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Etang de Tanchiccia à Serra-di-Ferro : Le site est ouvert au public


José FANCHI le Samedi 15 Juillet 2017 à 18:18

Pierre-Jean Luciani, président du Conseil départemental de la Corse-du-Sud, accompagné de Marcel Franscici, Antoine Giorgi (maire de Serra-di-Ferro) Chantal Pedinielli, conseillère départementale et la représentante de la Dreal - Madame B. Duboeuf- , a inauguré officiellement l’étang de Tanchiccia. Sur place également, plusieurs conseillers départementaux mais aussi des élèves de l’école du village ainsi que les partenaires qui ont permis la réalisation de cet espace remarquable qui mérite le déplacement. Il vient d’ouvrir officiellement ses portes au public



Un peu d’histoire. Au fil des temps, la plaine alluviale du Taravo a régulièrement évolué. A la fin de l'ère tertiaire, la Méditerranée recouvrait la basse plaine du fleuve puis, lorsqu’elle s’est progressivement retirée, elle a laissé place à une dépression dont le fond est resté argileux. Par la suite, la construction d'une route au 19ème siècle, celle menant à la station balnéaire de Porto-Polo, a endigué l'étang. Dépendant du fleuve, le remplissage de l'étang se fait au gré des crues annuelles du Taravo. Le substrat sur lequel repose la quasi-totalité de l'étang de Tanchiccia est composé de roches magmatiques proches du granite qui forment de gros blocs creusés par l'érosion : I Tafoni. Ceux-ci ont été aménagés pour créer des lieux de vie, des sépultures, des enclos à bestiaux, certains fermés par un mur pourvu d'une porte et servent alors de bergerie ou d'habitation provisoire.  


Alimenté par les crues…
Nourri  par les crues automnales et hivernales du Taravo, l'étang de Tanchiccia affiche un remplissage maximum dès le début de l'hiver. Il se vide ensuite progressivement au printemps pour être presque complètement à sec à la fin de l'été. Ce cycle naturel contribue à épurer les eaux de la plaine alluviale, tandis que les fluctuations saisonnières participent à l'évolution régulière des paysages et des couleurs de l'étang, mais également des peuplements végétaux et animaux associés. L'essentiel de l'étang de Tanchiccia est recouvert par une matrice de roseaux (les phragmites) et de typhas (les massettes) nommée roselière. La roselière de Tanchiccia s'étend sur environ 18 hectares, soit près des trois-quarts de la surface de l'étang et constitue la plus vaste roselière de Corse-du-Sud.
 

Flore et faune : Les espèces en nombre
Un grand nombre d'espèces végétales et animales se développent sur l'étang. Il s'agit aussi bien d'orchidées, de plantes aquatiques que d'arbres et arbustes, d'oiseaux, de reptiles, d'amphibiens, insectes ou encore de mammifères. Certaines espèces sont d'ailleurs endémiques, rares et protégées. 392 espèces végétales réparties en 77 familles ont été mises en évidence en 2013. Celles-ci représentent environ 8% de l'ensemble de la flore de France sur une superficie de quelques dizaines d'hectares seulement. Particulièrement riche en espèce botaniques, le site héberge, parmi elles, certaines essences ayant différentes vertus. On peut citer en comme plantes vertueuses le fenouil sauvage (U Finochju), latérale (A Lattaredda), Laiteron potager (A Cardedda), Nombril de Vénus (U Biddicu) et de nombreuses autres..
 Caractéristique des régions au climat méditerranéen, le maquis est largement présent sur   le site. La strate arborée, de faible à moyenne hauteur (jusqu’à 6 mètres), est composée de chêne vert, d’arbousier, de genévrier, d’olivier. Au niveau de la strate arbustive, très dense et souvent inextricable, on retrouve des essences telles que les cistes, le romarin, la bruyère arborescente, le pistachier lentisque, le fragon. Cet ensemble est régulièrement couvert par la salsepareille, une liane épineuse et particulièrement coriace. 
Côté faune, On y trouve également des amphibiens (anciennement batraciens) qui ont un cycle de développement très singulier.  L’île de Beauté compte actuellement 7 espèces d’amphibiens: la Grenouille de Berger, le Crapaud vert des Baléares, la Rainette sarde, le Discoglosse sarde et le Discoglosse corse, la Salamandre de Corse et l’Euprocte de Corse. Comme leurs noms l’indiquent, ces 3 dernières sont endémiques de l’île. 
La Cistude d’Europe est une tortue d’eau douce qui possède une large aire de répartition à l’échelle européenne et qui fréquente les zones humides. Il faut citer également les libellules, les papillons de jour et de nuit, les reptiles regroupent l’ensemble des lézards, tortues, geckos et serpents. 


Le patrimoine bâti
Bien que rares, certaines infrastructures sont toujours présentes et témoignent du passé agro-pastoral de l'étang. Une aire de battage, l'aghja et son annexe bien conservée, illustrent la technique ancestrale de la tribbiera, tandis que le four a pain rappelle la vie quotidienne des anciennes habitations du site. Aux abords de l'étang, on retrouve même un réseau de vieux murets en blocs de granite qui servaient de limitation de parcelle, voire de clôture pour le bétail. A proximité du site, des vestiges datant de l'âge de bronze traduisent une activité humaine, nettement plus ancienne.
 
Une belle opportunité…
 Le président du Conseil Départemental n’a pas manqué de qualifier les qualités de ce site incomparable :
« Cet étang devient un véritable atout pour ce territoire, une nouvelle opportunité propice à un tourisme différent, plus exigeant. Les promeneurs, les curieux, les scientifiques et les passionnés, munis de jumelles ou d’appareils photos, se pressent déjà. Une chance économique également, tant au niveau des emplois créés que des retombées attendues. Une réussite, enfin, pour notre patrimoine que nous avons su valoriser avec l’ensemble des partenaires et que nous entendons ne plus jamais ignorer. L’aménagement et le développement du territoire demeurent résolument au cœur de l’action départementale.
Même si on remarque, ici, la « main de l’homme », c’est toujours avec délicatesse qu’elle est intervenue pour garder à cette espace toute son authenticité. Quand je pense que cette zone avait été retenue pour y abriter une centrale au fioul ! Quel beau pied de nez, elle accueillera désormais les espèces les plus sensibles et parmi les plus remarquables… » 

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