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Jean Biancucci : « La Corse doit pouvoir défendre ses intérêts ».


Nicole Mari le Dimanche 19 Mai 2013 à 23:30

Le vote du statut de coofficialité de la langue corse est une victoire politique pour les Nationalistes qui ont fait de la question de la langue le cœur de leur combat depuis plus de 40 ans. Corse Net Infos a demandé à l’un d’entre-eux, Jean Biancucci, conseiller territorial de Femu a Corsica, vieux routier du mouvement national et habitué des bancs de l’Assemblée de Corse, de livrer son sentiment et ses réflexions sur ce moment historique.



Jean Biancucci, élu territorial de Femu a Corsica
Jean Biancucci, élu territorial de Femu a Corsica
- Comment un élu comme vous, qui a tant d’années de militantisme politique, a-t-il vécu ce moment spécial ?
- Dans des moments comme celui-ci, je pense, surtout, à ceux qui ont payé de leur vie, à ceux qui se sont tellement investis dans leurs idées qu’ils ont usé leur vie, délaissé leur famille, subi des tas de problèmes, des années de prison... Je pense, aussi, à tous les militants associatifs qui se sont donnés, corps et âme, pour que cette revendication puisse, un jour, être prise en compte de la manière la plus politique qui soit.
 
- Auriez-vous pensé vivre un jour pareil ?
- Quand on se bat en politique depuis au moins 40 ans, qu'on a contre soi toute la classe politique, que l’on rencontre des difficultés en nombre, que l’on fait route avec des gens qui nous ont rejoint sans avoir forcément les mêmes idées, on est, à la fois, pessimiste et optimiste. Bien entendu, je suis très heureux, mais je mesure le chemin à parcourir.
 
- Beaucoup d’élus parlent de moment historique. Est-ce le cas ?
- Oui. Ce vote est l’aboutissement d’un travail, d’une volonté partagée et, aussi, de ce que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes au delà des idées politiques et des convictions personnelles. Il a fallu que chacun se transcende.
 
- Le manque d’unanimité ne vous a-t-il pas déçu ?
- Je pense que la diversité du vote est un signe de richesse et d’avenir. Il faut, en même temps, être lucide. J’espère que tous ceux qui nous ont accompagnés dans cette démarche, continueront avec nous dans l’avenir.
 
- Que vous inspire le fait que ce statut est minimaliste par rapport à vos exigences initiales ?
- La proposition, qui est faite, peut, certes, aller beaucoup plus loin. On doit considérer que, non seulement, elle est un premier pas, mais qu’aussi, elle entraîne une espèce d’irréversibilité dans la mesure où elle est le produit d’une prise de conscience et d’une volonté de faire ensemble. Au delà des idées, des groupes politiques et des individus, l’élément fondamental à retenir est que chacun se reconnaît, peu ou prou, dans ce projet.
 
- Quel est votre souhait après ce vote ?
- Au delà du projet, nous voulons continuer dans ce sens et faire perdurer les choses de manière à aboutir véritablement à ce que le peuple corse attend. Nous voulons obtenir les moyens de vivre de notre langue, de notre terre et de préparer, ensemble, quelques soient les diversités, notre avenir. Bien entendu, je sais, très bien, que les choses ne sont pas réglées, malgré la volonté quasi-unanime de l’Assemblée de Corse.
 
- Que va-t-il se passer maintenant ?
- Beaucoup d’étapes restent à franchir. Ce vote va commencer à introduire un rapport de forces politiques à l’Assemblée de Corse et va, sans doute, avoir des suites avec l’Etat français, ici ou à Paris. La Corse doit pouvoir défendre, comme il faut, ses intérêts, que ce soit la langue, le statut de résident ou la fiscalité.
 
Propos recueillis par Nicole MARI