Corse Net Infos - Pure player corse

Conjoncture et emploi : Situation satisfaisante pour le bâtiment, catastrophique pour les TP


Jean-François Vinciguerra le Jeudi 9 Juin 2016 à 23:00

Quand le bâtiment va, tout va ! Sauf pour les Travaux Publics qui affichent la mine des mauvais jours voire de la catastrophe. "Conjoncture et emploi dans le bâtiment", telle était le thème de la conférence de presse donnée jeudi matin au palais des congrès d’Ajaccio par François Perrino, président du BTP, dont c’était l’assemblée générale annuelle. Il était accompagné de Jacques Chanut, président de la Fédération Française du bâtiment



Conjoncture et emploi : Situation satisfaisante pour le bâtiment, catastrophique pour les TP
La bonne nouvelle c’est le redressement progressif que l’on observe au niveau national qui a tendance à se répercuter en Corse depuis le mois de février  2016, beaucoup plus en Corse-du-Sud qu’en Haute-Corse. Voilà pour le premier constat. En revanche, le recul sur le front de l’emploi est perceptible.
Les mises en chantier ont connu une hausse sensible de l’ordre de 6,3% sur douze mois, mais l’on observe une forte hausse des permis de construire, notamment en Corse-du-Sud qu’il faut toutefois modérer dans la mesure où elle émane de quelques gros permis de logements collectifs accordés sur Ajaccio, avant la fin du moratoire à la suite de l’annulation du PLU.
La situation est différente sur les deux départements car la Haute-Corse semble ne pas connaître les améliorations relevées en Corse du Sud.
Pourquoi autant de différence entre les deux grandes villes de Corse ? Simplement parce que sur les 7 700 logements autorisés en Corse sur la période d’une année, près de 6 000 l’ont été en Corse-du-Sud et moins de 2 000 en Haute-Corse. Quant au prix moyen du logement collectif neuf, il s’établit à 3 728 euros au mètre carré.


François Perrino est formel sur ces chiffres :
« Il y a cette forte disparité entre les deux départements et au niveau des microrégions. Aujourd’hui, on peut considérer que le long démarrage au niveau national du secteur duc BTP en général commence à avoir des répercussions en Corse. Nous allons vers un avenir optimiste. Cela en raison des mises en chantier dans le sud. Dès lors que le PLU a été annulé, que tous les projets sont devenus incertains, les opérateurs ont voulu déposer des projets et de fait, ont engrangé bon nombre de permis. Vous en connaissez les chiffres
 
- Au niveau de l’emploi ?
Avec 10 786 emplois salariés dans la construction, l’emploi a reculé de 3,5% alors même que le recul, pour la même période, était de 2,9% sur l’ensemble du territoire.  En revanche, l’emploi des intérimaires a augmenté de 44% dans le bâtiment et de 16,5% dans les travaux publics
 
- Le bâtiment ?
Avec un carnet de commande qui se situe entre 3 et 5 mois, selon les activités et la situation géographique, avec l’augmentation sensible du nombre de logements autorisés, les perspectives du bâtiment sont plutôt encourageantes à moyen terme. Les problèmes récurrents du secteur, tels que l’annulation de trop nombreux PLU, le financement du logement social, la solvabilité des primo-accédant sans oublier la concurrence déloyale, sont encore malheureusement d’actualité
 
- Les Travaux Publics ?
La situation est catastrophique ! La diminution générale des crédits publics, le retard inquiétant dans le lancement des appels d’offre, les retards chroniques de paiement font du secteur TP un secteur particulièrement sinistré.  L’absence quasi-totale de lisibilité et de projets concrets à court terme font planer sur ce secteur de lourdes menaces. Le carnet de commande est nul et le risque d’assister à de nombreux licenciements, voire de fermetures d’entreprises, est majeur… 
 
La crise moins violente en Corse
Jacques Chanut, président de la Fédération Française du bâtiment nous parle du bâtiment, de la profession, de sa marche, de ses problèmes et de ses satisfaction : « Le bâtiment va différemment selon les territoires. On voit bien qu’autour des grandes métropoles l’activité est en train de repartir, c’est plutôt le logement qui est reparti, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans les territoires plus ruraux. Il y a une très grandes souffrance avec nos artisans et les petites entreprises. La vision du bâtiment en Corse et les échanges que j’ai avec François Perrino, je pense que la crise a été moins violente qu’ailleurs. Moins de baisse d’activité, mais aujourd’hui, le remontée se fait assez lentement. On a le sentiment que sur le territoire corse les choses sont un peu plus nuancées, soit en termes de baisse ou en termes de hausse mais globalement, j’ai l’impression qu’en Corse  l’activité est encore présente avec les constructions de logements, de la demande, et cela aide à soutenir l’activité du bâtiment. La Corse semble en mesure de tenir ce niveau de marché, mais il faut rester raisonnable en termes de d’augmentation de volume ainsi qu’au niveau des prix. C’est à partir de ces deux éléments qu’on arriver à lisser une commande sur le temps. Ce qui est important pour nous, entrepreneurs ou artisans, c’est d’avoir de la lisibilité dans le temps. Si l’activité reste ce qu’elle est, on ne peut être qu’optimiste pour les mois et les années à venir. »
J.-F.V.