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Jean-Guy Talamoni : « Nous attendons, le 4 juillet, des réponses claires et de nature à faire progresser la Corse »


Nicole Mari le Jeudi 23 Juin 2016 à 14:52

La visite du 1er ministre, Manuel Valls, et de son quintet ministériel, pour finaliser les discussions sur la future collectivité unique et le statut de résident ont été les deux points abordés par Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse (CTC), dans son allocution d’ouverture de session. D’abord, pour réaffirmer la position de la majorité nationaliste sur des points clés comme les Arrêtés Miot, ensuite pour s’étonner que le statut de résident, jugé illégal pour la Corse, a été adopté, sans sourcillement, par la mairie de Courchevel. Enfin, pour lister les attentes que la venue ministérielle suscite.



Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse
Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse
C’est, comme à son habitude, c’est-à-dire in lingua nustrale et sans langue de bois, que Jean-Guy Talamoni a ouvert une session de l’Assemblée de Corse entièrement dominée par la future visite, le 4 juillet, d’une délégation ministérielle dont la composition inattendue laisse planer un suspens sur ses motifs réels. Avouant son ignorance concernant le programme de la visite et l’identité des ministres présents « Nous n’en savons rien et, d’après moi, à ce jour, même le gouvernement ne le sait pas ! », il affiche clairement l’espoir qu’elle suscite : « En revanche, nous savons ce que nous attendons de cette visite. Nous savons ce que nous répèterons aux ministres ».
 
Des insatisfactions
Revenant sur le rapport présenté par le président de l’Exécutif sur l’architecture institutionnelle et financière de la future Collectivité unique contenue dans les deux avant-projets d’ordonnances présentés par le gouvernement, il réaffirme l’insatisfaction nationaliste : « Certaines dispositions des ordonnances ne nous conviennent pas, en particulier celles qui maintiennent inutilement une logique départementale. Nous avons fait plusieurs amendements à ces ordonnances et nous le redirons aux ministres le 4 juillet ». Il revient sur deux points prioritaires : la nécessité de respecter les délais et de mettre en place la collectivité unique au 1er janvier 2018, et la prise en compte immédiate des attentes des personnels. « Sur ce point, pour notre part, nous recevrons les syndicats la semaine prochaine ».
 
Pas de droit commun !
Le président de l’Assemblée de Corse rappelle, ensuite, l’urgence de régler l’épineuse question des successions et la demande insulaire de prorogation des Arrêtés Miot. Il annonce que le rapport du bâtonnier Jean-Sébastien de Casalta sur la question a été transmis au gouvernement : « Nous attendons désormais la position de Paris. La seule solution que l’on ne pourra pas admettre serait de faire entrer la Corse dans le droit commun en 2018, comme cela était prévu ». Affichant son scepticisme sur l’efficacité du groupe de travail créé par Manuel Valls concernant la pression foncière et la spéculation, il assène : « Pour nous, la façon qu’ont les fonctionnaires parisiens d’aborder ce problème ne peut permettre d’aboutir à des propositions efficaces pour lutter contre ces problématiques. Aujourd’hui, on nous demande presque de réserver le littoral aux résidences secondaires de ceux qui ne vivent pas ici, tandis que les Corses, ceux qui vivent ici du 1er janvier au 31 décembre, iraient tous vivre dans de beaux logements sociaux, tout neufs, avec parking ! ».
 
Statut de résident à Courchevel
Pour lui, la seule solution efficiente serait le statut de résident, « mesure qui permettrait à la fois de protéger le foncier et de le libérer en faveur des nôtres ». Et là, le leader nationaliste de s’étonner : « Selon Paris, le statut de résident ne serait pas légal. Je note que la légalité varie beaucoup que l’on soit d’un côté de la Méditerranée ou de l’autre. Rappelons qu’en 2012, la mairie de Courchevel a délibéré sur un statut de résident pour deux programmes immobiliers. Est-il possible de ne pas pouvoir faire en Corse ce qui se fait déjà en France ? ». Il demande, donc, au gouvernement l’application des mesures nécessaires pour changer les choses.
 
Des réponses en attente
Il réitère, enfin, un certain nombre d’attentes concernant la langue corse, notamment au niveau du développement de l’enseignement par immersion et de l’enseignement bilingue au collège et au lycée, ainsi que la question des prisonniers politiques. « 157 communes ont délibéré en faveur d’une loi d’amnistie. L’assemblée de Corse a demandé, par son vote du 28 mai 2015, la mise en œuvre d’un processus global, commençant par des mesures de rapprochement. Désormais, le gouvernement ne peut plus continuer à nier la volonté démocratique exprimée par les Corses. Pour notre part, nous n’accepterons pas que cette question ne soit pas intégrée à la solution politique que nous voulons. Sur ces sujets majeurs, nous attendons donc, pour le 4 juillet, des réponses claires et de nature à faire progresser la Corse ».
 
N.M.