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Jean-Christophe Angelini : « Femu a Corsica est le premier parti politique de Corse »


Nicole Mari le Mardi 17 Octobre 2017 à 19:49

Baptisé dimanche à Corti par près de 1500 personnes lors de son congrès constitutif, Femu a Corsica, le nouveau parti des Nationalistes modérés, rassemble les militants des trois mouvements fondateurs - Inseme per a Corsica, le PNC (Partitu di a nazione corsa) et A Chjama, engloutis dans la fusion -, mais aussi des gens venus d’horizon divers. En attendant l’assemblée générale statutaire qui se tiendra au premier trimestre 2018, un cunsigliu provisoire de trente militants a été mis en place selon la règle des trois tiers : un tiers Inseme, un tiers PNC et un tiers de nouveaux venus. Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), président de l’ADEC et leader de l’ex-PNC revient pour Corse Net Infos sur cette naissance tant attendue. Il affirme qu’aucun autre parti politique insulaire n’est capable de rassembler autant.



Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), président de l’ADEC et leader de l’ex-PNC (Partitu di a nazione corsa).
Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), président de l’ADEC et leader de l’ex-PNC (Partitu di a nazione corsa).
- Quel est l’enjeu de la concrétisation du parti Femu a Corsica ?
- L’enjeu est, à la fois, fondamental et ancien. Fondamental parce qu’il était temps que notre parti ait véritablement un cadre d’expression unitaire. Femu était, pour l’essentiel, une coalition électorale qui fonctionnait, depuis quelques temps déjà, comme un mouvement ou un parti. Il était temps que nous le formalisions pour avoir un parti en ordre de marche, qui soit au carrefour du parti de militants pour impliquer le plus grand nombre, et du parti de gouvernement pour irriguer l’action de la majorité territoriale, plus particulièrement celle du Conseil exécutif. C’est désormais chose faite ! Avec le vote des statuts, de la motion d’orientation politique et de la charte éthique, nous disposons de textes fondamentaux qui ont été, pour l’essentiel, validés à l’unanimité. C’est un moment très important, d’autant que 1500 personnes au moins y ont participé ! La participation massive et la validation populaire, donnent un moment de démocratie et un moment fondateur tout à fait uniques.
 
- Pourquoi avoir reporté, après les territoriales, la désignation du président et du bureau. Les sujets qui fâchent sont-ils toujours en suspens ?
- Il n’y a pas de sujets qui fâchent, mais des sujets qui, - c’est vrai ! -, continuent de faire débat. La proximité des élections territoriales commande d’agir de cette manière-là. Si les élections n’avaient pas été si proches, nous aurions naturellement poussé tous les débats à leur terme. Nous les avons, donc, scindé en deux temps. Premier temps : valider des principes. Second temps : désigner démocratiquement des équipes lors de l’assemblée générale statutaire de 2018. Entre temps, nous avons besoin de faire émerger des talents parmi les très nombreuses personnes qui nous ont rejoint aujourd’hui, des gens capables, non de militer des années encore, mais de rejoindre, très tôt, nos instances. Cet élément me paraît fondamental. Pour toutes ces raisons-là, il fallait temporiser. Des débats continuent d’exister entre nous, mais avec la volonté d’être efficaces très tôt et d’affronter sereinement l’échéance électorale qui a été avancée au 3 décembre.
 
- Vous aviez lancé un appel à l’ouverture qui semble avoir été entendu. Pouvez-vous quantifier l’apport de forces nouvelles à l’intérieur de Femu ?
- Quantifier, c’est difficile, surtout quand il y a autant de monde. Je crois que la règle des trois tiers, que nous avons appliquée à la constitution de la coordination provisoire, a été effectivement respectée : un tiers de PNC, un tiers d’Inseme, et un tiers représentant la diversité de partis. Lors du congrès, j’ai vu de nombreux militants du PNC ou d’Inseme, et autant issus de la société civile, des mouvements locaux… Egalement des personnes qui nous ont rejoints au fil des années, ou même depuis les dernières élections législatives, et qui ont adhéré pour la première fois.

- L’enjeu immédiat est la constitution de la liste Pè a Corsica. Appliquerez-vous la règle des tiers ou gardez-vous les quotas de la liste de 2015 ?
- Comme je l’ai dit au sortir de l’assemblée générale du PNC, il est évident qu’on ne peut plus raisonner en termes de contingent, comme c’était le cas par le passé. Il n’y a plus de contingent Inseme, PNC ou Chjama. Il y a un contingent Femu. Le curseur a changé. Il s’agit, aujourd’hui, de trouver un équilibre, non plus entre le PNC et Inseme, mais entre les entrants et les sortants, les territoires sous-représentés et ceux sur-représentés, les compétences dont nous avons besoin et celles qui existent déjà et, bien sûr, nos partenaires de Corsica Libera et les candidats issus de Femu.
 
- A moins de deux mois des territoriales, quel message, ce congrès vous renvoie-t-il ?
- Il nous renvoie un message fondamental qui est celui de l’élan populaire. Il n’y a pas de démarche politique, pas de message électoral, sans validation populaire. Avant l’expression des urnes, il y a l’expression militante, l’expression du peuple partout où elle se manifeste au plan syndical, associatif… Tenir un congrès constitutif avec 1500 personnes, c’est impossible pour tout autre parti politique que le nôtre en Corse ! Il n’y a que le courant nationaliste, que nous représentons, qui est clairement en capacité de le faire et d’afficher une telle énergie et une telle dynamique dans ce qui n’est pas un meeting, ni même la présentation de la liste ! C’était seulement la constitution formelle de Femu. Elle était, certes, attendue depuis longtemps parce qu’il y a un fil ancien de dialogue, de message, d’engagement… Je n’ose imaginer ce qui se passera quand, avec Corsica Libera et beaucoup d’autres encore, nous présenterons la liste et le projet politique auquel nous voulons nous adosser.

- N’y-a-t-il pas urgence à présenter la liste ?
- C’est une affaire de dix ou quinze jours, nous sommes en train de la finaliser. Le fait que le 1er tour ait été avancé nous oblige à agir plus vite, mais nous sommes dans les mêmes délais que nous avions, de toute façon, prévus et qui sont, globalement, les mêmes que ceux de 2015, à savoir une présentation de la liste fin octobre.
 
- Vous n’êtes pas encore en campagne ?
- Non ! Pas encore ! Deux éléments nous confortent. Le premier est le bilan de la majorité territoriale que nous avons hâte de défendre devant les électeurs. Le second est le congrès constitutif. Le reste est à écrire, qu’il s’agisse de la campagne ou des dispositions qui nous permettront de vivre politiquement dans le cadre de Femu entre le moment présent et l’assemblée générale statutaire de 2018 qui désignera formellement nos instances, composera physiquement nos équipes et qui, pour une durée reconsidérée annuellement, fixera le cap et donnera aux Corses l’envie de s’engager à nos côtés.
 
- Quand comptez-vous entrer réellement en campagne?
- A la présentation de la liste. Pas avant ! Nous devions ce temps aux militants qui, depuis 2010, pour ne pas dire 2008, attendent l’avènement de Femu. Nous avons toujours dit, y compris le 29 juillet, que nous ne rentrerions pas en campagne sans avoir formalisé structurellement la création du parti. Aujourd’hui, le parti existe, le PNC et Inseme sont effacés, nous sommes tous désormais militants d'un même parti. Femu devient le parti nationaliste que la Corse attendait, le premier parti politique de Corse ! Nous sommes en mouvement. Le moment de présentation de la liste marquera, massivement et démocratiquement, notre entrée de campagne pour, je l’espère, une victoire, le 10 décembre prochain.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.