Corse Net Infos - Pure player corse

Innovation et compétitivité en Corse : Tirer des enseignements et faire grandir les ambitions


Jean-François Vinciguerra le Mardi 7 Juin 2016 à 19:50

La Collectivité de Corse, par l’intermédiaire de son Agence de Développement (ADEC), estime que l’économie corse affiche une amélioration conjoncturelle sur l’ensemble de la présente année. Partant du fait que les perspectives sont plus porteuses et une continuation de cette reprise est vraisemblable pour les deux années qui suivent, elle se base sur les données de l’INSEE pour déclarer que les entreprises corses réalisent des performances en terme d’innovation organisationnelle ou marketing supérieures à la moyenne nationale. Mais elles sont moins innovantes en termes de produits ou de processus de production. Il y a donc un effort à faire



C’est la raison pour laquelle les chefs d’entreprises ont été conviés mardi à une séance de travail organisée par l’ADEC et son président, Jean-Christophe Angelini, dans le cadre de la semaine de l’innovation et de l’internationalisation. Il a fait appel à Eric Beauregard, chef d’entreprise, conférencier international et intervenant de grande qualité dans le domaine de la vente, du marketing, du service à la clientèle, conseiller sur le comité industriel aviseur d’Aéroéts et membre du comité des affaires internationales de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain.
Le retard de la Corse sur le volet « innovation et compétitivité » est important : « Nos dépenses de Recherche et Développement publique stagne sous les 0,3% du PIB et les dépenses privées atteignent péniblement les 0,1% les meilleures années » explique le président de l’ADEC, qui estime que, sans entrer dans le détail, il s’agit d’agir résolument pour stabiliser et aider la mutation du tissu économique et, dans le même temps, de positionner les entreprises sur une trajectoire d’innovation et de compétitivité, cœur du Riaquistu economicu è uciale.
 
Faire l’effort dans l’innovation tactique…
Réduction du coût, amélioration de l’organisation, la Corse a un important effort à faire dans l’innovation tactique mais aussi dans l’innovation stratégique, approche défensive de l’innovation explique Jean-Christophe Angelini :
« Si l’on regarde les données et sans prétendre fournir un chiffre d’une précision impossible à obtenir en l’état actuel de nos faméliques statistiques, les exportations internationales approchent les 200 millions d’euros en biens et services. Ce niveau reste modeste. Certes, le constat n’est pas rose mais il n’est pas noir non plus. Au niveau des secteurs phares et en dehors du tourisme, l’aéronautique se classe au premier rang avec le bloc « agriculture et agroalimentaire. » En outre, les performances à l’export se renforcent. L’aéronautique est ainsi passée de moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaire à l’export il y a quatre ans à près de 30 millions d’euros en 2015. Des entreprises dans le numérique, la chimie ou encore les boissons se montrent de plus en plus performantes. Aussi, tout l’enjeu pour l’ADEC, en lien avec les ambitions du « riaquistu economicu è suciale, est d’aider les PME à franchir de plus en plus vite et de plus en plus fort de nouveaux seuils sur l’innovation et l’exportation. Les deux sont d’ailleurs liés car la Corse ne pourra pas lutter sur la seule compétitivité-prix mais devra se battre sur des productions de haute qualité et à forte valeur ajoutée… »
 
Eric Beauregard : la réalité corse est un atout
Ce sont autant d’arguments qui ont été repris par Eric Beauregard, connaisseur des choses de la Corse pour y avoir effectué plusieurs séjours :
« La Corse est un pays qui possède de grandes qualités. Il faut impérativement qu’elle s’ouvre sur le monde et comme toutes les îles, c’est très difficile de s’ouvrir sur le monde parce qu’on a l’impression que notre réalité n’est pas exportable. C’est faux. La réalité corse est un atout, L’avantage de développer de manière insulaire des cultures différentes est un atout. La Corse, et c’est le message que je veux délivrer ici, doit s’ouvrir largement sur le monde, qu’elle le visite, qu’elle n’hésite pas à partager la différence corse. C’est un avantage d’être Corse. »
 
- C’est ce que vous essayez de leur expliquer dans votre intervention ?
-La culture développée au cours des siècles  comme la résistance à l’envahisseur, il ne faut pas s’en cacher ;lutter,  bâtir, ce sont les fondations à exploiter, les Corses sont capables de le faire dans les meilleures conditions. Je suis venu plusieurs fois en Corse et je me suis rendu compte que le peuple corse est un peuple fort, capable, qui a du caractère et qui semble en mesure de réussir. Il faut réussir et sortir, aller de l’avant, c’est une question de volonté
 
J.C. Angelini : les entreprises doivent communiquer 
Jean-Christophe Angelini est intervenu de son côté pour souligner les enjeux de politiques publiques :
 « Il faut d’une part ne pas sous estimer l’importance du fait technologique qui nourrit l’innovation de conquête. Les économies performantes sur le plan de l’économie de la connaissance sont aussi celles qui investissent le plus dans la recherche scientifique. Une stratégie d’innovation doit être aussi opportuniste. Il faut permettre au tissu économique de capter les percées technologiques faites ailleurs, les adapter à notre outil de production pour entrer et puis rester dans la course mondiale. »
 
- Qu’attendent tous ces chefs d’entreprises, quels sont leurs besoins les plus urgents ?
 - Ils n’ont pas besoin que l’on multiplie les approches. Ils ont besoin d’un cycle, d’un réceptacle que leur permette de manière rapide, simplifiée, d’avoir accès à l’ensemble des dispositifs qui vont conditionner la réussite de leurs projets. Ils ont besoin de communication entre elles. Les acteurs de l’innovation ont tendance parfois à ne pas assez se reconnaître, à ne pas assez articuler leurs efforts entre eux. C’est le rôle de la puissance publique et plus particulièrement de l’ADEC de les aider à cette mise en mouvement, à cette coordination autour d’objectifs qui leur appartiennent mais que nous avons la charge de fluidifier et d’accompagner… »
J.-F. V.