si j’étais président de l’Exécutif, je serais disponible à temps plein pour la Corse en imposant de manière démocratique les choix validés par les électeurs pendant la campagne électorale. Les parlementaires, par définition, doivent partagent leur temps. Je veux apporter mon expérience au service de la Corse pour une période relativement courte qui, en principe, dans l’attente de la collectivité unique, ne durera que deux ans.
 
- Pensez-vous que, dans 4 mois, tous les antagonismes qui prévalent, aujourd’hui, contre l’union seront dépassés ?
- Nous entretenons des relations tout à fait normales avec Camille de Rocca Serra qui n’est pas stupide au point d’imaginer qu’on peut gagner sans fusion. Je n’ai aucun doute ! La fusion se fera naturellement si l’addition de nos forces permet d’envisager le succès. Elle est facile à faire, au prorata des résultats de chacun au 1er tour. La liste d’union sera conduite par celui qui arrive en tête. Le contraire signifierait que l’on ne veut pas gagner et qu’on veut, pour les deux ans qui viennent, laisser Paul Giacobbi diriger la CTC. Je n’imagine pas un seul instant que Camille de Rocca Serra soit dans cet esprit ! Il est député et sera, en 2017, candidat. Comme les députés de Bastia et d’Ajaccio, il aura envie d’unifier sa famille politique dans sa circonscription. Un député ne peut pas travailler avec ceux avec lesquels il sera en compétition, la gauche en l’occurrence !
 
- Comptez-vous être en tête à droite au 1er tour ?
- Je n’en sais rien ! Nous nous efforcerons de réaliser le meilleur score possible. La seule liste qui peut espérer faire le même score qu’en 2010, est celle de Paul Giaccobi qui sera en tête de son camp. Un camp singulièrement réduit par rapport aux élections précédentes ! Je ne suis pas sûr que les Nationalistes feront le même score qu’en 2010. Leurs marges de manœuvre, comme celles de certains partis de gauche, seront moins importantes. La droite dispose de deux listes fortes qui couvrent beaucoup mieux le terrain. J’ai une présence sur des idées de réforme et d’ouverture sur lesquelles l’électorat, qui n’est pas strictement dans le parti des Républicains, peut nous rejoindre. Notre objectif est de faire bien plus que la dernière fois. La dynamique de la campagne nous le dira !
 
- Avec deux listes, la droite ne sera pas en tête au soir du 1er tour. Ne craignez-vous pas l’impact psychologique sur les électeurs ?
- Paul Giacobbi était arrivé 3ème au 1er tour de la dernière élection territoriale. Après la réunion de Venaco, à partir des petits 15 % qu’il a obtenus sur les 42% que représentaient l’ensemble des voix de gauche, il a conduit une liste au 2ème tour avec Emile Zuccarelli, Simon Renucci et Dominique Bucchini. Les deux premiers ont disparu des radars, le troisième n’atteindra pas les 10 % de 2010 ! Si Paul Giacobbi renouvelle son score autour de 15%, je doute que, cette fois-ci, il obtienne un total de 42%. Si la droite totalise, au 1er tour, plus que Paul Giacobbi et la gauche réunie, la dynamique nous permettra de nous rassembler et de gagner.
 
- Serez-vous candidat à la présidence de l’Exécutif ?
- En votant pour l’une des deux listes de droite, les électeurs choisiront celui qui fédèrera au 2ème tour sur une liste unique, mais aussi celui qui, en cas de victoire, dirigera l’Exécutif de la région. Je suis démocrate et je prends acte du suffrage universel. Si je suis en tête et si nous gagnons, je serai candidat à la présidence de l’Exécutif. Si je suis second et si nous gagnons, je serai candidat à la présidence de l’Assemblée de Corse. Si nous  sommes battus ensemble, Camille de Rocca Serra et moi-même, je serai dans une opposition présente, constructive et vigilante pour faire ce que n’a pas fait le groupe de droite pendant la mandature actuelle. Il a voté un coup Oui, un coup Non, s’est abstenu… Paul Giacobbi a utilisé les uns et les autres pour obtenir des majorités à géométrie variable qui lui ont permis de subsister, mais pas dans la cohérence politique.
 
- C’est-à-dire ?
- L’immense majorité des délibérations, qui ont été votées par la CTC, le statut de résident, la coofficialité, les mesures fiscales… n’a débouché sur rien ! En dehors du projet de collectivité unique qui sera appliqué à l’ensemble des régions françaises dans quelques années, et qu’on nous propose de réaliser plus rapidement et à très court terme, mais sans moyens supplémentaires, ni organisation adaptée. La collectivité unique, telle qu’elle nous est présentée, disposera, sans doute, de moins de moyens en raison du coût de sa mise en place. Il faudra être très vigilant lors des négociations des ordonnances avec le gouvernement de gauche et faire pression pour obtenir l’accompagnement financier et économique nécessaire pour que ce soit une réussite. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies. Loin de là !
 
- Appréhendez-vous le fait que Paul Giacobbi, qui a retourné une grande partie de la droite de Haute-Corse, annonce qu’il va ratisser large ?
- Non ! Il a bon jeu de le dire ! Il ne va pas, d’emblée, désespérer ses amis en disant qu’il sera battu ! Face à la dispersion des forces de gauche, il explique qu’il récupère beaucoup de gens à droite, ce qui n’est pas tout à fait faux ! Avec les moyens départementaux et le besoin de crédits pour investir, on respecte le président du Conseil général qu’il était et celui qui le soutient, mais les départements ne seront plus là dans deux ans. Il y a quand même des gens lucides qui investissent sur l’avenir et comprennent que ce qui comptera, c’est le pouvoir régional. Quand on regarde toutes les élections présidentielles ou législatives, même celle où Nicolas Sarkozy a été battu, la droite représente 60% des voix en Corse. La Corse est une terre de droite ! Il est malsain qu’elle soit représentée à la CTC par une majorité de gauche qui, de surcroit, n’obtient rien ou presque rien de son propre gouvernement ! Une majorité de gauche en Corse et sur le plan national pour des résultats aussi médiocres, c’est à désespérer !
 
- La Corse obtiendra-t-elle plus avec une majorité de droite ?
- Oui ! La prise de conscience des Corses se fera pendant la campagne. Vous serez surpris par l’importance des mouvements qui peuvent se produire. La dernière fois, les Nationalistes ont profité de la montée des suffrages et la gauche a réussi son challenge d’obtenir la majorité parce que la liste de droite Rocca Serra-Santini était relativement faible. Cette fois-ci, la gauche et les Nationalistes subiront le choc de différents évènements, notamment la véritable vague en faveur de la droite dans les autres régions françaises. Cette vague ne peut pas ne pas passer aussi par la Corse, ne fut-ce que pour gagner 4 ou 5 points ! Ces points s’ajouteront à la dynamique de notre campagne qui nous en fera gagner d’autres.
 
- Etes-vous favorable, au 3ème tour, à une union avec des Nationalistes ou d’autres forces politiques ?
- Ne parlons du 3ème tour avant d’avoir gagné le 2nd ! D’abord, on se rassemble, on fait gagner sa famille au 2nd tour, on gouverne sur la ligne politique affichée devant les électeurs. Si des ouvertures se font, elles se feront en fonction de personnalités, quelque soit leur famille politique, qui seront prêtes à gouverner sur notre ligne. Paul Giaccobi a rallié, en son temps, des personnalités de droite sur sa ligne politique départementale. On peut rallier des personnalités sur la ligne politique régionale qui aura été validée par le suffrage universel.
 
- Quand pensez-vous dévoiler votre liste ?
- Nous en sommes encore loin ! Dans l’immédiat, l’essentiel est de valider le partenariat entre les députés d’Ajaccio et de Bastia pour soutenir la liste que je vais conduire. Ils ont la sagesse de ne pas être présents sur la liste et de se concentrer sur leurs mandats de maire et de parlementaire. Nous faisons le choix du renouvellement. Nous essayons de trouver des éléments nouveaux qui apportent un souffle nouveau à la région, en espérant qu’ils réussissent  à créer une dynamique comme celle qu’ont connu les Nationalistes.
 
- Sur quels thèmes ferez-vous campagne ?
- D’abord, sur une rupture très claire par rapport aux orientations générales de la politique de gauche à la région. Le PADDUC en est l’illustration. Maria Guidicelli, qui vient du Parti Communiste, a une orientation très idéologique sur le développement de la Corse. Sa récupération comme numéro 2 et en binôme par Paul Giacobbi traduit également la nouvelle approche idéologique de ce dernier. Paul Giacobbi qui, entretient une relation assez privilégiée avec les équipes de Jean-Guy Talamoni, pourrait, peut-être, aussi, l’associer à sa gestion. Or, Mr Talamoni est indépendantiste, nous ne pouvons pas trouver de gestion commune !
 
- Même au nom de la défense des intérêts de la Corse ?
- La défense des intérêts de la Corse est un terme générique qui est, aujourd’hui, galvaudé. Il faut faire avancer la Corse, créer de l’activité et de l’emploi. Ce qui me frappe le plus au cours de la dernière mandature, c’est qu’alors que le gouvernement de gauche au plan national, même s’il n’obtient pas de vrais résultats, parle au quotidien de la croissance et de l’emploi, en Corse, ces mots ont complètement disparu du langage politique au bénéfice du statut de résident discriminatoire, de la coofficialité hypothétique, de la fiscalité dans un rêve absolu… Tout cela n’a jamais été suivi d’effet ! A un moment où, hélas, l’argent public devient de plus en plus rare et où l’emploi public progresse moins, il est vital, pour notre jeunesse, de créer des emplois dans des activités nouvelles et de ne pas laisser les activités existantes s’effondrer.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.