Corse Net Infos - Pure player corse

Conseil municipal de Bastia : La CAB, de nouveau, au cœur de la polémique !


Nicole Mari le Mardi 22 Décembre 2015 à 23:56

C'est un Conseil municipal assez inédit qui s'est tenu ce mardi 22 décembre à Bastia où le maire, Gilles Simeoni, redevenu simple conseiller après son élection, jeudi dernier, à la tête du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), a reçu l’hommage de ses pairs. Peu de dossiers importants à l’ordre du jour sauf une nouvelle polémique sur la CAB (Communauté d'agglomération de Bastia) et autour de son président. En absence d’éléments justificatifs, les élus bastiais n’ont pu voter la subvention exceptionnelle dont la CAB a besoin pour boucler son budget. Comme convenu, la municipalité a remis le tableau des recrutements depuis sa prise de pouvoir, demandé par François Tatti qui n'était pas présent. Constat : les effectifs de personnels sont stables.



Gilles Simeoni, ancien maire de Bastia, Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe, et Jean-Louis Milani, 2ème adjoint.
Gilles Simeoni, ancien maire de Bastia, Emmanuelle De Gentili, 1ère adjointe, et Jean-Louis Milani, 2ème adjoint.
Gilles Simeoni n'est plus maire de Bastia depuis jeudi. C'est la 1ère adjointe, Emmanuelle De Gentili, qui a, donc, présidé ce dernier Conseil municipal de l'année. Mais c'est l'ex-maire et nouveau président du Conseil exécutif qui en a été la vedette. Arrivé avec un peu de retard d'Ajaccio, il a été accueilli par une ovation avant de rejoindre l'estrade et de s’asseoir aux côtés des deux premiers adjoints. Tous les présidents de groupe ont salué, à leur façon, cette accession (cf article par ailleurs). Gilles Simeoni, qui a réaffirmé qu’il sera bien présent pour sa ville, désignera, avant la fin du mois, son successeur qui devrait être officiellement investi lors, d’une séance spéciale, le 7 janvier prochain. En lice pour le siège de premier magistrat de la ville, deux élus d’Inseme per Bastia, tous deux adjoints, connus et appréciés par la population : Michel Castellani et Pierre Savelli. En dehors de son allocution aux élus et aux Bastiais, l’ancien 1er édile n’est plus intervenu, laissant Emmanuelle De Gentili à la manœuvre.
 
Pas d’embauches massives !
Comme annoncé, le fameux tableau de recrutement, monté en épingle, lors de la campagne électorale, par François Tatti pour contrer les accusations de clientélisme qui pleuvaient sur Paul Giacobbi, a été distribué, dès le début de séance. François Tatti dénonçait « des embauches massives à la mairie de Bastia depuis l’arrivée de Gilles Simeoni ». Ce que dément le tableau des effectifs ! Il révèle, au contraire, un quasi statut-quo et un équilibre entre les départs et les embauches. « Depuis le 1er avril 2014, date de l'arrivée de l'équipée municipale actuelle, il y a eu 60 départs, 50 entrées et 14 transformations de postes précaires en accord avec les syndicats. Ces personnels étaient des vacataires, certains depuis 2009 », indique le rapport. François Tatti, absent, n’a pas commenté, pas plus que ses deux colistiers présents, Julien Morganti et Françoise Vesperini.
 
Corsica Genovese 2016 
Une demande de subvention à la CTC a été adoptée, à l’unanimité des votants, pour « Corsica Genovese 2016 », la grande exposition prévue au musée de Bastia, l'été prochain. « Il s'agit de mettre en valeur la période où la ville était capitale génoise et capitale de l'île, d'aborder la complexité et la richesse des rapports entre notre ville et Gênes, la capitale ligure », explique Philippe Peretti, adjoint au patrimoine, maitre d’œuvre de cette manifestation. L'exposition sera, notamment, animée par un colloque. Son coût global devrait s'élever à 268 600 €. La mairie de Bastia sollicite une subvention de 50% auprès de la CTC. L'élu communiste Francis Riolacci, s'il salue la tenue d'une telle exposition, s'émeut de son coût. « Ce chiffre est, en effet, élevé. C’est notre choix. Nous voulons, tous les ans, mettre sur pied, au musée de Bastia, une exposition à la hauteur de celles qui existent dans d'autres musées nationaux. Nous avons fait un gros travail sur les dépenses et nous ferons des choix pour travailler à dépense constante », reconnaît Philippe Peretti, promettant de tenir les élus informés de l'évolution du projet.
 
Trois rapports CAB retirés
En l’absence de dossiers importants et polémiques à l'ordre du jour, la séance a ronronné jusqu’à la sempiternelle ritournelle de la CAB. Trois rapports la concernant devaient être présentés au vote des élus, mais sont, finalement, retirés, faute, selon la municipalité, d’éléments probants permettant de les soumettre au vote. « Le Conseil municipal a pris acte, ce soir, de l’absence de présentation par le président de la CAB du rapport d’activités 2014 et du projet de schéma de mutualisation, rendus obligatoires par la loi. Ces pièces n’ont pas été communiquées malgré les demandes réitérées. Le Conseil municipal a, également, pris acte, de l’absence de présentation des justificatifs qui devaient accompagner la demande de subvention exceptionnelle. Ainsi, il constate qu’il ne peut tenir les débats initialement prévus. De fait, il regrette les difficultés manifestes pour les élus bastiais de s’impliquer davantage dans le suivi des travaux en lien avec la CAB. A l’évidence, il paraît impossible de répondre à la demande de subvention exceptionnelle en l’absence de pièces justificatives. Face à ces manquements répétés, la ville, tout en continuant à vouloir accompagner la CAB sur ses besoins de financement, demande, une nouvelle fois, à son président de mettre fin à sa gouvernance solitaire », précise Emmanuelle De Gentili.
 
Une situation dommageable
L’opposition bondit sur l’occasion pour faire ses choux gras, mais avec moins de virulence que de coutume. Elle se garde, bien, cette fois-ci, de demander un retour aux urnes. « Nous regrettons que nous soyons arrivés à une situation de paralysie qui met en cause l’intérêt général. On ne peut pas continuer cette partie de ping-pong entre la CAB et la commune », commente Francis Riolacci. Jean Zucarrelli enfonce le clou : « Cette situation est très dommageable pour Bastia. Nous assistons à un Chjami e rispondi entre le Conseil municipal et le Conseil de l’Agglo. C’est votre majorité, donc c’est votre responsabilité que vous ne pouvez pas nier. Cela fait trois Conseils d’Agglo sans réponse ! Allez-vous continuer longtemps comme ça ? C’est à vous de proposer une porte de sortie ! ». La réponse d’Emmanuelle De Gentili se veut apaisante : « Nous sommes d’accord. Nous ne souhaitons pas de paralysie, c’est pourquoi nous restons positifs, nous n’avons pas rejeté la demande de subvention. Nous n’allons pas continuer comme ça, nous allons proposer une solution dans les semaines à-venir ».
 
Un président déchu
Le 2ème adjoint, libéral, Jean-Louis Milani renvoie fermement la balle dans le camp de l’opposition, déclenchant une prise de bec avec Jean Zuccarelli. « François Tatti a été longtemps votre colistier. Vous le connaissez mieux que nous. C’est un président déchu ! Aidez-nous à le faire partir, au lieu de toujours chercher à tirer parti des divisions ! La CAB a besoin de fonctionner. Aujourd’hui, elle disfonctionne. Un président, qui ne dispose que de trois voix dans le Conseil communautaire, fait preuve d’une déloyauté que j’ai rarement vue ! ». Réponse de Jean Zuccarelli : « C’est lui qui vous a installé à votre fauteuil ! ». Michel Castellani réplique en prenant l’opposition à son propre jeu : « Il y a une solution simple : c’est le retour à la démocratie où la majorité gère et où l’opposition est écoutée et respectée, mais ne gère pas, sauf à s’enferrer dans une position putschiste ! L’opposition a souvent dit qu’il fallait retourner aux urnes pour que le peuple tranche. Le peuple a tranché de façon claire sur les 26 bureaux de vote de la ville, sur l’ensemble des communes de la CAB et même sur l’ensemble de la Corse. On ne va pas continuer cette guérilla. Ce n’est pas la faute de la majorité si elle est violée par la minorité ! Seul, le président de la CAB détient la solution ! ».
 
Une démission en question
A sa suite, Philippe Peretti revient sur l’esprit de la loi : « La présidence de la CAB ne bénéficie pas de la confiance de la majorité communautaire. Nous allons prendre une décision rapide. Nous avons besoin d’une majorité communautaire forte en phase avec une majorité municipale et territoriale forte ». Le front de guerre semble, de nouveau, ouvert contre François Tatti qui, de son côté, il est vrai, ne joue guère l’apaisement et a même, pendant la campagne électorale, creusé un peu plus le fossé qui le sépare de ses éphémères ex-partenaires. Entre le Syvadec et la CAB, il avance sur des chemins qui se révèlent de plus en plus minés. Sa démission est, une nouvelle fois, mise sur la table. Elle semble la seule issue possible à une situation qui n’en finit pas de dégénérer et qui pourrait bien conduire au blocage, mais reste, en l’état actuel des choses, improbable. Il y a fort à parier que la majorité bastiaise, renforcée tant au niveau communautaire que régionale, n’en restera pas là. La réunion du Conseil communautaire, ce mercredi matin, promet d’être agitée !
 
N.M.
 

Emmanuelle De Gentili : « François Tatti, peut-il prendre en otage la CAB ? »