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Centrale au fuel lourd : Une particularité discriminatoire pour la Corse


Vanina Bruna le Vendredi 20 Juin 2014 à 10:06

L'association "A sentinella" et l'association "Aria Linda" ont tenu ce jeudi une conférence de presse pour informer de la transposition française d'une directive européenne qui réglemente les valeurs limites applicables pour les poussières (microparticules) nocives pour la santé. Une particularité discriminatoire adoptée pour la Corse, un enjeu de santé public pour les Corses.



La situation energétique de la Corse

Centrale au fuel lourd : Une particularité discriminatoire pour la Corse
En Corse, il existe deux centrales fonctionnant au Fuel. L'une au fuel domestique, celle de Lucciana, et l'autre au fuel lourd, celle du Vazzio. Elles consomment à elle seule plus de 50% des produits pétroliers importés sur l'île.
Depuis le premier janvier 2014, les centrales sont sous le coup de l'arrêté du 26 août 2013 relatif aux installations de combustion d'une puissance supérieure ou égale à 20 MW soumises à autorisation. Aussi pour appliquer les directives européennes, l'Etat français a prévu une loi qui détermine les valeurs limites d'émissions applicables pour les poussières.
Si l'on peut se réjouir que cette loi prévoit une diminution de ces émissions de poussières, en allant plus loi dans le texte, Jean-Nicolas Antonietti, président de l'association "Aria Linda" souligne le fait que pour les centrales de Lucciana et du Vazzio, un article spécifique a été ajouté prévoyant, non pas une réduction des émissions, mais une simple limitation du nombre d'heures de fonctionnement.
Il faut savoir que ce texte prévoit que les centrales présentes sur le sol français doivent, depuis le 01 janvier 2014 émettre de 20 mg/Nm3 à 50 mg/nm3 selon les cas.

En Corse, les centrales de Lucciana et du Vazzio émettent depuis leur création 100mg/Nm3 et ont obtenu par ce nouveau texte l'autorisation de le faire jusqu'au 31 décembre 2023. Une nouvelle spécificité de la Corse qui semble ne pas déranger, ni même questionner le monde politique qui s'est pourtant vu refuser la majorité des spécificités demandées jusqu'alors. Il a donc été prévu pour les centrales faisant une demande d'autorisation auprès de la préfecture avant le 01 janvier 2014 qu'elles puissent conserver leur taux d'émission. Ce qui a été fait, et acté, sans que personne n'ait été concerté, ni politique, ni citoyens.

Des questions

Si les nanoparticules ont été reconnues comme nocives par l'OMS en 2012, il n'en reste pas moins que leurs effets sont encore mal connus. Ces particules, invisibles à l'œil nu auraient la capacité de pénétrer dans les poumons et de passer la barrière alvéolaire pour atteindre l'organisme. On imagine bien les conséquences, allant de l'asthme aux cancers, elles sont multiples et dangereuses. 
Dominique Lanfranchi, président de l'association "A Sentinella" s'interroge "« Les députés européens pour la Corse, ou étaient-ils lorsque cette loi a été adoptée? Europe Ecologie les Verts, pourquoi ne s'est-il pas saisi de ce dossier? Et l'Assemblée de Corse qui se bat pour d'autres spécificités ? Pourquoi n'en parlent ils pas? Pourquoi alors qu'il s'agit d'un problème de santé publique, personne n'a jusqu'alors abordé le sujet de cette loi? ».

Selon lui, cette dérogation n'aurait pas seulement des effets sur les équipements, mais aussi sur la santé.
"Lorsque ce sont des particularités allant dans le sens d'un bénéfice pour les Corses, elles nous sont systématiquement refusées, mais dans ce cas, on nous l'impose ! Sans rien demander à personne ! C'est une particularité discriminatoire. Comme pour les arrêtés Miot, il y a une rupture d'égalité devant la loi, alors que dira le Conseil Constitutionnel cette fois? Pourquoi ne s'est il pas prononcé dans ce cas?"
Les questions sont posées. 

Des solutions?

Mercredi Ségolène Royal a présenté son projet sur la loi des transitions énergétiques, dont l'objectif est, entre autres, d'ici à 2050 de diminuer le pollution, de passer aux voitures électriques et d'améliorer l'isolement des habitats.
L'idéal pour diminuer la pollution serait de passer au gaz naturel.
En ce qui concerne la Corse, GRTGaz a refusé d'effectuer l'étude de faisabilité.
EDF serait d'accord pour le faire, mais refuse d'engager une étude de réalisation sans avoir la garantie d'être rémunéré. En effet, si après réalisation de l'étude, le projet s'avérait infaisable, on parlerait de coût échoué.

C'est là qu'intervient le projet présenté  par Ségolène Royal. En effet, dans son article 66, ce projet prévoit des mesures techniques complémentaires pour couvrir les coûts échoués. Autrement dit, l'Etat pourrait prendre en charge financièrement l'étude de réalisation de passage au gaz naturel en Corse.
"Nous comptons bien demander audience à Ségolène Royal, qui sera là en Juillet et nous espérons que les politiques locaux se saisiront de ce dossier qui est de première importance pour la santé et l'avenir des Corses." a conclu Jean-Nicolas Antonietti, président de l'association "Aria Linda".