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Jean Zuccarelli : « Il y a eu, chez certains responsables de gauche, un manque de courage ! »


Nicole Mari le Mardi 24 Octobre 2017 à 21:51

La constitution d’une liste territoriale de la Gauche républicaine, initiée à Corte dans une volonté de dépasser les trahisons, les amertumes et les antagonismes, a fait flop ! Dans un communiqué court et limpide, Jean Zuccarelli, conseiller municipal PRG à Bastia, estime que « les égoïsmes, les calculs et les ambitions personnelles l’ont conduite dans l’impasse ». Il revient, pour Corse Net Infos, sur les quelques semaines où la démarche a fleuri et sur les raisons de son naufrage. Il dénonce un manque de courage chez certains responsables de gauche. Il entend, cependant, rester impliqué dans la campagne des territoriales et garde l’espoir que le dialogue amorcé porte, un jour, des fruits.



Jean Zuccarelli, conseiller municipal PRG (Parti radical de gauche) de Bastia.
Jean Zuccarelli, conseiller municipal PRG (Parti radical de gauche) de Bastia.
- Pourquoi avez-vous décidé de vous retirer de la démarche électorale initiée à Corte ?
- Parce que nous avons constaté que cette démarche aboutissait à une impasse !
 
- Qu’est-ce qui avait, au départ, motivé cette démarche ?
- Suite à l’appel de certains responsables politiques de la Gauche, nous avons été un certain nombre, représentatifs de diverses sensibilités, à nous réunir à Corte. Cela nous a valu le nom de « Groupe de Corte ». Je me suis exprimé clairement dans les médias pour le rassemblement le plus large au 1er et au 2nd tour autour d’un projet de développement économique et social de la Corse, permettant de se concentrer sur les priorités du moment et de répondre aux attentes de la population. Egalement de réussir la Collectivité unique parce que c’est bien de cela dont il s’agit dans la prochaine mandature, pas de s’aventurer dans des évolutions institutionnelles, surtout si on les situe du côté de l’autodétermination et de l’indépendance. On voit ce qu’il en est aujourd’hui en Catalogne ! D’autres se sont exprimés dans le même sens.
 
- Comment s’est déroulée cette réunion ?
- Bien ! Dans un premier temps ! Nous sommes parvenus à créer une dynamique, lors de certaines réunions. Cela a permis de rassembler du monde autour de cette démarche de constitution d’une liste. Lorsque nous étions à effectif complet, on pouvait observer la présence d’un certain nombre de ténors de la vie politique de gauche, représentant tous les territoires et toutes les sensibilités.
 
- Qu’est-ce qui a fait tout basculer ?
- Il y a eu, à un moment donné, une inversion de tendance, probablement liée à l’investiture donnée par En Marche. Certains se sont arrêtés en route. La dynamique s’est étiolée. Ces derniers jours, nous avons été obligés de constater que nous n’avions plus toutes les forces nécessaires, à la fois dans la diversité des sensibilités et dans la répartition territoriale, permettant de proposer une liste forte et crédible. Le discours est toujours là. La nécessité de proposer une alternative est toujours présente. Je continuerai, bien sûr, à la défendre dans cette campagne et au-delà, mais nous avons fait le constat qu’il n’était plus possible d’avancer. Au-delà des problématiques de constitution de liste et d’équilibre nécessaire à toute représentation, il manquait des forces pour cela.
 
- Pourquoi en êtes-vous arrivés là ?
- Je pense que, chez un certain nombre, les mauvaises habitudes ont repris le dessus, des calculs politiciens, des intérêts personnels… Il y a eu, aussi, chez certains, un manque de courage ! Il est clair qu’il a manqué du temps et de la persévérance. Je ne veux pas stigmatiser. Le temps n’est pas à pointer la responsabilité de tel ou tel. Mais, je dis qu’à un moment donné, face à une dynamique qui était forcément fragile, il y a une prise de risque. Dans le contexte actuel, c’est difficile pour un certain nombre d’élus locaux de s’exposer dans une démarche aussi clairement alternative. Il y a eu des retraits et la dynamique s’est inversée.
 
- Le regrettez-vous ?
- Oui ! Il aurait fallu rester unis jusqu’au bout de la démarche. Bien évidemment, les premières défections en ont entrainé d’autres. Je le regrette vraiment pour la Corse parce que cette voix manquera dans la campagne. Il y avait une attente dans cette partie de l’électorat que nous représentons et qui peut être déçue. J’en ai tiré moi-même les conséquences en étant allé au bout de la démarche. J’y ai consacré toute mon énergie. J’ai dépassé, comme d’autres, bien des difficultés liées à des litiges, à des problèmes personnels, à des amertumes... J’ai dépassé tout cela…
 
- Cela n’a pas du être facile ?
- Non ! Ce n’était pas évident en soi ! Ce n’était pas facile pour moi de dialoguer dans ce groupe de Corte avec d’anciens adversaires avec qui le contentieux pouvait être très important. J’ai pris sur moi ! J’ai considéré que l’importance et la gravité des enjeux pour la Corse nécessitaient de dépasser toutes ces considérations personnelles. Peut-être que, sur ce plan-là, tout n’aura pas été inutile pour l’avenir ! Il faudra continuer.
 
- De quelle façon ? Vous impliquerez vous dans la campagne ?
- Oui ! Je vais continuer à défendre nos convictions, selon les voies que je déterminerai avec mes amis. Je vais, d’abord, prendre le temps de la réflexion, laisser un peu décanter, attendre que toutes les listes se soient présentées et exprimées parce qu’on est encore dans le flou. On ne peut pas dire que tout est arrêté sur ce plan-là ! Une fois que nous aurons la vision exacte des listes en présence et des lignes politiques portées, nous nous positionnerons.
 
- Ce rapprochement avec ceux qui vous ont « trahi » à Bastia va-t-il se poursuivre dans l’optique des prochaines élections municipales ?
- Il y a eu, en tous cas, la reprise d’un dialogue. Nous verrons si nous sommes en situation de le poursuivre. Il aurait été de bon augure de le poursuivre dans le cadre de cette campagne électorale. Ceci dit, nous sommes assez loin des municipales, il ne faut pas griller les étapes, mais se donner le temps de la réflexion, essayer d’apprécier et d’analyser tout ce qui s’est passé pendant ces dernières semaines, en bon et en moins bon ! Et voir s’il y a un élément positif à retirer de cette expérience du groupe de Corte.
 
- Resterez-vous présent sur la scène politique ?
- Bien entendu ! Compte tenu de l’importance des enjeux, je me suis engagé, à nouveau, au plan territorial, alors que je ne suis pas élu dans la mandature en cours. Malgré le regret de voir que cette démarche n’a pas abouti et du temps si court que nous avons eu, je pense avoir fait entendre une voix assez forte. Cela m’encourage et me commande de poursuivre mon engagement, quoi qu’il arrive, au-delà des élections. J’en ai acquis la conviction. Ma détermination est intacte, peut-être même renforcée au vu de ce que nous avons vécu, dans la reconstruction de la Gauche, dans cet aggiornamento de notre discours et de nos propositions. J’entends, bien sûr, y participer pleinement à l’avenir, au plan territorial et, bien évidemment, au plan bastiais. Ma présence au Conseil municipal l’atteste. Mon engagement dans l’opposition de Bastia pour proposer, en 2020 ou 2021, une alternative aux Bastiais est plus que jamais d’actualité.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.