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Elections départementales : 51 binômes candidats en Haute-Corse et 31 en Corse du Sud


Nicole Mari le Lundi 16 Février 2015 à 20:41

Le dépôt des listes a été clos à 16 heures, ce lundi. Au total, 82 binômes sont en lice dans les 26 nouveaux cantons de l'île pour élire 52 conseillers lors des élections départementales qui se tiendront les 22 et 29 mars prochains. 51 binômes s’affronteront en Haute-Corse dans 15 cantons et 31 en Corse du Sud dans 11 cantons. Si au Sud, la droite est bien partie pour réussir un nouveau banco, le redécoupage rebat les cartes au Nord où des anciens amis se déchirent dans des duels fratricides à droite, comme à gauche. Par le jeu d’alliances recomposées, un certain nombre de cantons très disputés pourrait bien basculer.



Le siège du Conseil général de Haute-Corse.
Le siège du Conseil général de Haute-Corse.
C’est dans une toute nouvelle configuration que la totalité des 232 500 électeurs corses sont appelés, dans cinq semaines, à élire, pour la 1ère fois, leurs représentants au sein du tout nouveau Conseil départemental, qui remplace le défunt Conseil général. A l’inverse des conseillers généraux, qui étaient renouvelés par moitié tous les trois ans, les conseillers départementaux seront désignés dans leur intégralité pour 6 ans dans le cadre d’un scrutin majoritaire à deux tours. Pourront se maintenir au 2nd tour, les candidats ayant recueilli un nombre de suffrages égal à au moins 12,5 % des électeurs inscrits. Le redécoupage administratif ayant réduit de moitié, dans chaque département, le nombre de cantons : la Haute-Corse passe de 30 cantons à 15 et la Corse du Sud de 22 cantons à 11. Les 122 500 électeurs du Nord et les 110 000 électeurs du Sud ne choisiront plus un candidat et son suppléant, mais un binôme homme-femme et leurs suppléants. Au final, le même nombre d’élus siègera dans chaque instance.
 
Des binômes records
Le dépôt des candidatures, souvent fait à la dernière minute, s’est clos, lundi, à 16 heures. 82 binômes, soit 164 candidats, sont en lice dans les 26 nouveaux cantons insulaires pour élire, au total, 26 binômes, soit 52 élus. 51 binômes, soit 102 candidats, s’affronteront en Haute-Corse, dont 19 pour les quatre cantons urbains de Bastia : 5 pour Bastia I (Bastia Nord-Fango-Ville-di Pietrabugno) et Bastia III (Citadelle-Saint Antoine), 3 pour Bastia II (centre-ville-Cardo) et 6, un record, pour le très disputé Bastia IV (Quartiers Sud- Furiani). On compte, également, quatre binômes dans le canton du Cap-Corse et l’énorme canton de Golo-Morosaglia qui regroupe 55 communes, trois dans ceux de Biguglia-Nebbiu, de Borgo, de Calvi, de Corte, de Fiumorbu-Castellu, de Ghisonaccia et d’Île-Rousse, deux binômes dans le canton de Casinca-Fiumaltu et une seule candidature en Castagniccia.
En Corse-du-Sud, 31 binômes, soit 62 candidats, sont sur les starting-blocks. Les cantons de Taravo-Ornano (Sierra-di-Ferro-Haut Taravo), qui englobe 33 communes, et de Bavella (Zonza-Solenzara-PortoVecchio) concentrent le plus de binômes : quatre chacun. Trois binômes pour chacun des 5 cantons d’Ajaccio et deux binômes pour les cantons restants du Grand Sud, du Valinco-Sartenais, de Gravona-Prunelli et de Sevi-Sorru-Cinarca.
 
Une nouvelle donne
Nouveau nom, nouveaux cantons, nouveau mode de scrutin, nouvelle parité… Cette élection départementale risque, aussi, de changer la donne politique, notamment à Bastia où, sans surprise, la majorité municipale et communautaire, issue du scrutin de mars 2014, présente des binômes dans les quatre cantons. Dans le 1er canton, le maire libéral de Ville-di-Pietrabugno, Michel Rossi, est allié à Vanina Le Bomin, membre d’Inseme per Bastia, le mouvement nationaliste du maire de Bastia, Gilles Simeoni. Face à eux, le conseiller municipal communiste, Francis Riolacci, fer de lance de l'opposition. De même, dans le 2ème canton, le 2ème adjoint de droite à la mairie de Bastia, Jean-Louis Milani, est associé à Anne Avenoso, autre membre d’Inseme per Bastia. Avec, également, contre lui, un autre ex-ténor communiste de l’ancienne municipalité, Ange Rovere, que l’on n’attendait plus sur la scène politique. Les Indépendantistes de Corsica Libera, sont également en lice, avec l’ex-candidat aux municipales, Eric Simoni, associé à Léa Stagnara. Dans le 3ème canton, José Gandolfi, également membre d’Inseme per Bastia, part en tandem avec Marie-Claire Poggi, ex-conseillère municipale de gauche et proche de François Tatti. Enfin, dans le 4ème canton, Pierre Pieri, proche de la socialiste Emmanuelle de Gentili, est en duo avec Elisabeth Fratacci-Poggi, conseillère municipale d’Inseme per Furiani, face au maire divers gauche de Furiani, Pierre-Michel Simonpietri, et au coordinateur sportif du Sporting, Jojo Bonavita, candidat de Corsica Libera. Sans oublier le Front National qui sera présent dans trois des quatre cantons.
 
Des duels fratricides
Si le maire de Cervioni et conseiller territorial, Marc-Antoine Nicolai, proche de Paul Giacobbi, et Emilie Albertini-Franceschi sont, faute d'adversaires, assurés d’être élus en Castagniccia, la plupart des cantons du Nord seront âprement disputés. Dans certains, la campagne risque de sombrer dans des duels âpres et parfois fratricides. Le plus emblématique est celui qui oppose à gauche, dans le Cap Corse, François Orlandi et Jacky Padovani, deux alliés d’hier que la dérisoire bataille pour la brève présidence du Conseil général de Haute-Corse, a rendu ennemis, encore plus qu’adversaires. Le 1er, maire de Tomino, que Paul Giacobbi a brièvement placé à la tête de l’instance départementale, aura bien du mal à contrer le maire de San Martino-di-Lota et son suppléant, Ange-Pierre Vivoni, conseiller général sortant et maire de Sisco, lui aussi en rupture de ban avec la majorité départementale. Dans ce contexte inattendu, Michel Stefani, pour le Front de Gauche, et Sébastien Quenot, pour Corsica Libera, risquent d’être réduits à jouer les maigres supplétifs.
 
Une étrange primaire
La gauche se fracture, également, à l’Île-Rousse avec une confrontation, qui promet d’être brutale, entre deux conseillers généraux sortants, le dissident Hyacinthe Mattei, soutenu par la fédération socialiste locale, et Pierre-Marie Mancini, président de l’Association des maires, soutenu par Paul Giacobbi. Idem, dans le canton du Golo-Morosaglia, où se tiendra une étrange primaire à gauche entre le maire de Moltifao, Jacques Costa, et le maire de Campile, Jean-Marie Vecchioni, tous deux conseillers généraux sortants et toujours membres de la majorité départementale. Face à eux, un 3ème sortant, le maire UMP de Calacuccia, Jean-Baptiste Castellani et le binôme, François Sargentini /Josepha Geronimi pour Corsica Libera.
Autre duel fratricide, cette fois, à droite, dans le canton de Biguglia-Nebbiu où l’actuel sortant du Nebbiu, Claude Flori, est en compétition avec le conseiller général et maire de Saint-Florent, Claudy Olmeta, chacun en binôme avec une adjointe de Biguglia ! En Casinca, le maire de Penta et conseiller territorial, Yannick Castelli, ne devrait pas avoir de mal à prendre la succession de son père devenu sénateur, le sortant de droite, Ours Pierre Grimaldi, a décidé de ne pas se représenter.
 
Les fractures ajacciennes
En Corse-du-Sud, la droite, hégémonique depuis ses succès aux dernières élections municipales et législatives, place ses candidats en pôle position partout. A Ajaccio, des élus de la majorité municipale et conseillers généraux sortants, comme Nathalie Ruggeri, associée à Charly Voglemacci, ou Stéphane Vanucci, associé à Marie Zuccarelli, se présentent dans, respectivement, les 4ème et 2ème cantons. Dans ce 2ème canton, l’élu de droite se retrouve face à un double binôme de gauche, issu de la fracture des municipales : le dissident François Casasoprano et Marie Josée July d’un côté, Jacques Casamarta et Patricia Curcio, d'A Manca Alternative-Pour Ensemble et le parti de gauche, de l’autre. Autre choc des personnalités à suivre dans le Taravo-Ornano, avec d’un côté, le président de la fédération UMP de Corse-du-Sud et conseiller général, Marcel Francisci et Valérie Bozzi, maire de Grossetto-Prugna face, notamment, au duo de gauche, Jean-Baptiste Luccioni, conseiller territorial et maire de Pietrosella, Vannina Pieri, conseillère exécutive et présidente de l’Agence du tourisme de la Corse. Sans oublier, le conseiller général nationaliste sortant, Paul-Jo Caïtucoli et Muriel Segondy.
 
Droite contre Nationalistes
Egalement intéressants, les deux cantons de Bavella et du Grand Sud qui se partagent, entr’autre, la ville de Porto-Vecchio et où la plupart des conseillers généraux sortants ne se représentent pas. Jean-Jacques Panunzi, l’actuel président du Conseil général que l’on pensait démissionnaire après son élection au Sénat, repart à Bavella, avec Jeanine Ciabrini, ancienne adjointe de Georges Mela et proche du maire de Solenzara, Jean Toma. Il affronte David Roig et Mélanie Fabre du Front National et deux binômes nationalistes : Michel Giraschi, ex-candidat aux municipales de Porto-Vecchio allié à Catherine Halewa, ainsi que Jean-Gael Lahlou et Léa Profizi. A l’inverse, les Nationalistes se présentent, unis, dans le Grand Sud, avec le duo Julie Giuseppi, ex-candidate Corsica Libera aux municipales de Figari, et Vincent Gambini, colistier Campà Altrimenti à Porto-Vecchio. Face à eux, le maire de Porto-Vecchio, Georges Mela, allié à Laurence Malaroni, première adjointe de Sotta. En l’absence de candidats de gauche, les sections locales du Parti communiste et du Front de gauche appellent les électeurs de Porto-Vecchio et de Bonifacio à voter blanc.

N.M.